Invité au Jazzkif, édition 13, l’artiste congolais Ray Lema a abordé dans cet entretien trois thématiques essentielles, à savoir : la place de la musique congolaise dans l’échiquier africain, l’inscription de la rumba au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité et la priorité culturelle de nouveaux dirigeants congolais.
Figure emblématique de la musique congolaise et du monde, Ray Lema tourne ces derniers temps avec son projet musical « Zimbu » qui a connu la participation des grands noms du domaine notamment Freddy Masamba.
Pour Ray Lema, la production congolaise ne reflète pas la manne musicale sur laquelle la RDCongo est assise. « J’ai parcouru les coins et les recoins de la RDC, le pays, notre pays est très riche en musique. Les musiciens congolais devraient puiser dans ces sources intarissables… mais je suis désolé parfois en écoutant des musiciens ne chantant que la rumba. C’est regrettable, mais bon, c’est aussi un choix », regrette-t-il. Un choix qui fait qu’aujourd’hui la musique congolaise patauge de plus en plus et perde sa place en Afrique, reconnait-il. Pourtant, c’est cette même musique qui est à la base de la production de plusieurs genres en Afrique telles que nigérian, ghanéen… « Ça fait mal de voir encore des congolais aller copier les styles nigérians », regrette-t-il.
Sur le troisième point, le vieux Ray, comme l’appellent ses collaborateurs, est heureux du déclenchement de cette démarche, celle d’inscrire la rumba au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Mais il reste tout de même sceptique quant au contenu du produit. « Il y a actuellement la rumba cubaine, colombienne, moi j’ai constaté seulement que nous voulions inscrire notre rumba, mais laquelle ? », s’interroge-t-il. Puisque, les artistes musiciens congolais, explique-t-il, proposent de nouveaux concepts rattachés à la rumba laissant parfois cette musique, elle-même. « Ceux qui militent pour l’inscription de la rumba doivent nous aider à définir la rumba congolaise », insiste-t-il.
Pour Ray Lema, le Gouvernement congolais doit réserver un gros paquet pour l’instruction de l’homme congolais. Une culture sans éducation est nulle, affirme Ray Lema qui est en concert hommage à Lutumba ce week-end au Jazzkif à l’Institut français de Kinshasa.
Onassis Mutombo