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«Mon combat est que l’humoriste congolais puisse avoir une place dans la synergie internationale » (Ronsia Kukiel)

Ronsia Kukielukila Kongo Nzuzi, reconnu sous l’appellation de Ronsia Kukiel, est un humoriste congolais spécialisé dans les stand-up. Il s’est fait connaître au grand public grâce au festival Toseka de Kinshasa. À 26 ans, Ronsia, gagnant du prix RFI du meilleur jeune humoriste Africain en 2017 et Prix Lokumu Arts de l’humour 2019, est dans l’apogée de sa carrière, lui qui enchaine les spectacles du parlement du rire d’Abidjan, côte d’ivoire, au Marrakech du Rire, au Maroc, en passant par le casino de Paris. Devant arts.cd / GOMA, le natif de la commune de Kalamu est revenu sur son parcours et sa personnalité atypique avant d’évoquer son voyage à Goma, où il séjourne pour le compte du spectacle « Kukiel et ses potes ». Entretien.  

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Bienvenu à Goma. Contrairement à Kinshasa, vous n’êtes pas assez connu dans la ville touristique, une brève présentation. 

Ronsia Kukiel : Je suis un comédien de formation et humoriste de profession vivant à Kinshasa. Je suis aussi producteur, entrepreneur, metteur en scène et réalisateur. Je suis le dernier de ma famille composée de 6 enfants dont quatre filles et deux garçons.

« Comprenez que dans un pays où c’est la musique qui est considérée comme Art et que le théâtre, les arts de la scène ne sont pas pris en considération, on ne se sent que léser »

Pourquoi avoir choisi l’humour comme métier ?

 J’ai beaucoup de plaisir en étant sur scène. Comme je le dis souvent, le plus important ce n’est pas de faire le métier qui te rapporte de l’argent mais plutôt de faire quelque chose qui vous donne un peu de bonheur. Et mon bonheur je le trouve dans l’humour. C’est une vocation que j’ai découverte après la vie sacerdotale, que je voulais entamer, mais que j’apprécie beaucoup car ça m’a donné une grosse place dans la société. C’est une forme d’expression pour moi, avec la timidité que j’ai de ma nature, l’humour m’a servi de sortir de ce carcan.

Et si vous essayez de nous parler de votre parcours ?

Sacré parcours…s’il faut parler de manière courte, j’ai été à l’INA (Institut National des Arts) à Kinshasa. Je fais des études en formation d’Art, puis j’ai été gradué en Art dramatique. Je suis passé par les spectacles de théâtres avant les spectacles humoristiques avec les Vendredis du Rire, le festival Toseka un moment, Parlement du Rire, Marrakech du rire…et, aujourd’hui on essaie de faire ces évènements en répétitions. Ces derniers temps, je suis plus dans la production comme mon combat est celui de faire en sorte que l’humoriste congolais puisse avoir une place dans la synergie internationale. Je me déplace dans plusieurs villes de la RDC pour rencontrer d’autres personnes, donner de prestations mais aussi offrir des ateliers de formation d’écriture pour remonter le niveau.

Ronsia Kukiel à son arrivée  à l’aéroport international de GOMA pH tiers

Naturellement introvertie en étant enfant comme vous venez de l’évoquer, qu’est-ce qui vous a permis d’exceller dans votre carrière et d’être l’un de grands humoristes de la RDC ?

Bah… je garde toujours l’objectivité. Je sais ce que je veux. C’est vrai, je suis d’accord avec ceux qui ont réussi et qui disent que le travail est la clé du succès. Aujourd’hui, je suis content de l’accueil que j’ai reçu à Goma auprès de mes frères, qui ne me considèrent pas comme un humoriste kinois mais congolais. Pour moi, c’est une grosse fierté. J’ai travaillé assez dur, j’ai passé tout mon temps dans l’écriture en regardant les autres, en observant la patience qu’il a fallu pour qu’ aujourd’hui ce métier puisse avoir une place dans la société.

Et quels obstacles avez-vous surmonté ?

Concernant les obstacles, premièrement ce sont les humiliations. Comprenez que dans un pays où c’est la musique qui est considérée comme Art et que le théâtre, les arts de la scène ne sont pas pris en considération, on ne se sent que léser. Deuxièmement, on peut parler aussi de salles de spectacles. On peut avoir les idées mais sans savoir où les exposer par manque d’infrastructures de théâtre.

Votre première participation en 2017 au Parlement du rire et au Marrakech du Rire en 2018, qu’ont-ils rapporté dans votre carrière d’humoriste ?

De très belles expériences qui ont changé ma vie artistique, mon image, la perception aussi de l’artiste que je suis. Des challenges difficiles quand même, pas facile à relever. Je me suis senti comme un léopard quand je suis parti défendre la RDC en humour. Donc c’étaient des aventures riches en émotion, en apprentissage. C’était bien. Je pense que ç’a beaucoup impacté dans ce que je fais aujourd’hui.

Quels messages se cachent derrière  vos pièces d’humour ?

Je ne pense pas que je saurais me situer face à cela. Déjà je ne cache rien, je dis tout ce que je pense. Ce qui de fois paraît dérangeant pour beaucoup de personnes mais étant qu’humoriste, je n’ai pas de messages de positivité ou de négativité. Je ne suis pas un donneur de leçons. Je soulève plutôt des questions, je parle des situations et chacun est touché à sa manière.

« Il y a tant d’humoristes que j’ai encadré et parmi eux il y a ceux qui prestent au Parlement du Rire notamment les Nyota qui venaient de remporter le prix Jeunes humoriste africain Rfi »

Ronsia Kukiel avec l’équipe d’accueil de GOMA pH. Tiers

 Qu’est-ce qui vous aide à transmettre votre héritage aux jeunes humoristes de la RDC ?

 C’est mon cœur. Pour transmettre ce qu’on a, il nous faut qu’avoir un bon cœur. Aujourd’hui je suis venu pour Goma Rire Festival, je fais trois heures de vol. Un grand risque pour partager ce moment. C’est devenu mon habitude. Il y a tant d’humoristes que j’ai encadré et parmi eux il y a ceux qui prestent au Parlement du Rire notamment les Nyota qui venaient de remporter le prix Jeunes humoriste africain Rfi. C’est un vrai honneur pour moi.

Quelle perception aviez-vous de Goma quand vous étiez à Kinshasa comparer à ce que vous venez de vivre lors de votre arrivée  ?

C’est une image négative. Je ne sais pas si ce sont les médias ou les personnes de mauvaise foi. Goma est une belle ville, Goma est une ville qu’on a caricaturée de tout et pourtant c’est apaisant ici. Il y a des ouvertures et on sent que la population qui y vit est extrêmement à l’aise. Je lance donc ce message : qu’on arrête de présenter les négativités alors qu’il y’a n’a pas. Les congolais devraient en ce moment présenter les choses positives qui attirent les investisseurs.

Quelles sont les ambitions et initiatives que vous prévoyez faire ?

C’est déjà une école d’humour en vue. Des ateliers à répétition pour l’année 2021 sans oublier le fait que le Gondwana Club de l’humoriste Mamané va s’installer à Kinshasa bientôt. Ça sera un plateau qui va rassembler tous les humoristes congolais qui viennent de différentes provinces, sans discriminations.

Quel bilan dressez-vous de l’humour congolais ?

Je dirais qu’il y a une progression. L’humour congolais n’est plus statique. Il évolue du jour au lendemain. Il y a une forte présence de comedy club, une forte présence des entrepreneurs culturels et nous pensons que d’ici quelques années il y aura encore des choses positives.

Merci beaucoup pour l’entretien

C’est moi qui vous remercie….

David Kasi/GOMA