
Ainsi, voit la lumière qui sort des ombres.
Et puis, avance à pas humble scruté le nombre
Des douilles et des machettes symbolisant
Chacune une existence supprimée
Sous le regard hilare du vent qui pleure
Le spectacle des âmes qui tombe.
Elle porte du sang des pauvres innocents.
Effroyable boucherie par où on égorge les hommes.
L’artiste expose la barbarie et la bêtise humaine
Devant le barreau du tribunal du temps.
L’histoire assumera la responsabilité
De rester vraie…stigmate d’épisodes
D’une chorale des larmes poussées
A toutes les notes musicales…
Le Do de l’orphelin pleurant ses parents,
Le Mi de la veuve sanglotante et impuissante
En face du corps inerte du cadavre de son mari
Descendu par des coups de balles
D’un oppresseur inconscient de la chosification
De sa conscience transformée en objet
D’assouvissement d’appétits mercantilistes
Et d’étanchement des soifs d’hégémonie et du pouvoir.
Le Si du père assistant au viol de ses petites filles,
Les derniers survivants des villages décimés
Poussent des cris angoissants en Ré mineure,
Les animaux rescapés larmoient en Fa, Sol, La,
Les plantes en Do majeure joignent leurs complaintes
Aux plaintes en Si mineure des moellons, du sable,
De la poussière, des rivières et des poubelles.
Le monde devient triste,
L’homme a tué l’homme…
La bassesse sur l’estrade de la place publique
Valse des pas macabres et des danses grotesques.
Le soleil fuit languissant avant son coucher,
La lune vient pleurer aux cotés des opprimés,
Les étoiles entonnent des requiem
Aux accents langoureux et mélancoliques.
La voix de l’humanité en deuil sèche.
Overdose des douleurs et des blessures.
Les oiseaux forment une cohorte
Sur le pavé du firmament derrière le cortège
Funèbre et lugubre de l’humain que l’on massacre.
L’ouragan tremble de révolte en présence
Du drame et de la tragédie humaine.
O mots téméraires, creuseurs des maux :
Multinationale, commerce international,
Compte bancaire, richesse, pouvoir, puissance,
Domination, guerre…maladresse de saltimbanque.
Ainsi dans l’antre profond de son atelier
L’artiste recrée la vie en octroyant un corps
Aux machettes, douilles, fourchettes,
Capsules des boissons, cuillères, coteaux,
Cadenas, clés, pièges des souris
…symboles du commerce d’âmes.
L’artiste métamorphose ces objets en œuvre d’art,
Et leurs inventent une vie plus honorable.
L’inspiration part des tripes, passe par moelle
Epinière, traverse les os, coule dans les veines
Parvient aux bouts des doigts pour célébrer la vie.
Et si la pluie demeure,
Cherche dans ton for intérieur
La voie par où faire passer ta voix.
Quand bien même la tempête
Se montrerait violente
Accroche ta tête sur la liane de la patience.
Attendre le beau temps,
Improviser le premier pas vers l’autre,
Sur une assiette porte la recette de ta raison
Sans déraisonner après la gifle de la réalité présente.
Ecris le futur en Gothique, Et l’avenir en Clarendon light,
Sers-toi du Times News Roman
Dans la rédaction du récit que tu légueras
A la postérité, faites en sorte que ton style soit standard
Car des beaux jours sont prévisibles.
En ce qui te concerne,
Je te supplie s’il te plait d’être flexible,
Sois tolérant et accepte ton frère
Dans l’étendue de ses faiblesses.
Des lendemains meilleurs sont possibles.
Toi, ce qu’il te faut, c’est de garder les pieds sur terre.
A la rencontre de l’inconnu ton voyage se dirige.
Derrière toi l’histoire fait la police,
Détourne ton cerveau de la malice
Afin qu’au banquet de l’au-delà
Ton assiette sois remplit des délices.
Et que le survivant ne regrette ton terrestre séjour.
Par Hervey E. D. N’GOMA M, La plume du maitre, dans l’interminable silence des pages.