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Tous derrière les FARDC

‘‘Ma vie pendant la guerre… Et après’’, Tina Salama (ré)chauffe le rapport Mapping !

« Ma vie pendant la guerre…Et après’’, l’ouvrage de Tina Salama qui a été baptisé le week-end dernier au Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, est un récit autobiographique d’une jeune fille racontant la guerre dans l’est de la RDC et ses ambitions d’après. Elle se veut témoin de son époque. Elle fait sien le combat des jeunes de sa génération qui cherchent leurs marques dans ce Congo en pleine convulsion et mutation.

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D’aucuns s’interrogent sur l’heureuse coïncidence de la sortie de cet ouvrage. Pourquoi seulement en ce moment où le Congo est fiévreux du rapport Mapping de l’ONU ? Ce dernier décrit les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises en République Démocratique du Congo entre mars 1993 et juin 2003. Ce rapport détaille 617 incidents les plus graves survenus dans tout le Congo sur une période de 10 ans et fournit des détails sur des cas graves des massacres, de violence sexuelle, des attaques contre des enfants ainsi que d’autres actions commises par une série d’acteurs armés.

« (…) La plupart de ces personnalités citées dans ce fameux rapport mapping se retrouve du côté opposé de son camp politique (…) »

Rappelons que c’est sur base de ce rapport, que Roger Lumbala a été arrêté et mise en examen à Paris. Traqué depuis plusieurs années par l’office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, l’ancien chef du mouvement rebelle RCD/KML a été incarcéré à la prison de la santé. Les observateurs avertis y voient aussi une « main noire » plaçant l’auteur de ce livre comme témoin des évènements car celle-ci travaille aux côtés du premier citoyen des congolais. Tina, porte-parole adjointe du Président de la République, affirme tout haut, être témoin et celle qui peut mieux raconter ces histoires. Parce qu’elle était là, elle avait vu toutes ces atrocités.

« J’ai voulu écrire sur ma vie, sur mon vécu parce que je me suis rendue compte que c’est toujours d’autres personnes qui écrivaient nos histoires, d’autres personnes qui racontent ce que les gens ont vécu dans l’est du pays. Moi, j’ai vécu la guerre, pas qu’une seule mais deux. La première, celle de l’AFDL et la deuxième, celle du RCD. », écrit-elle.

Nous osons croire qu’en insistant que :

« Je me suis dit qu’il est important de pouvoir raconter nous-même ce que nous avons vécu. Je ne suis pas seule, il y a beaucoup de gens de ma génération. Moi, j’ai juste pris ce courage-là de pouvoir écrire, de faire un plaidoyer et surtout de raconter ce qui s’est réellement passé’ ».

Tina Salama signant l’autographe sur son ouvrage ph. tiers

L’auteur incite les congolais à dénoncer ces barbaries de la guerre sachant que la plupart de ces personnalités citées dans ce fameux rapport mapping se retrouve du côté opposé de son camp politique.

Avec stupeur, certains ténors du camp en face de celui de Salama pensent que cet ouvrage est simplement une menace, une façon de faire peur à ses adversaires pour soit, le faire taire, soit les inciter à adhérer à l’Union sacrée. Ou encore, une autre façon d’inviter la CPI et autres cours nationaux et internationaux à la recherche des infractions de guerre à venir revoir et compléter les preuves sur les atrocités et les autres crimes de guerre longtemps recherchés par ces derniers.

Ne serait-il pas un moyen de pression ?

Même si ce bouquin est l’histoire poignante et édifiante d’une jeune fille congolaise confrontée aux affres de la guerre dans sa province de Kivu ; le moment choisi pour sa publication semble entrevoir des doutes. Ceci par le souci réel d’informer, de dénoncer tout haut l’impunité dont des nombreux auteurs présumés congolais et étrangers continuent à bénéficier. Et ce pendant ce temps où le président de la République cherche une majorité à la chambre basse pour son futur gouvernement. Ne serait-il pas entre autre un moyen de pression, de la surenchère et/ou autres ?, s’interrogent les libres penseurs.

Il faut signaler aussi que Tina Salama est native de Bukavu au Sud-Kivu où elle a connu deux guerres. Passionnée de journalisme dès son plus jeune âge, elle est diplômée en Sciences de l’Information et de la Communication et licenciée en journalisme politique extérieure à l’IFASIC depuis 2012. Elle décroche, en 2019, un diplôme de master II International en management des médias à l’Université de Lille, en France. Entre 2001 et 2019, elle travaille à Radio Okapi où elle occupe, ses quatre dernières années, les fonctions de directrice adjointe des programmes. Depuis avril 2019, elle est porte-parole adjointe du président de la République, Félix Tshisekedi.

Valentin KABANDANYI