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Tous derrière les FARDC

Butembo : Joël Mahamba, vainqueur du concours Chansons Sans Frontières 2021

Joël Mahamba, poète congolais vivant dans la ville de Butembo dans la province Nord Kivu a été l’heureux gagnant de la 15ème édition du concours international d’écriture lancée par la structure Chansons Sans Frontières. Son texte  » Emah  » lui a permis d’avoir le premier prix parmi 1164 participants de 105 nationalités de ce concours qui avait pour thème  » Besoin d’air : fais-moi dix mots qui (ne) manquent pas d’air « . Djoman, qui évolue dans le cénacle Plume d’or, s’est entretenu avec arts.cd Nord Kivu sur sa passion, les contours de la compétition, ses rêves et son combat de poète. Interview

– Vous êtes le gagnant de la 15ème édition du concours international d’écriture de Chansons Sans Frontières et méconnu du grand public de votre pays la RDC, Comment vous vous présentez ?

 Ma participation dans ce grand concours d’écriture n’a pas été puisque j’ai envie de me faire connaître. Je l’ai fait plutôt puisque j’ai envie de faire connaître qu’il y a des personnes qui souffrent dans certaines parties du monde notamment dans le territoire de BENI.

Parlez nous de votre parcours de poète ?

– Depuis mon enfance je sentais dans mes tréfonds quelque chose qui bourdonnait tout le temps, je ne pouvais point l’identifier évidemment car j’étais encore écroué dans cette prison que certains peuvent appeler  » enfance « . C’est récemment que j’ai découvert que ce bourdonnement était sûrement un appel de la poésie. Cette poésie je l’ai alors croisée exactement en 2018 dans le cénacle des poètes
 » La Plume D’Or  », une famille des jeunes poètes écrivains qui ont pour ligne éditoriale le vers régulier et donc la poésie classique.

Et quelle place occupe la ville de Beni dans vos textes ? Et de quelles façons vous essayez de montrer l’autre visage de Beni ?

L’inspiration même de mes deux oeuvres en préparation a pour base la ville Territoire de Beni qui peine sans mesure. Et je ne voulais pas que le fond entier de mes livres regarde seulement Beni, raison pour laquelle je les travaille pour que tous les hommes du monde qui souffrent arrivent à s’y rencontrer. Mais une bonne partie du contenu de ces deux oeuvres évoque les souffrants ( les sans voix) de Beni.

Comment s’est passé le concours, quels sont les obstacles aux quels vous avez fait face et comment avez-vous surmonté pour arriver à triompher ?

Le concours s’est passé, je dirais bien. Comme dans tous les concours qui se respectent, celui-ci aussi avait strictement des règles à suivre. J’ai respecté ces règles élaborées bonnement par l’équipe organisatrice. Pour moi il n’y a pas eu vraiment des obstacles à surmonter puisque absolument il suffisait de ne pas être très loin du thème qui était  »BESOIN D’AIR ».

C’est votre texte  » Emah  » qui a rempoté le premier prix. Parlez nous de l’histoire derrière ce texte ? D’où avez-vous tiré l’inspiration ?

C’est une question qu’il ne fallait pas oublier. Le texte  »EMAH  » c’est une fiction parallèle à la réalité violente qui gangrène toutes les entités du monde qui sont laminées par les lourds poids des atrocités mais à priori la contrée de BENI. Dans ce texte  »EMAH  », émotionnellement je me suis mis dans la peau d’une jeune fille qui pleure amerement ses parents, ses soeurs, ses frères et son village( incendié) qui sont déjà emportés par les orages des tueries. Ce texte incarne une tragedie réelle déjà scellée sur les fronts de toutes les personnes habitantes de BENI. Donc, l’inspiration je l’ai puisé autour de moi, je l’ai puisé à Beni.

Swahili et Kinande sont vos deux langues de prédilection. Qu’est ce qui vous a aidé à vous perfectionner en français ?

 Le peu de français que je parle je l’ai appris non seulement à l’école mais aussi dans les livres des poètes ( Victor Hugo, Alphonse de Lamartine,…)

Vous vivez dans une zone réputée dangereuse pour cause des affreux de guerre. Comment utilisez vous votre plume pour prêcher la paix ?

Oui effectivement,  je vis dans une zone qui n’a plus de soleil sur son zénith. Ici, je n’use pas de ma plume pour me trouver une place dans cette société moderne comme le feraient les autres. Ma plume est là pour rendre service à tous ces gens qui n’ont pas de voix pour appeler au secours, bref je suis au service de la vertu.

Grâce à ce prix, vous allez vous envoler à Caen, en France, le 17 juin prochain pour la soirée de remise de prix Chansons Sans Frontières. Vous rêvez de cette performance à 22 ans ?

Certes je vais devoir voler pour la France en juin. J’ai 22 ans ans, et le courage et l’amour que j’ai pour ce que je fais ( la poésie) m’ont toujours convaincu que je ferai des choses qui parleront de moi. C’est de cette façon que je peux dire que je m’attendais d’une manière quelconque à ce triomphe, chaque jour de ma vie je me suis toujours attendu à quelque chose.

Ce voyage est une grande opportunité. Le message que je prépare au monde dans cette soirée sera celui de dire au gens que là d’où je viens les gens ont besoin de l’aide du monde entier plus que jamais. Je vais là-bas pour poursuivre mon combat. Je suis un combattant et je mourrai au combat s’il le faudra.

Les artistes Grands Corps Malade et Kerry James sont vos références. Dites nous comment ils t’aident à se perfectionner en tant que poète et slameur ?

Grand Corps Malade est un slameur qui a du fond et de l’esprit dans tout ce qu’il écrit. Celui-ci est un Slameur pas comme les autres.
Kery James est un artiste, un rappeur, selon moi qui n’est pas du tout dans le même monde avec les autres rappeurs bavards. On dirait qu’il est dans une mission. Kery James C’est un soldat qui rappe. Voilà les qualités qui attirent mon admiration sur leur manière de faire.

Vous travaillez déjà sur deux recueils de poèmes comme vous l’avez souligné. Parlez nous en long de ce projet ?

– Il est vrai que je travaille sur deux projets, deux recueils des poèmes classiques. Le premier est  » Teze »( Terni Zénith ). celui-ci oriente directement son regard sur l’humanité entière. C’est une œuvre qui explique l’absence du soleil sur le firmament du monde d’aujourd’hui, une œuvre qui condamne dans tous les sens les différentes logiques que les hommes ont développé pour mettre le mal au premier rang. Le second m’a été inspiré d’ailleurs par le thème BESOIN D’AIR de ce grand concours CHANSONS SANS FRONTIÈRES, 15ème Édition. Et il porte ce titre  » LES CHANSONS NOIRES ET BLANCHES’
 » . C’est un recueil des chansons où j’ai fait couler l’ancre du désespoir à l’espoir, de l’étouffement à la liberté…bientôt le premier projet sera dans une maison d’édition.

Quel est votre rêve ?

Je rêve d’un profil important dans le monde de la conscience.

David Kasi

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