Résultant de la rencontre entre les rythmes africains et la vie en occident, le Jazz a une histoire en dent des scies en RDC. Tirant son origine vers la fin du XIXème siècle au sein de la communauté noire d’Amérique, ce genre musical a été mis sous les projecteurs à Kinshasa, vraisemblablement dix ans plus tôt par la création du Festival JazzKif, qui après, les embrouilles avec ses vrais initiateurs, s’est ouvert à toutes les musiques du monde.
Bien que cette musique « Jazz » se jouait toujours dans des cercles très privés de la commune huppée de la Gombe, elle manquait un plateau d’expression populaire pour non seulement sa promotion, mais également pour célébrer une partie de l’histoire glorieuse de l’homme africain transporté sur des terres inconnues.
Ayant l’instinct de guerriers qui consiste à se régénérer, c’est au mois de septembre 2017 que Paul Ngoie Leperc reviendra à la charge pour relancer un nouveau concept « Kinshasa Jazz » ou KinJazz. Malgré les douleurs d’enfantement de sa 1re édition, les artistes et les culturels congolais avaient accueilli cette nouvelle rencontre à bras ouvert. Ainsi va l’art…
A chacun sa place !
Edition après édition, les couleurs musicales se sont affichées au grand jour. Dodo Miranda de l’Angola, Gladys Samba du Congo Brazzaville, Pamela Baketana et Tatiana Kruz, Dodo Miranda, Etienne Mbappé de France ont joué chacun leur partition.
Pour couronner ses pas de géant, la 3ème édition vient de mettre la barre haute. Du 6 au 7 septembre 2019 dernier, l’avenue de la Nation à la Gombe, rebaptisée pour la circonstance « La rue du Jazz » a connu une ambiance bon enfant. Entre restaurants de luxe et la fumée des grillades de poulets, entre le Kwilu et la bière de la Bracongo, l’act 3 de KinJazz a marqué ses empruntes. Avec l’accompagnement considérable de plusieurs partenaires notamment les Ambassades des Etats-Unis et du Portugal à Kinshasa, y compris la plateforme www.arts.cd , KinJazz a offert aux milliers de mélomanes de bons moments de détente, de partage et surtout de retrouvailles respectant la logique de la musique Jazz qui se base sur la rencontre des peuples.
En présence de Mike Hammer « Nzita » et Antonio Perreira, ambassadeurs des USA et du Portugal, une programmation tirée sur la sellette a été présenté durant les 48 heures de l’événement. Remi Abraham (France), Renato Diz et Maria Quintanilla (Usa, Portugal, Perou), Mays (Congo-Brazza), c’est la cargaison d’invités venus de loin des terres congolaises. Sans oublier Sulaiman Hakim (Usa), mention spéciale à cet artiste américain puriste du jazz. Avec le groupe local de Mose Band, et son âge visiblement avancé, Sulaiman a dépensé suffisamment de l’énergie sur scène pour présenter un spectacle de toute une vie.
A (ré)lire: KinJazz 3 ramène des jazzmens portugais, américains, français, cubains à Kinshasa
Et la participation des musiciens « rumbistes » ?
Pour la colonie congolaise dans ce festival constituée éssentiellement des artistes rumba (rumbistes), le beatmaker Kratos beat qui, est à sa deuxième édition successive, est resté sur la bonne lancée avec des beatbox qui ont retracé les courants rythmiques habituelles de la RDC. Partant de Kintueni du Kongo Central, en passant les ères de l’orchestre Wenge et le hip-hop, les spectateurs ont été bien servis par ce jeune artiste musicien, beatmaker et arrangeur. Soirée particulière, fusion exceptionnelle, les touches d’Anita Muarabu et d’Alexia Waku ont couvert la prestation de l’artiste Ibrator qui s’est battu sur le podium comme un diable dans un bénitier.
« Après chaque édition, nous faisons un débriefe avec tout le comité organisationnel et on se projette déjà pour l’édition prochaine. Nous sommes heureux du déroulement de la 3ème édition, mais il y a encore des défis à relever », reconnait Paul Ngoie Leperc, coordonnateur du Festival KinJazz, après son incursion sur le podium pour la scène libre. Les rideaux de la 3ème édition sont donc tombés sous une note de satisfaction. La musique Jazz a retrouvé sa place dans une ville réputée de la rumba.
Onassis Mutombo