Construire dans un cimetière n’est pas légal. Mais au cimetière de Kinsuka dans la commune de Mont Ngafula, tout se passe comme si la loi et ceux qui doivent l’appliquer n’existent pas. Des tombes profanées, des caveaux ravagés….
Au milieu de ces sépulcres à moitié ouvertes, des maisons. Par ci par là, des restes humains : voilà le funèbre décor que nous offre Kinsuka.
Officiellement, le cimetière n’est pas fermé. Et même si c’était le cas, il aurait fallu attendre 50 ans avant de pouvoir le déclaré désaffecté et y construire…mais à Kinsuka, les gens font la sourde oreille. Plusieurs fois, des maisons y ont été démolies mais très vite, ceux qui les ont construites reviennent au galop et se mettre à reconstruire leurs habitations.
Face à ma camera, c’est le silence des morts. Personne n’ose prendre la parole. Ils ont peur. « Monsieur Prince, ceux qui déterrent, enlèvent et construisent ici, le font avec la bénédiction de certaines autorités coutumières et civiles », me confient, sous anonymat les personnes les plus courageuses.
C’est depuis 1997 que cette situation perdure. Plusieurs familles sont éplorées. Des militaires auraient été même affectés à la sécurité de ce cimetière mais très vite, ils ont commencé à s’accaparer des terres, à les morceler et à les vendre.
« Même les indiens et les pakistanais ont acheté une portion de ce cimetière », me raconte l’ une des personnes que j’interroge. « Il se dit qu’ils y enterrent ou incinèrent les leurs » ajoute-t-il.
Les habitants « vivants » du cimetière mènent une vie plus que funeste : Pour étaler leurs vêtements,certains se servent des tombes. Pour d’autres, ces mêmes tombes font office des tables à manger. A leurs heures perdues, des enfants y font du foot. Cet étrange quartier compte un centre de santé et même une église où chaque dimanche les fidèles viennent prier pour le salut de leurs âmes.
J’y ai même croisé une maman vendant des vêtements « tombola bwaka. »Sans eau potable, certains « vivants » font des puits sur la tombe des morts, s’exposant ainsi à des maladies « mortelles ». Tant qu’aucune solution concrète ne sera prise, le paradoxe restera total à Kinsuka : le cimetière continuera à recevoir ses morts et le quartier des vivants verra ses habitations se multiplier.
Prince Djungu #viedeprince