Guide à l’Africa Museum depuis un an, le jeune comédien afro-descendant parle de ce lieu pour lequel il avait autre fois un regard distancié. Dans cet entretien accordé au Courrier de Kinshasa, il explique la difficulté que l’on a à comprendre l’enjeu du lieu quand on en n’a pas forcément la connaissance requise. Pour sa part, la foule d’informations scientifiques, historiques et anthropologiques qu’il renferme l’a mené à mieux comprendre la terre dont il est originaire, le Congo.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
François Makanga (F.M.) : On m’appelle François Makanga. Belge d’origine congolaise, je suis né à Bruxelles en 1483, plutôt en 1983 (petit rire). J’ai encore en tête 1483, l’année de la découverte du royaume Kongo. Je le sais depuis décembre 2018, quand je suis devenu guide à l’AfricaMuseum. Et, en dehors de cela, je suis acteur comédien et je fais des études de journalisme.
Nous avons suivi la visite guidée centrée sur l’histoire du Congo que vous avez animée pour des écoliers. Peut-on en connaître le fil conducteur ?
Le fil conducteur de cette visite c’est que pour plusieurs générations de Belges, cet ancien Musée royal d’Afrique centrale a créé en Belgique et en Europe une certaine idée de ce qu’était un Africain ou une Africaine, légitimée par les sciences et les arts. En 2019, cela permet de confronter l’histoire prétendument vue, officielle de ce Congo, de ses paysages et de sa nature avec la mémoire des peuples qui durant cinq cents ans ont vu l’arrivée de l’Occident, le Portugal puis la Belgique et les conséquences de la colonisation ainsi que du progrès apporté. C’est un peu confronter quelle était l’histoire officielle et quelles étaient les mémoires connexes dans l’histoire commune entre le Congo et la Belgique. Tant celles des coloniaux que des Congolais qui avaient vécu ces cinq cents années de faits politiques marquants qui parfois ici ne sont pas enseignés dans les écoles au niveau de l’histoire officielle et ne sont pas toujours connus de la plupart des citoyens.
En tant que guide, comment arrivez-vous à faire la part entre votre ressenti personnel et les informations que vous devez transmettre sur le musée ?
En travaillant ici, nous avons la chance d’avoir accès à des quantités d’informations sur une quantité de domaines. Le rôle du guide c’est de trouver une grille de lecture, d’analyse qui dépend certes de son cursus. J’ai des collègues historiens de l’art, journalistes, moi je suis comédien, acteur, forcément ce sont des Belges qui ont aussi un rapport privilégié avec le Congo, certains y sont nés ou leurs parents y ont vécu ; le mélange de ces aspects permet de créer une grille de lecture. C’est cela que l’on tente de faire ressentir à différents publics de différents âges et différentes personnalités qui ont différents liens par rapport au Congo.
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