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Tous derrière les FARDC

«Anioto, les Hommes Léopards», une pièce pour (dé)construire l’histoire d’un peuple !

La ville de Kinshasa s’est appropriée de cette histoire. De la commune de N’Djili à Lingwala en passant par la commune de la Gombe, la pièce « Les Anioto, les hommes léopards» fait parler d’elle. Chez les Intrigants à N’Djili, les jeunes ont créé un engouement envahissant la salle Mitendo pour assister à la présentation des « Anioto ». Une pièce mais avant tout une histoire de résistance du peuple congolais.

C’est dans la soirée du vendredi 29 novembre au Musée National de la RDC que cette pièce a été présentée officiellement. Entre le récit des comédiens sur scène et les vidéos projetées sur écran géant, que d’émotions du public composé des étudiants, femmes et hommes de la culture. Huit acteurs ont été sur le podium pour excaver une problématique longtemps resté sans linéaire.

Sur le récit, le Chef Médaillé Douga Kou Gouetoro, qui a symbolisé l’imposition coloniale n’a fait que subir la réalité du terrain reconnaissant la valeur du pouvoir ancestral incarné par le Chef Tata Kamambela. Sur la vidéo également, il est dit tout haut que les hommes léopards ne pouvaient pas être diabolisés puisqu’ils avaient lutté pour défendre les intérêts du peuple surtout que tous les chefs africains ont toujours eu le symbole d’un léopard.

« J’ai aimé la costume d’abord et puis le contexte. L’histoire, elle-même, est vraiment celle que nous devons enseigner dans nos écoles pour que nos enfants connaissent la vraie histoire ou une partie de la vraie histoire du Congo. L’histoire du Congo est tellement vaste, il faut des spectacles comme ça pour enseigner celle-ci aux congolais. Il faut oser le faire. Je félicite Jean-Michel Kibushi pour ses recherches, pour la forme, et j’ai aimé qu’il vienne aussi dans le théâtre. Ce qu’il fait comme film d’animation, c’est bien mais qu’il rentre  dans le théâtre, ce sera mieux. J’apprécie la démarche et la distribution. Les acteurs sont bons. Mais j’ai trouvé le texte un peu long par rapport aux interventions. Je crois qu’à force de jouer, ils auront la maîtrise », a déclaré Jean Shaka, artiste comédien et metteur en scène.

Se débarrasser des idées préconçues !

Comme dans toutes les sociétés du monde, le cas de dérapage ne manque pas, et le colonisateur s’est servi des cas particuliers pour diaboliser les Anioto, brandissant son côté obscur et anthropophage. « Comme dans toute formation humaine, il y a eu aussi quelques abus. Et la colonisation avait appris des cas rares pour généraliser et faire la propagande du noir sauvage. Et les institutions comme le Ministère des colonies ont incarné cela et nourri cet imaginaire. Cette représentation biaisée de l’autre, nous la revisitons aujourd’hui pour reconstruire notre bonne et vraie image. Dire des choses qui se sont passées, la vérité et la réalité par nous- mêmes plutôt que par la déformation colonialiste », a martelé Jean-Michel Kibushi, chercheur et metteur en scène de cette pièce à moitié révolutionnaire, à moitié révélatrice de l’image du congolais, défenseur de son territoire.

A l’en croire, ce phénomène n’existe plus depuis les années 60. Mais, souligne-t-il, chez Bali comme dans la région de Beni (au Nord-Kivu), les Anioto sont considérés comme les défenseurs du territoire. Comme à peu près les Maï-Maï ou les Simba qui ont aussi des pratiques fétichistes pour se défendre à des croyances et des mythes.

L’histoire à refaire ou à rajouter ?

 

Après la représentation de cette histoire, le public présent dans la salle du spectacle n’a pas manqué de mots pour définir à sa manière le contexte « Anioto, les hommes léopards ».

Dans sa perception, Hanakel Mosengo  soutient que cette pièce soit ramenée aux écoles pour mieux transmettre ce véritable récit des Congolais aux jeunes. Pour cette journaliste culturelle et sportive, « cette pièce permettra aux jeunes congolais de se réapproprier leur histoire. Mais au-delà, il faut savoir que dans l’histoire traditionnelle politique et culturelle de la République démocratique du Congo, il y a beaucoup à rajouter sur l’histoire européenne qui, certes, n’est pas mauvaise mais a énormément englouti notre propre vraie histoire pour laquelle notre génération n’a  pas de connaissance. Résultat : seul le public concerné par les arts assiste dans ce genre de spectacles ».

Et d’ajouter : « ce qui serait le mieux est de le médiatiser fortement pour que même dans les écoles, ce spectacle soit diffusé et mettre en place des conférences, des carrefours avec des enfants pour qu’ils comprennent qu’ils ont une histoire glorieuse, une tradition à protéger et surtout à léguer aux générations futures ».

Et si  les « Anioto » d’autres provinces ?

Vue de la scène « Les Anioto, les Hommes léoaprds » ph.Arts.cd

Après ce récit et la prestation des artistes comédiens, une seule question a taraudé les esprits : où sont-ils partis, les hommes léopards ? « Les hommes léopards en RDC, c’est un mystère aussi. Est-ce que ça existe vraiment, est-ce que ça existe encore ? C’est ça aussi un mythe autour de ce phénomène. Seuls des chefs peuvent confirmer leur existence collective. Or, les chefs ne peuvent le dire puisque ça fait partie de leurs secrets. Donc, il est difficile de connaitre la réalité sur les hommes léopards. Chacun connait l’histoire comme on lui a appris mais les vrais hommes léopards ne le diront jamais parce que ça fait partie de leur mystère caché ou de l’histoire cachée de notre pays », s’est réservé Jean Shaka.

Quant au metteur en scène de cette pièce, les Azande aussi ont leur Anioto. « La situation des Anioto est beaucoup plus connue chez les Bali dans l’actuelle province orientale. Mais dans la ville de Beni (au Nord-Kivu) chez les Azande, on trouve l’équivalent des Anioto. On les appelle  les « Vikoro koroko ». C’est un phénomène qui se fait connaitre dans le nord-est de la RDC, précisément dans la région d’Uélé pendant l’époque coloniale », conclut Jean-Michel Kibushi.

Onassis Mutombo

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