Ce film de 1h31 raconte une histoire qui se déroule en 1998, dans le Sud-Kivu, à la frontière avec le Rwanda, durant la deuxième guerre du Congo, l’un des conflits les plus meurtriers de ces 25 dernières années. Deux soldats rwandais se retrouvent séparés de leur unité. Forcés de se déplacer le plus discrètement possible en attendant de retrouver les leurs, les deux hommes n’ont d’autre choix que de s’enfoncer dans cet « enfer vert » réputé le plus dense du continent africain, espérant tirer leur salut de la « miséricorde de la jungle ».
L’enfer vert et la folie des hommes
La faim, la soif, la pluie, le froid, la fièvre, les moustiques et les animaux (gorilles et autres) sont autant de menaces sur la route des deux militaires esseulés. Mais tout cela n’est rien à côté de la folie meurtrière des hommes – Congolais, Rwandais et leurs soutiens -, déchirés par des rivalités politiques et ethniques, mais se battant surtout pour le contrôle et l’exploitation des ressources naturelles souterraines d’une région considérée comme l’une des plus riches au monde avec ses centaines de minerais.
The Mercy of the jungle évoque l’absurdité d’une guerre qui voit les populations congolaises prises en tenaille entre les différentes forces en présence : rebelles et armée régulière congolaise d’un côté, combattants rwandais de l’autre. Un écheveau inextricable de belligérants « où il est de plus en plus difficile de distinguer le coupable de l’innocent » comme le reconnaît le sergent Xavier (Marc Zinga) lui-même.
Un conflit sans issue acceptable
Dans cet épuisant périple qui va les entraîner jusqu’au Kasaï oriental, le rwandais et son compagnon d’infortune, la jeune recrue Faustin (Stéphane Bak), se retrouvent confrontés à la réalité de leurs espoirs mais aussi de leurs méfaits, au doute qui, peu à peu, les ronge. Entre la majesté des paysages congolais, la beauté insolente de la forêt et de ses habitants, et les turpitudes des hommes en armes, le contraste est saisissant. D’autant que plus le temps passe, moins ce conflit fratricide semble pouvoir trouver une issue acceptable aux yeux de tous.
« Ce film est porteur d’un message de paix parce que cette histoire pourrait se dérouler partout : en Syrie, au Yemen ou ailleurs » a souligné son réalisateur Joël Karekezi au moment de recevoir la récompense suprême – l’étalon d’Or de Yennenga – lors de la clôture du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) en février dernier.
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