lundi, décembre 9
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Tous derrière les FARDC

Chronique: « Muana ya 15 ans » de Bavon Marie Marie et le Negro Succès

Nous sommes en 1967, deux ans à peine après la prise de pouvoir par le Lieutenant général Joseph Désiré Mobutu en 1965. Comme lancé dans une course vers la transformation du pays, le nouveau chef multiplie les initiatives pour obtenir l’adhésion populaire à sa vision et mettre le peuple au travail. Des slogans très médiatisés comme « Retroussons les manches » ou encore « 1966, Année de l’agriculture », sont utilisés dans une propagande massive utilisant touts moyens possibles comme les médias traditionnels et surtout la musique.
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Quand en 1966 Mobutu proclame l’émancipation de la femme congolaise, c’est toute la société congolaise qui est touchée dans ses fondements. Selon Mobutu, la femme jusque là enfermée dans le statut de « ménagère », devait sortir de l’ombre et jouer un rôle plus visible dans la société. Plus d’un se demandaient comment cela allait-il se faire et jusqu’où cela pouvait aller? La réponse ne tarda pas à venir quand Mobutu nomma une femme dans son gouvernement. On état très loin de la réponse tonitruante de Tshombé quelques années auparavant à la question d’un journaliste étranger sur la présence éventuelle d’une femme dans son gouvernement: « .. jamais, pas de femme dans mon gouvernement » ! Mme Sophie Lihau fut nommée ministre des affaires sociales, devenant ainsi la toute première femme congolaise ministre. Dans la foulée d’autres femmes furent nommées bourgmestres telles Mme Catherine Madimba Nzuzi qui deviendra plus tard Nzuji wa Mombo et Véronique Kani,… Ainsi que dans les organes dirigeants du MPR telles Mme Mayakapongo, Mme Luthay Kanza, …
Une autre surprise de taille vint quand Mobutu « fit entrer » la femme congolaise dans l’Armée. Comme l’homme, la femme pouvait aussi servir sous le drapeau! L’on vit ainsi des femmes gendarmes réglant la circulation routière et surtout des jeunes filles parachutistes! Est-ce par un coup de hasard que les toutes premières unités des filles paras étaient composées de jeunes et belles filles?
Les Congolais en étaient assurement séduits. Le spectacle qu’elles offraient pendant les défilés ne laissait pas indifférent, éveillant chez de nombreux mâles des phatasmes très peu avouables.
Dans le nouveau Congo dont Mobutu rêvait, la femme, comme l’homme, pouvait désormais exercer n’importe quelle activité. « Homme nouveau, Femme nouvelle », c’est le slogan trouvé pour accompagner ce rêve, vite récupéré par des hommes d’affaires, à l’exemple d’un parent du banquier Dokolo, appelé Yengo, qui n’a recruté comme chauffeurs que des jeunes filles pour l’exploitation des services-taxi.
Des Kinois curieux ne se contenaient pas de manifester leur satisfaction d’être conduits par des femmes! Mais comme il y a toujours une autre image sur l’autre face d’une médaille, des filles vénales avaient vite compris le grand bénéfice qu’elles pouvaient tirer tirer de ce travail. Elles avaient tout simplement transformé le véhicule de travail en « lieu de leurs prestations nocturnes »!
Il en fut presque de même pour l’animation populaire, activité-culte de propagande du MPR, érigée presqu’en Institution. Au fil des années elle fut transformée en repaire des péripatéticiennes. Certaines y avaient trouvé le moyen d' »approcher » les autorités du pays et les appâter par des mouvements lascifs des reins!
Des messages de conscientisation de la jeune femme congolaise provenant de milieux religieux et …. du monde musical n’ont pas manqué pour tenter d’arrêter le dévoiement de l’émancipation de la femme congolaise. Ainsi, Bavon Marie Marie, guitariste vedette de l’orchestre Negro Succès, a-t-il mis sur le marché du disque, son œuvre au titre de « Muana ya 15 ans ». Il invite la jeune fille congolaise à toujours penser à son futur, « ..ngai na ko lela, na ko lela la vie na nga po ebonga, na sepela », à se consacrer aux études pour espérer trouver un bon travail, « …na silisa kelasi, na zua mosala », et évoluer dans le Congo nouveau, « ..homme nouveau, femme nouvelle,… émancipation.. ».
Qui l’eût cru? Au delà des apparences, Bavon Marie Marie fut aussi …. moralisateur!

Écoutez « Muana ya 15 ans »

Ngimbi Kalumvwetiko/écrivain

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