Et si Papa Wemba avait pressenti sa mort prochaine ?
Oui, la succession des faits démontrée par Christian Mumpakani Atemvul (Concepteur des stratégies de communication et de Marketing et Analyste culturel) présente le vieux Bokul comme quelqu’un qui préparait sa fin en douceur. Retour sur quelques actes :
Quels sont, selon vous, les éléments qui justifient que Papa Wemba vivait ces derniers instants sur la terre des hommes ?
J’ai réalisé que les différents titres d’album de Papa Wemba étaient une façon de dire ce qu’il est pour la musique congolaise : Fula Ngenge (pour signifier qu’il est le musicien congolais à avoir propulsé le plus grand nombre des vedettes en Rdc : Kester, Bipoli, Koffi, Rigo star, Reddy, Stino, luciana, Awilo, Maray, Simolo, Alpacino, Lidjo, Bendo, Pacheko, Apocalypse…) À la Une (avec les fioti fioti, Wemba a conquis Zenith et Olympia en défiant les Wenge et ceux qui le voyaient mourant), 100℅ star(musicien+acteur ciné+mannequin mazatomo, star au complet),…
Tout est parti en 2014. Il nous lance Maître d’École. Dans cet album, Papa Wemba a rendu la pareille à ceux qui ont compté à ses yeux. Dans la chanson « nostalgie », il a été en duo avec Nyoka Longo (resté comme garant du clan Zaiko). Une façon pour Wemba de dire aux gens que tout est parti de là et un dernier hommage. Dans « Jonnhy Lopez », il rend hommage à Tabu Ley, en majeure partie.
Dans Chasse à l’homme, il chante en duo avec JB Mpiana, qui a toujours présenté Wemba comme son idole. Au point qu’en 1997, il décida de chanter avec son vieux « Cavalier solitaire » dans son premier album solo » Feu de l’amour « .
Papa Wemba a connu des moments troubles, des moments de stagnation aux cours desquels il aurait pu solliciter le coup de pouce artistique de JB Mpiana tonitruant, marchant sur le milieu musical congolais. Il ne l’a pas fait et a attendu 2014, près de 17 ans après leur première collaboration.
Blessure. À l’origine, une chanson d’adieu à Emeneya, véritable agent de décollage de la carrière solo de Jules Presley dit Shungu, ce titre a finalement rendu hommage à tous les musiciens de Viva décédés plus tôt.
Pourquoi seulement le faire dans Maître d’École?
Je crois que Papa Wemba a estimé, qu’il valait mieux le faire en ce moment-là. Et finalement, il y a les titres réservés à Madame Rose Luzolo dit Amazone. Beaucoup de gens n’ont écouté que 4’30 » d’adoration, oubliant d’auditionner « Rosa« .
Oui, Papa Wemba a procédé à la consécration de sa tendre épouse dans Maître d’École. Un véritable testament, un message insistant sur la prééminence de cette femme dans sa vie.
Difficile de dire que Papa Wemba savait qu’il vivait ses derniers instants mais il y a tout de même que les signes avant-coureur de quelqu’un qui préparait son terrain. Il est resté effectivement « Maitre d’une école ».
De son vivant, qu’est ce que Papa Wemba représentait pour la musique congolaise ?
Papa Wemba était de par sa voix, par son mérite d’avoir créé une génération et par son influence sur les générations d’après zaiko, le régulateur de la musique congolaise.
Il a traversé des générations musicales congolaises en évoluant tel un pigiste dans Afriza de Rochereau, en co-fondant zaiko, en chantant avec Wendo à Bercy en début 2001 et en donnant des belles répliques aux jeunes tels que JB, Manda, etc. J’estime que la vie humaine de Wemba était foncièrement liée à sa vie musicale. Cela paraît évident.
Et l’après Papa Wemba ?
Wemba est irremplaçable. Même JB Mpiana à qui on attribue beaucoup de Wemba ne saura combler ce vide. Cependant, s’il faut prendre en compte l’habillement, la présence sur scène, le charisme, l’aisance vocale et la simplicité dans les relations, je peux dire que les musiciens congolais encore en activité présentent chacun un attribut de Wemba.
Onassis Mutombo