«Matata», le film de Petna Ndaliko clôture le Festival international de cinéma de Marseille
Les rideaux de la 21e édition du Festival de Cinéma à Marseille en France se sont baissés le 26 juillet dernier. Cette messe culturelle mondiale qui est convaincue qu’un film est un organisme vivant, aussi fragile que puissant, un assemblage mobile, a commencé tout d’abord en ligne du 6 au 10 juillet 2020 suite à la crise de Covid 19.[masterslider id= »2″]
Dans la catégorie, « Autres joyaux 2020 » du festival, se trouve « Matata », un film du réalisateur congolais Petna Ndaliko Katondolo. Promoteur du centre culturel Yolé Africa basé à Goma et du Congo International Film Festival (CIFF), anciennement appelé Salaam Kivu International Film Festival (SKIFF), Petna est le seul congolais au FID 2020. Son film « Matata » a été projeté le 23 juillet dernier et à la clôture du festival.
«Matata », 37’, dresse un inventaire de l’Afrique et de l’héritage de ses représentations. La parole y est confisquée, et l’homme et la femme y errent sans pouvoir jamais vocaliser la violence dont ils sont témoins ou victimes. La photographie, et le cinéma, sont dès la séquence d’ouverture autant une technique de prédation qu’un instrument de beauté : documents ethnographiques filmés par le colonisateur, ou encore images historiques d’acteurs de la décolonisation désormais morts et neutralisés en musées.
Représenté en noir et blanc, ce film montre aussi que là où la parole est absente, la musique s’impose, et la chorégraphie envahit les espaces de vie.
La danse y jouant plusieurs rôles, le réalisateur s’est justifié en ces mots : « Depuis l’époque où nos villages étaient raflés pour faire de nous des esclaves, suivie par l’aire du colonialisme, jusqu’à l’aire postcoloniale actuelle des plans de développement capitalistes, nos moyens de transmettre notre histoire et nos connaissances ont été interrompus », a-t-il déclaré sur le site du festival avant d’ajouter que «Nos corps sont les seuls vecteurs fidèles qui nous reste. Nous portons littéralement nos souvenirs dans notre sang, dans nos os, dans nos ADN. Et la danse est un portail pour ces souvenirs ».
Crée en 1999, le festival international de cinéma de Marseille est l’un des principaux festivals internationaux compétitifs, entre le documentaire et fiction, en France. Pendant 6 jours avec environ 23 000 spectateurs chaque année, il a pour ambition d’être un rendez-vous incontournable et festif, tant pour les cinéastes, les professionnels et les programmateurs du monde entier, que pour le public marseillais.