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Gaz Fabilouss, la musique urbaine a (désormais) son « King » !

Gaz Fabilouss sous le regard protecteur de Koffi Olomide et de Cindy Le Coeur ph. arts.cd

Novembre 2009, Lexxus Legal présentait son album « l’Art de la guerre »  dans un spectacle intitulé « Digne fils d’Afrique » au Centre culturel français (CFF, l’actuel Institut français). Ce qui peut être considéré jusque-là comme le plus grand concert hip hop des deux dernières décennies vient d’être détrôné par le show de Gaz Fabilouss au Village Chez Ntemba, dimanche 27 septembre 2020.

Gaz Fabilouss éblouit par le public ph. arts.cd

Sans appui de l’Institut français ni du Centre Wallonie Bruxelles, le jeune artiste Gaz Fabilouss « Le tout puissant du rap congolais » a fait bouger les lignes. Sans panneaux ni spot publicitaire dans les médias classiques, juste une mobilisation sur les réseaux sociaux et quelques banderoles isolées dans la ville de Kinshasa, le Village Chez Ntemba a été plein comme un œuf. Il y a eu du beau monde, mais également, des invités de marque notamment Koffi Olomide, accompagné par Cindy le Cœur.

Rap congolais (musique urbaine) sans leader en chef !

Inondée par la rumba, la ville de Kinshasa est le berceau de la musique du monde. Tous les styles de musique trouvent leurs places mais un style prédomine, la rumba-ndombolo donnant ainsi aux « rumbistes » une suprématie imaginaire sur les autres. C’est dans cette concurrence que le tout dernier leader du rap congolais, Lexxus Legal a imposé sa logique dans le milieu avec « Artiste attitude » avant de baisser les armes pour traverser la rive. De la musique engagée à la politique, il n’y a que « Lamuka » (regroupement politique et électoral dont Moïse Katumbi, JP Bemba et Fayulu sont leaders). Du coup, depuis la fin de l’année 2018, la musique urbaine congolaise est restée sans maitre, ni leader.

Il est aussi vrai que ce genre de musique, en Afrique, est beaucoup plus lié aux régimes dictatoriaux ayant caractérisé certains gouvernements notamment celui de la RDC avant l’alternance, en janvier 2020.

Nombreux sont les artistes rappeurs qui avaient sorti des chansons urbaines sans pour autant prendre le règne du milieu ni le bâton de commande. Sur cette liste, l’on a noté : Bob Elvis, King Alesh, Lumino, Westa Badjango, Systa Becky, MPR Music… qui ont sorti (ou qui sortent) des tubes à succès sans avoir osé d’affronter une grande salle. Mais Felix Wazekwa n’a pas manqué de mots pour poser juste une question : « Et après ? »…

« C’est le moment de s’affirmer ! » 

Grandi au quartier sablonneux de Debonhomme dans la commune de Matete, entre école et concours de danse, Fabrice Ndongidila, aka Gaz Fabilouss, signe son entrée dans l’arène en 2016. « Il fallait attendre la sortie du titre « You pi Yeah ! » pour que ma famille considère à juste sa valeur ce que je faisais en cachette avec les amis », déclare-t-il au micro de arts.cd, à la veille de son concert. Pour lui, cette chanson n’était pas une rancune avec les musiciens typiques, non, insiste-t-il, mais il fallait qu’il y ait quelqu’un qui prend le devant pour défendre un secteur qui n’avait plus de défenseur. « Et le message a été bien capté par nos collègues « rumbistes », reconnait Gaz Fa avant d’affirmer que cette chanson m’avait permis de me faire une place.

Après la sortie de ce titre qui a bien marché, j’ai bien économisé les recettes et les contacts pour mieux préparer l’après puisque. « Souvent les jeunes artistes font la folie avec l’argent gagné au premier titre. Avec moi, ce n’était pas le cas », se réjouit celui qui se surnomme Mutu’a Tika rumba na défaut (Celui qui a laissé la musique rumba avec un défaut).

Ensuite, « Shina-Rambo » sort des singles avec un impact à demi-teinte mais sa détermination à s’imposer est demeuré intact avec sa participation aux cotés de Youssoupha sur le podium de African Music Forum à l’IFK. De « Zuwa », « Tika Makolo nanga« , « Kaka boye« … jusqu’à sampler une chanson acoustique de Fally Ipupa sur le « Corona virus » et c’était la grande porte qui s’est ouverte. Contacté par le bureau de « l’Aigle de la musique africaine, Gaz Fa s’est vu inviter par ce dernier lors de son grand concert le 13 septembre dernier au Shark Club à quelque jour de son 27 septembre coïncidant avec sa date de naissance. « C’est le moment pour la musique urbaine de s’affirmer. Puisque même les musiciens typiques sont dans afro-trap, afro-beat, rnb, ils sortent de plus en plus de leurs carcants pour venir nous rejoindre dans la musique urbaine. Donc, c’est le moment », souligne Gaz Fa souligne d’un air serein.

L’intronisation… faite par Koffi Olomide !

https://www.youtube.com/watch?v=HJtYk6r0f7o

Il est 18h45, dimanche 27 septembre 2020, « Nous attendons le concert rap de l’année », écrit un abonné de la page Instagram de Artscd juste après le lancement de notre direct. Au micro du MC du jour, Jonathan Bilari, l’engouement à l’intérieur du village Chez Ntemba jusqu’aux heures tardives, prouve à suffisance que ce jeune musicien s’assume comme suprême d’un mouvement longtemps orphelin. Depuis, l’histoire de la musique urbaine existe, du moins pour ces deux dernières décennies, Koffi Olomide ne s’était jamais rendu dans un rassemblement de jeunes rappeurs. Ô temps, ô mœurs, l’on comprend que le Grand Mopao qui veut demeurer dans le game (re)descend sur toutes les scènes pour aller séduire les nouveaux acheteurs ou consommateurs de la musique, les B’Ados (adolescents qui maitrisent l’outil internet). En plus, Koffi Olomide est resté aux commandes de la musique congolaise. Ce faisant, il est poussé par l’instinct de connaitre les héritiers afin que  son testament soit sans faille. Comme Jésus, dans Jean 10, « Je connais mes brebis, mes brebis me connaissent… mes brebis connaissent ma voix (…)».

Bien que la fête ait été totale, il faut cependant relever certains écarts, notamment le choix du répertoire de l’artiste pour le show. Les chansons phares n’ont pas été exécutées au prime time, la gestion des invités, la multiplicité des invités, la gestion du public, la prise de parole à temps et à contretemps par l’artiste principal,… tous ces éléments réunis prouvent que cette soirée n’a pas eu que le côté mielleux.

A vrai dire, aucun jeune artiste n’a réussi à faire ce que Gaz Fa a démontré comme capacité de mobilisation. Réunir tous les grands de la musique urbaine pour son concert est juste ahurissant. Est-il le rassembleur ?, Est-il non conflictuel ? Qu’a-t-il dit pour séduire Lumino, Alesh, Firastar, Zuba Boy (venu fraichement d’Angleterre), Rine-K, Fiston Sai-sai, Rebo, Udps Music pour se pointer là ? Au-delà de leurs présences scéniques, tous ces artistes ne sont venus qu’assister à l’introniser le nouveau King du rap congolais.

 Onassis Mutombo

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