Le tout dernier titre de Alesh Chirwiza Aka King Lesh pousse les mélomanes à l’écouter par son caractère incitateur. Sur les réseaux sociaux, ceux qui l’ont écouté tournent des vidéos pour le chanter comme un hymne de rappel au respect des engagements. Avec son refrain court et interpellateur, « Oa motema mabe » (tu as un mauvais cœur), ce son, qui est à la fois provocateur et dénonciateur du vécu des congolais, a fait l’objet de notre entretien avec son auteur, l’artiste musicien et entrepreneur Alesh, initiateur de la plateforme Mental Engagé.
Quelles ont été les motivations dans l’écriture de ce texte ?
Entant qu’artiste la principale motivation pour écrire mes textes, c’est mon vécu et celui des personnes qui m’entourent. Le son « Oa motema mabe » est inspiré des réalités kinoises en particulier, et congolaises en général. Je suis l’un des artistes congolais qui a eu l’opportunité de jouer un peu partout en RDC et ayant vécu dans plusieurs villes à la fois. Ce qui me donne une perspective à la fois plus large sur les vraies difficultés que rencontrent les congolais.
A écouter sur : http://my.talents2kin.com/index.php?a=trackid=367
La vraie motivation est la qualité de l’employeur que nous avons en RDC. Juste un rappel à l’ordre aux employeurs. Est-ce-que pour nous qui sommes jeunes entrepreneurs, nous sommes les types de boss que nous souhaiterions nous même ? C’est de là qu’est partie la question. En même temps, le son devrait parler à tout le monde même la rue. Le son, on le voulait populaire. C’est pourquoi, je suis sorti de mes habitudes, très méticuleux dans la compo des textes. Ce texte n’est pas radical en ignorant le français pour laisser entièrement la place au lingala. Et, on l’a fait sans pas beaucoup écrire. Puisque le gars de la rue aime beaucoup danser. Comment lui faire danser tout en lui faisant réfléchir. C’était ça l’exercice. A part le quotidien de nos concitoyens, il n’y a pas d’autres motivations.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous vous attaquez aux institutions de la République ?
On ne s’attaque pas aux institutions de la République. Bien qu’elles ne soient pas non plus épargnées. Puisqu’il faut dire que je suis jeune, j’ai eu la chance d’avoir un parcours. En même temps, je fais des choix. Mon choix est celui de raconter ma vie, de raconter la vie de mes concitoyens, de raconter ma réalité à travers ma musique. Le morceau a une cible transversale. Oui, les responsables des institutions comme la fonction publique par exemple comment font-ils pour exiger de la performance à leurs employés quand ces derniers totalisent 3 mois d’impayement de salaire. Comment ils font pour garder ce genre de mec intègre, c’est là toute la question. Les institutions de la république ne sont pas ma cible principale. Le son s’adresse même aux entrepreneurs comme moi, aux privés qui maltraitent leurs employés.
Est-ce c’est une façon de dénoncer le refus d’organiser les élections ?
Non, je ne suis pas trop dans ça. C’est vrai qu’à un moment le morceau interpelle aussi les responsables politiques. En réalité, ce morceau nous interpelle, tous, en fonction de là où on se trouve. En 2008, j’avais fait un morceau sur les élus du peuple, j’étais très clair. Quand je fais un texte qui parle des élections, je ne vais pas par le dos de la cuillère, j’exprime mon râle-bol clairement.
Tout dépend de l’interprétation. Après tout, c’est à chacun de tirer le point positif et de changer s’il le faut.
Onassis Mutombo