Deux jeunes artistes congolais. Deux titres. Une seule date de sortie. Un mécène séducteur. Abed Ashour est au coeur de la toute dernière signature vocale de Innocent Balume et Gaz Mawete. Lundi dernier, pendant que l’homme de « Yo pe » lançait son nouveau morceau « Ashour », Gaz Mawete de Bomaye Music, lui aussi, larguait « Game Over ». Tous deux, chacun veut voir sa chanson en première ligne sur YouTube pour atteindre 100 000 vues pour mieux séduire le dédicadé. Et tous les moyens sont bons.
Pour le caricaturiste Edizon Musavuli, cette quête est une source d’inspiration et voit en cela à juste marathon des vues honorant monsieur Abed Achour qui serait le producteur de ses deux titres et rien de fond ou de passion dans le texte de deux chansons.
Les œuvres d’arts graphiques ou dessinées à la main de Edizon représentent pour lui une philosophie qui met en avant ses convictions sur la manière dont il transmet son savoir en art. Il se base sur l’hyperréalisme qui est en effet un courant artistique exigeant de la perfection visuelle de l’œuvre que ce soit en dessin, en peinture ou même en sculpture. Dans ses dessins, son envie de frôler la réalité apparente. « Un courant très peu connu ou presque pas du tout en RDC. Mon choix pour ce style traduit mon besoin de me mettre au défi, creuser au plus profond de moi et ramener à la surface ce résultat à la fois direct, expressif et couvert d’un langage universel presque parfait. C’est le fruit d’une recherche personnelle de mes limites sans raccourci. A long terme j’ai l’ambition de faire de ce style un courant faisant partie intégrante de l’art congolais puisqu’à en croire ma première expérience d’exposition, il est quasi-inexistant », nous partage fermement Edizon Art.
Son dessin demontrant l’image de Abed Ashour assis sur les deux jeunes artistes et entrain de les drainer comme des animaux a asuscité un questionnement de la part des internautes surtout ceux des médias sociaux. On dirait un bras de fer entre les mélomanes de Gaz Mawete et ceux de Innoss B.
« En roulant le fil d’actualités sur facebook, je suis tombé sur une page culturelle congolaise qui mettait en avant les deux artistes ( Gaz Mawete et Innos’B) dans un post en titrant: les deux artistes viennent de sortir un morceau chacun à l’honneur d’Abed Achour, voyons qui sera le premier à atteindre 100 000 vues dans la journée. À mon humble avis, cette course aux vues porte atteint à la qualité des œuvres des musiciens. Le fait qu’un individu paie deux artistes pour chanter à son honneur n’a rien de nouveau au pays, mais derrière il y a cet aspect compétitif qui efface un peu la passion même de l’artiste », s’insurge Edizon Musavuli.
Quelques jours après la sortie de deux morceaux, les internautres de la ville de Goma n’arretent pas de polémiquer sur l’utilité de deux titres. Au fond, les deux n’ont pas voulu laisser la main à l’autre pour montrer son attachement à ce mécène Abed.
La passion, le rapprochement ou la quête des vues ? La musique congolaise prend une nouvelle tournure oùla qualité des textes sera de moins en moins l’élément moteur pour séduire les fans. Mais plutôt séduire un mécène pour faire des vues et se remplir des poches.
Lebon Kasamira/Goma