L’Ambassade de Suède en République démocratique du Congo multiplie d’initiatives pour rapprocher de plus en plus le peuple congolais de son pays. A part sa participation dans les activités culturelles et dans le renforcement des capacités des professionnels des médias, deux cadres de concertations ont été mis en place pour permettre aux différents membres de la société civile de partager sur les sujets de l’heure.
A part Session in Kinshasa, Democracy Talks s’impose véritablement comme une tribune où les jeunes, les acteurs d’Ongs, journalistes et les militants des droits humains et les décideurs échangent à cœur ouvert sur tout, à la pergola de la résidence de l’Ambassadeur de Suède. Ce dernier, un cadre intimiste, mieux élitiste qui jusque-là ne reçoit que quelques privilégiés.
Dans le cadre de la Journée de la promotion de la démocratie, l’Ambassade de la Suède a organisé sa deuxième édition de Democracy Talks, le 15 septembre dernier, autour des bénéfices de la gouvernance démocratique. A la barre, Patrick Muyaya, Ministre de la communication et des médias, Justice Tshikuna, membre de la société civile, Fred Bauma, activiste des droits de l’homme et Madame Michelle Ndiane, représentante de l’Union africaine.
Pour Fred Bauma, la loi électorale contient de nombreux dispositifs qui permettent à la population de contrôler le gouvernement. « La démocratie est cette possibilité qu’a le peuple de gifler le gouvernant, en cas d’être de déviation », indique-t-il. Il pense aussi que pour consolider le processus démocratique, il faut que le gouvernement adopte la loi sur l’accès à l’information, puisque selon lui, il est difficile de juger les pouvoirs publics sans avoir accès à l’info.
Démocratie en RDCongo : « Nous sommes dans une phase de maturation » (Patrick Muyaya )
Patrick Muyaya reconnaît que parler de la démocratie reste complexe. « La démocratie, ça s’apparente aux traditions et aux habitudes. Elle évolue avec le niveau de l’évolution de la population. Le modèle d’Europe, par exemple, a été construit après la gouvernance des monarques, en France la République est née des contradictions. Lorsqu’on veut regarder la démocratie, il faut le regarder dans le contexte africain. Démocratie, c’est écouter la voix du peuple », rappelle-t-il.
Et de préciser qu’En RDCongo, « la lutte était, d’abord, pour le départ du colonisateur. Après 1960, le combat était tourné sur le départ de l’incarnation du colonisateur, Mobutu,… plus tard il y a eu les balbutiements des années 90. Peut-être, c’est en 2006 qu’on commence à faire un débat sur le vote. Depuis les années, il y a jamais eu les vrais débats sur le comment construire le Pays. Le Pouvoir signifie la force comme une pression. Il faut s’assurer que chaque pouvoir dispose de son autonomie d’exécuter son pouvoir. Dans le contexte qui est le nôtre, je ne sais pas s’il faut parler des médias libres puisqu’il y a des groupes d’intérêts mais plutôt comme la capacité de donner la parole aux individus. Avec les technologies et les réseaux sociaux,… la parole qui est prise publiquement doit être régulée pour ne laisser la place à l’apologie de la violence. Actuellement, tous les médias russes sont bannis en Europe si l’on regarde de près, c’est aussi une forme de dictature ou force ».
Le ministre de la communication et des médias, reconnaît que, « Nous sommes dans une phase de maturation. Le débat politique n’a jamais porté sur ce qui peut nous aider à nous construire mais sur le positionnement d’un camp et sur les individus ».
« Il faut que le Processus démocratique ne s’interrompe pas », (Michelle Ndiaye)
Michelle Ndiaye, représentante de l’Union Africaine, devrait répondre à la question posée par l’Ambassadeur Henric Rasbant, modérateur pour la circonstance, de savoir Gouvernance démocratique et conflits, quelle relation ?
« Le bénéfice du pouvoir démocratique nous interpelle puisque nous sommes face à un recul. La démocratie est un processus. Ce processus d’adaptation qui ne concerne pas que la RDCongo mais le monde entier. Il y a certains pays qui regorgent tous les ingrédients d’une démocratie parfaite apparente. Si l’on regarde de près, la RDCongo est encore loin des idéaux », signifie-t-elle.
Quatre liens de causalité de la démocratie et conflits, cite-elle, pour mesurer l’intérêt. « Gouvernance politique », « gouvernance administrative », « Gouvernance économique » et «Gouvernance locale ». « La gouvernance démocratique est un moyen de réguler et réduire l’intensité des conflits entre le citoyen et le gouvernant », souligne Madame Michelle Ndiaye, représentante de l’Union Africaine.
L’égalité de représentation contribue-t-elle dans la démocratie ? Selon l’activiste Justice Tshikuna, l’égalité dans un système démocratique est souhaitée pour faire participer toutes les catégories. « Une question qui entre dans l’agenda 2030 et ce processus entre dans les objectifs de développement durable pour réduire des inégalités et des injustices sociales. Elle permet aussi de bâtir des institutions fortes. En RDCongo, nous avons l’impression de vivre seulement un seul cycle électoral sans véritablement le changement. Il faut repenser la démocratie, nous faisons exister le pouvoir pour faire participer le peuple. L’inclusivité pour mettre en œuvre les droits politiques publiques, libertés, maintenir le dialogue », propose-t-il.
Que faire pour consolider la démocratie ? Pour cette dernière partie, les intervenants ont eu des mots justes pour évaluer le besoin d’une démocratie assise en RDCongo. Muyaya Patrick pense que le débat politique se fait de plus en plus en lingala, ceci, pense-t-il, facilite les écarts linguistiques et injurieux. Le jour où nous poserons des questions sur les fondamentales des congolais, c’est à ce niveau qu’on peut commencer à nous évaluer.
Juste après le colonisateur, la RDCongo a été dirigée, répond-il, sur l’évaluation de la démocratie dans son pays, par des militaires (…) « Avec notre contexte, Il est important de nous regarder dans nos contradictions, dans nos balbutiement et nous poser des questions sur nos besoins. Et notre démocratie va aller en se perfectionnant », conclut-il.
Justice Tshikuna a été catégorique, qu’il faut s’arrêter et évaluer. « Nous avons une démocratie désorienté et désorganisé. Ça ne sert à rien de courir derrière le délai électoral. Cet exercice paresse aussi par le soutien de la citoyenneté. Repensée la place de la société civile dans le contrôle citoyen. Construire un bon citoyen. Democracy talks je soutien, il faut que ça soit organisé isolé mais de mais de manière permanente », martèle-t-il.
« Il faut que le Processus de maturation de la démocratie ne s’interrompe pas. Les interruptions font à ce que nous avons du mal à l’enraciner. Faisons en sorte que la gouvernance et la démocratique aboutissent. Il n’y a pas la démocratie sans tension, il n’y a pas de démocratie sans conflit. Balbutions, ajustons et consolidons », dit Ndiaye dans son mot de la fin.
Toutes les bonnes choses vont à la cité, à la grandeur de la cité, dit-on. Le ministre de la Communication et des Médias a proposé de confier un espace à la chaine nationale congolaise à « Democracy Talks » pour un débat public à large audience.
Onassis Mutombo