De nationalité ivoirienne et journaliste chez Soir Infos qui est une agence d’information générale, Diarra Tiemoko nous fait une description sur les sources historiques du coupé décalé, une musique du style ivoirien qui tend toujours vers la musique congolaise, de fois chantée avec quelques phrases ou mots en lingala.
Pouvez-vous faire une vue générale de la musique ivoirienne ?
La musique ivoirienne se décline en plusieurs genres, celle qui est au top c’est le coupé décalé. Même si cette musique a connu quelque déclin au départ par plusieurs personnes qui étaient de la mode. Elle s’est jouée à Paris, avec la G7, le Molla, la SAGA, le Polo Sangi et autres. Jusqu’à ce que David Monsoh, qui est un producteur et manager, a vu qu’il fallait recadrer les angles pour que cette musique prenne de la valeur et de l’ampleur, afin d’avoir un peu plus du goût aux yeux des consommateurs. Pour ce faire, il a fait appel au petit Delly et les autres en vue de la réalisation d’un un clip. Et cela a pris de l’ampleur et elle a été comme une contagion sociale positive. On pouvait voir tous les joueurs ouest africains exhiber la danse, après avoir marqué un but pendant dans les championnats européens.
Vers 2001-2002, en Côte d’ivoire toujours, il y a eu naissance d’un phénomène des gens qui jouaient de la musique dans des bars, discothèques, maquis et boites de nuits qu’on appelle « DJ », ces hommes se sont appropriés le coupé décalé, en ajoutant beaucoup de variances appelées « la sauce ivoirienne ». Cela consiste à ajouter de la langue maternelle de leurs origines dans des chansons et cela a donné plus de la dynamique à la chose.
La musique coupé-décalé n’est-elle pas la musique congolaise un peu accentuée au niveau de la grosse caisse ?
Bien sûr, comme dans le principe des choses, il faut partir d’une base pour arriver à un coin, le coupé décalé est allé de la musique congolaise. C’est pourquoi, lorsqu’on a posé la question à Koffi Olomide c’est quoi le coupé décalé, il a répondu : le coupé décalé c’est « la Congolia », juste pour dire que c’est la copie de ce que l’on fait au Congo. Cela est vrai car au départ, elle était chantée en faux lingala, bien qu’il y ait eu après une évolution. Mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y avait des Congolais en Côte d’Ivoire qui chantaient, je cite DJ Shega Mokonzi, Ronaldo R9 et tant d’autres qui et ont influencés les DJ ivoiriens en cela, surtout que tous les premiers albums qui sont sortis au niveau de la Côte d’Ivoire, c’est eux, et ensuite il y a eu Arafat et ses amis.
Aujourd’hui, le coupé décalé a pris le devant à cause de la crise de l’industrie musicale qui règne, puisque cette musique n’a pas besoin d’un album entier. Un single chaque deux mois avec un bon matraquage leur suffit largement, et cela a marché. Mais au-delà de la crise, le coupé décalé est une musique de détente. Vu que dans la musique, il y a aussi des amateurs et des avertis du domaine, les gens choisissent celle-ci pour la facilité dans la manipulation.
Comment définissez-vous le DJ ?
La quasi-totalité de ceux qui sont aujourd’hui des artistes musiciens appelés DJ, ont tous été à la platine, c’est une cabine qui contient une table mixeur, un micro, et de différentes musiques, ils n’ont qu’un but qui est de faire danser les gens dans une discothèque et autres lieux. Mais aujourd’hui, ils se sont substitués aux artistes musiciens. Ils ne jouent plus leurs musiques mais créent la leur. En Côte d’Ivoire, ils sont partis d’un coin appelé « Macroy gazol », où les gens venaient voir leurs prestations. Cette rue était remplie le jour comme la nuit. Dans ce coin, l’on trouve tous : le sexe, la bouf, etc.
Dans la musique ivoirienne, les DJ occupent quelle place ?
Les DJ occupent la première place. Ils ont pris le devant, en ce jour, ils portent en eux l’image ivoirienne et celle d’autres pays où ce phénomène existe.
Avec cette venue forte de DJ, quel impact ont les artistes musiciens ivoiriens qui font d’autres types de musique hormis le coupé décalé ?
Malgré la venue de ces artistes DJ, les artistes comme Meway et Kiff-no-bit ont toujours leurs places. Dans la musique, il n’y a pas de concurrence, chacun occupe une place, et ses fans qui ont eu à conquérir. Chacun de ces artistes fait courir des inconditionnels et des fonds.
Meway par exemple, fait une musique traditionnelle, une musique de recherche typiquement ivoirienne, il fait du « Zoblazo », il est partie d’un extrait du « basâmes », la musique de sa tribu appelée « Apollo », c’est ainsi qu’il a pu rendre cela populaire avec la participation de plusieurs artistes comme Koffi Olomide et d’autres.
Comment jugez-vous la collaboration entre la musique congolaise et celle de la Côte d’Ivoire ?
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Selon moi, cette collaboration n’est pas mal. Parce qu’en Côte d’Ivoire, des inconditionnels de la musique, il y a ceux qui sont amoureux ou passionné de la rumba congolaise. Entre les deux, il y a une interdisciplinarité plutôt que la concurrence. Même s’il y a eu un moment où la musique congolaise a dominée sur la musique ivoirienne. Ces deux pays ont une certaine complicité que plusieurs admirent, l’on a vécu cela pendant les obsèques de Papa Wemba et tout ce qui se fait jusqu’à ce jour autour de cet icône de la musique en général et celle de la RDC en particulier.
Onassis Mutombo