«Pour ou contre la commission de censure des œuvres d’arts en RDCongo ?» : Malafi vs Didi Kelekel
« La commission croit lutter contre la dépravation des mœurs en décidant de censurer les chansons en caractère militant, obscènes ou avec des figurations nudistes…Et en voulant ainsi assainir les mœurs démocratiques, d’autant que les artistes qui portent des tels thèmes; la censure semble être associé à l’opposition du pouvoir en place, et pire encore, aux « délinquants », telles sont les affirmations de Monsieur Malafi lors de l’Atelier des Artistes Engagés à Kinshasa, initié par Madame Pascaline Zamuda, du Cadre de concertation de la société civile du 29 au 30 juillet 2021.
Ces propos ont donné lieu à un débat contradictoire entre messieurs Didi Nkelekelo inspecteur général à la commission nationale de censure des œuvres d’arts et spectacle en RDC et Malafi consultant en stratégie, organisation et management des évènements culturels sur la réforme de la commission nationale de censure qui semble être antidémocratique dans un état de droit.
« Nous le savons, il suffit d’exprimer une vérité sur la vie sociale pour devenir d’un coup ennemi du pouvoir. Il suffit de créer une œuvre en caractère sexy pour un public bien ciblé pour devenir d’un coup délinquant », affirme Monsieur Malafi qui a pris la parole en premier lors de ce débat.
Selon Didi Nkelekelo, toutes les chansons censurées reviennent souvent dans le bac, sous une caution de quelques centaines de dollars américains. Pour cela, la commission nationale de censure devrait se garder une petite gêne avant d’assimiler à l’opposition ou à la dépravation des mœurs les œuvres qui la dérangent.
« Je demande à la commission de censure à savoir qu’avant d’étiqueter les œuvres pour les salir, elle peut réellement les examiner et les discuter en se posant plusieurs questions de fond (en se considérant comme un régulateur). L’œuvre est fait pour quelle cible, diffusée par quel moyen ? Et de nos côtés, les artistes nous devrions savoir que nous ne sommes pas les gardiens de la vérité. Pour les cautions que nous payons pour nos œuvres, nous voulons une rétrocession pour soutenir la création artistique », rebondit Monsieur Malafi.
Pour sa part Monsieur Didi Nkelekelo indique que la Commission Nationale est un organe de création des recettes pour l’Etat, mais ils sont disponibles pour travailler avec les gouvernants, en associant les artistes sur la question de réforme. Mais pour lui, ce n’est pas une structure antidémocratique.
Pour rappel Commission nationale de censure des chansons et des spectacles (CNC) a été créé par le décret n°0003 du 21 février 1996. Son article 5 stipule que, « nul ne peut offrir un spectacle pour le public ou diffuser une chanson dont le texte a été modifié, ni procéder à son enregistrement sur disque, sur bande magnétique ou sur tout autre support destiné à être vendu ou distribué au public sans avoir reçu une autorisation préalable et écrite de la commission nationale de censure ou d’une cellule locale ».