vendredi, mars 28
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Tous derrière les FARDC

Face à l’agression culturelle  : la Musique congolaise vers une nouvelle identité sonore ?

Quelques figures de la musique congolaise

Je suis de très près la réaction des artistes rdcongolais face à la percée aujourd’hui de la musique nigériane, après un demi-siècle de domination de celle partie des bords du fleuve Congo!  Youssou Ndour reconnaît que, dans les années 1960, la musique africaine était en fait la musique congolaise. Pas plus tard qu’il y a vingt-quatre heures, je suivais Mory Kanté interviewé par Boncana Maïga, évoquant l’African Jazz et Bembeya Jazz (ce groupe porté au firmament de la musique africaine par Sékou Touré en personne, mais il va s’essouffler peu avant sa mort, alors que celui de Kallé Jeef donnait naissance à d’autres formations plus performantes) comme les deux premiers groupes qui, selon son expression, «ont levé le voile sur la musique africaine»!

Aujourd’hui, bien plus que les Ivoiriens, les descendants du créateur de l’afro-beat (revisité actuellement), Fela Anikulapo Kuti, se révèlent plus innovants, plus attractifs que ceux de Grand Kallé… Les derniers chiffres disponibles chez les professionnels du show-biz africain l’attestent! C’est donc avec un mélange d’admiration et de pitié que j’observe le combat sans le moindre soutien public des artistes rdcongolais! Il est établi que, face à une agression culturelle extérieure, une culture développe, à l’intérieur de ses frontières, trois réflexes: la résistance, l’adaptation ou… l’absorption! J’observe donc ça et là sur la scène musicale congolaise des réflexes face à la pieuvre nigériane tant dans la création, la production que dans la diffusion de notre musique!

Quête d’identité nouvelle !

Sur le plan de la création, Werrason est en quête d’une nouvelle identité sonore à travers trois albums déjà… Abetisa guitare traditionnelle na ndenge ya pikmé mabe! Akotisa mbonda na Lobeso mabe! Qu’il tente un rapprochement avec JB Mpiana mabe (c’est ainsi qu’il le présente pour contrer, dit-il, la musique nigériane) Son dernier opus, «7 jours de la semaine», se veut un panoramique, comme on dit en audiovisuel, sur les différents sons du cru congolais (en dehors de «Zenga luketu» d’inspiration kongo, d’autres titres lorgnent les folks du pays, nande, mutuashi, mbala)! Oyo ekosimba esimbi dans ce cocktail dénommé «afro-block»! De son côté, Fally a été récemment l’invité de France 24 pour présenter son nouvel opus, «Tokoos»! Mais, Tokoos, précise-t-il, est aussi son nouveau son! Le public international va apprécier… Ferré se veut plutôt le gardien du temple ondemba avec «QQJD» dans lequel il reprend servilement la guitare d’accompagnement de Simarro Lutumba… Avec «Zigida», Fabregas abandonne la guitare solo au profit du synthé «séquentiel» (l’expression est du chanteur)! Lobeso Tigre est quant à lui ravi que tout le monde se mette en mode «Bokila bokondo»… «Nga nazolia na nga bio na single na nga « Es’a pasi »»…

Raison de pister des jeunes porteurs des projets innovants!

Ainsi, les opus qui sont attendus dans les tout prochains jours sont celui de Zaïko, et «Caligula» du Karmapa! Ça sera de la rumba roots, c’est sûr, car le prince de la rumba intronisé par Bombenga Wewando dit vouloir défendre la rumba jusqu’à son dernier souffle, comme le font les Anglo-saxons avec le rock, les Afro-américains avec les RnB ou encore les Jamaïcains avec le reggae, … Même si aujourd’hui à Kingston, le reggae a perdu du terrain avec l’avènement du dance-hall et le rub a dub style, après l’étoile filante qu’a été le raggamuffin! Dans tous ces réflexes pour sortir la tête du trou, il y a lieu de noter la percée rampante de la musique alternative (expression empruntée à Yolande Elebe), faite de la génération Y ou 2.0, celle qui maîtrise les TIC, et produit dans le secret des home-studios des sons des malades… Ils déchirent déjà dans des sphères très réduites…

Très tôt déjà, Maïka Munan avait demandé aux spécialistes de pister ces jeunes qui sont, pour paraphraser Lexxus Legal, «porteurs des projets extrêmement innovants»! Cependant, le tout se fait, contrairement à Lagos, sans l’appui des services publics… Il ne s’agit pourtant que de faciliter l’activité musicale avec des exonérations à douane pour des matériels de studio, du simple ordinateur, avec les droits d’auteurs et droits voisins, avec la construction des structures et infrastructures de la création consacrée aux différentes formes d’art (désormais les films nigérians mieux élaborés osent le Festival de Cannes), bref avec une véritable politique culturelle! …

 

Didi Mitovelli / arts.cd

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