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Expo/Goma:  » Muripuko  » fait revivre l’éruption du volcan Nyiragongo

Presque 6 mois après la toute dernière éruption du volcan Nyiragongo ( 22 mai ), la ville de Goma a accueilli, durant un mois, l’exposition  » Muripuko « , qui a révélé les événements inédits de cette catastrophe naturelle. Après cette première, les initiateurs de l’expo, qui a embelli l’institut français de Goma, rêvent de faire une tournée nationale.

 » Si l’on refuse d’organiser les institutions qui sont censées vendre l’image du pays, c’est alors les vies des hommes, femmes et enfants qu’on soldera aux cimetières. Faut-il abandonner la vie de la société au gré des intox, de la désinformation et des fake news ou il sied plutôt d’apprendre du drame et de reconstruire la presse ? Il faut faire un choix : investir dans la presse ou dans les cimetières « , voilà la légende de l’un des 17 tableaux que Ghislain Kalwira et Didier Binyungu ont réalisé durant 5 mois. Ghislain, qui est un artiste dramaturge et slameur, est intervenu plus dans la conception, la composition de l’image et l’imagination du scénario pour chaque tableau. Didier, artiste visuel, peintre et illustrateur, de son côté, s’est chargé à donner vie à ces œuvres d’art qui ont afflué les curieux du 9 octobre au 6 novembre 2021, dont l’actuel gouverneur militaire du Nord-kivu, Constant Ndima.

Une partie de recettes de l’expo pour les sinistrés de l’éruption

 » Muripuko « , en swahili signifiant éruption en français, est une exposition de 17 illustrations au total qui portent les messages généralement basés sur l’ éruption de l’un de volcans de la chaîne de Virunga, située à l’est de la RDC. Entre autre, cette expo révèle la faible capacité de prise en charge de la population par le gouvernement en cas de catastrophe naturelle, des relations sociales déchirées par les guerres tribales, la difficulté pour les organismes internationaux de prévoir l’imminence de cette éruption ou encore la mauvaise gestion des médias nationaux et internationaux durant cette tragédie. L’exposition souligne aussi la  » très grande  » résilience de la population locale face à ce si grand fléau dont le monde entier a entendu parler.

 » Cette initiative a une grande valeur sociale car deux écoles sont passées voir l’exposition. Nous avons parlé aux jeunes écoliers et à d’autres de nos visiteurs adultes des précautions à prendre en cas de l’éruption du volcan  » a martelé Ghislain à arts.cd.  » À chaque fois que cette exposition ira dans un pays étranger, une partie des recettes en cas de vente des tableaux reviendra aux sinistrés de la dernière éruption du Nyiragongo à travers une collaboration avec une ONG travaillant pour cette cause « , a-t-il dévoilé.

 

Parmi les tableaux exposés,  » Presse Muette  » est marquant. Composé d’un portrait d’une personne avec un bandana sur les yeux, des symboles de réseaux sociaux et des médias et des personnes qui meurent, il illustre le retard criant de l’information dans la période de l’éruption du volcan. Il déplore aussi le fait que les Fake News auraient fait plus de morts et/ou de blessés en la période de l’éruption.

 » Nous voulons révéler les drames, tragédies et inégalités que nous ne pouvions pas laisser passer juste par ce que personne ne les as remarqué. Ou disons ceux qui ont remarqué se sont tu « , s’est révolté Ghislain, qui ses chansons slam peignent aussi les maux societaux de sa ville et son pays.  » En plus d’immortaliser l’éruption parce que le monde entier connaît Nyiragongo, nous voulons faire connaître aussi le contour. Un contour d’une éruption avec une prise en charge pas à la hauteur des attentes de la population, un contour d’écart social entre dirigeants et sinistrés, un contour de relâchement des mesures barrières dans une période de Covid.. », a-t-il poursuivi.

Goma ne tombera jamais !

L’image forte de la ville de Goma face du volcan pH. Tiers

Si on devrait choisir le tableau résumant la résilience de la population, ça serait sans doute l’œuvre  » Ngoma « . Elle résume cette attrayante et ravissante ville touristique qui connaît des peines et des joies et dont son plus grand et historique site touristique  » Nyiragongo  » est au même moment ce qui le fait rentrer dans l’histoire tout comme dans l’actualité. Nyiragongo fait voir Goma dans tous ses états : calme, enthousiaste, souriant et tendre ; en éruption, il le fait voir : nerveux, énervé, excité, terrassé, paniqué.

 » Ce tableau part un peu loin et décrit la ville dans ces autres temps. En guerre, Goma saigne mais ses plaies se cicatrisent, en manque d’eau Goma est déshydraté mais finit par étancher sa soif, en manque d’électricité le sourire de ses habitants l’illumine et en sort de plus en plus brillant, en éruption, il brûle mais tel un phénix, Goma renaît de ses centres « , a explicité Ghislain Kalwira avant de conclure :  » Comme le dit si bien une phrase plein d’amour, de brio et de fierté : Goma ne tombera jamais ! « 

Satisfaits de cette première aventure, ces deux jeunes artistes gomatraciens vont récidiver l’exposition, début 2022, à l’institut Français de Bukavu avant de pouvoir envisager une tournée nationale et internationale.

David Kasi/Nord-Kivu

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