Son décès survenu le 11 mars dernier en région parisienne défraye la chronique. Gianni Fayi, l’un des artistes comédiens congolais célèbres de ces dernières années est parti dans l’au-delà. L’Artiste ne meurt jamais dit-on. Retour sur le parcours de l’illustre disparu.
C’était vers la fin des années 1980 que Gianni Fayi commençait à s’intéresser au théâtre. A l’époque, il imitait le trio DASUFA. Premièrement, il aura l’idée d’intégrer le groupe Salongo mais son profil ne correspondait pas à l’esprit de cette troupe théâtrale. Au début des années 1990, grâce au comédien Freddy Mbalio Sombo, Gianni Fayi intègre le groupe « Chic Choc Loyengé ». Très vite, Jacques Mangbau, l’un des patrons du groupe qui sera le premier à s’intéresser du jeune comédien … Il est notamment séduit par le jeu d’acteur de la nouvelle recrue. Mais c’est le comédien Ngadiadia Ngadios, président de « Chic Choc Loyengé » qui va propulser sur la scène locale Fayi notamment lors des productions dans les écoles de Kinshasa.
Lors de la scission du groupe en deux fractions – « Chic Choc » de Ngadiadia Ngadios et « Nouvelle Loyengé » de Mangbau Jacques, le comédien Fayi sera d’abord approché par le clan Mangbau mais il refusa poliment afin d’exprimer sa loyauté à Vieux Ngadios. Il sera récompensé pour ça ! Fayi deviendra un cadre majeur de Chic Choc. L’Artiste Fayi s’est révélé au grand public dans la pièce théâtrale « Premier Jour à Sarajevo » où il incarne le rôle du fils d’un bailleur sans scrupule – cupide aux méthodes sauvages prêt à entasser comme des sardines plusieurs familles (locataires) sous un même toit… Cette œuvre fait aussi un clip d’œil à la Guerre de Bosnie – Herzégovine (1991 – 1995), connue également sous le nom de la Guerre de Yougoslavie ou de Sarajevo.
Au milieu des années 1990, Vieux Ngadios voyage avec une partie de son groupe théâtral en Europe notamment en Scandinavie. Malheureusement, lors de cette tournée européenne, Gianni Fayi ne fera pas le voyage. Il n’abdique pas et attend de pied ferme le groupe à Kinshasa.
Vers la fin de la décennie 90 et début des années 2000, Ngadiadia décide de s’installer en Europe. Il vient très rarement en RD Congo … Plusieurs départs ont eu lieu entre-temps au sein du groupe. À Kinshasa, Gianni Fayi et son ami Apo Firenze ont pris la direction artistique du groupe … Ils gèrent les affaires très bien. A un moment, le public oublie même l’absence du leader Vieux Ngadios.
En 2005, Gianni Fayi fait de « Nzo nzingi » un nouveau genre devenu très courant dans le paysage théâtral congolais. Les films « Nzo nzingi » se vendaient comme des pains au sein de la communauté congolaise à travers le monde. Le visage de Fayi était dans plusieurs films vendus dans des DVD … C’est dans le film « Mosvitch » (Moscovite) que Gianni va laisser ses empreintes indélébiles… Il incarne le rôle d’un proche parenté de Shaba, un étudiant congolais – un intellectuel marxiste – ayant vécu plus de 30 ans en Union Soviétique (URSS). Déconnecté de la réalité, Shaba rentre au Congo pour venir reconstruire le pays avec ses idées et sa vision chimérique. Moqueur, Gianni passera son temps à ridiculiser Shaba.
En 2008, Gianni Fayi voyage en Europe avec d’autres collègues grâce à un producteur congolais.
En France, c’est le début de la galère pour Fayi … L’Artiste se dilue dans les réalités sociales de l’Hexagone. En situation irrégulière depuis plusieurs années, l’Artiste Fayi se mure dans le silence. Une expression kinoise dit : « Poto eza cimetière ya ba artistes » – (L’Europe est un cimetière pour les Artistes)… Durant 16 ans, Gianni aura du mal de vivre pleinement de son métier d’Artiste. RIP Fayi.
*Mati Osango, Journaliste congolais résidant en France.