« Le Reporter du Feu », œuvre littéraire de Fidèle Kitsa, qui dans sa casquette de journaliste, raconte son vécu de la toute dernière éruption du volcan Nyiragongo, au mois de mai 2021 à Goma, au Nord-Kivu en République démocratique du Congo. Avec le souci de permettre à la génération présente et future d’avoir une documentation sur cette catastrophe naturelle, sa motivation à ses futures ambitions en littérature en passant par son dévolu jeté à Magloire Paluku pour la préface, le jeune auteur a parlé sans langue de bois devant le micro de Arts.cd. Entretien.
Vous avez fait vos premiers pas dans le journalisme entre les mains de Magloire Paluku. C’est ce qui a justifié son choix pour préfacier votre livre ?
Il y a deux raisons qui m’ont poussé à choisir Magloire Paluku pour préfacier mon livre. La première c’est parce que, non seulement il est journaliste, mais également il est historien avec une connaissance sur l’histoire des éruptions du volcan Nyiragongo surtout qu’en 1977 il était là, en 2002 également il était…c’est ce qui m’a motivé à le contacter. La deuxième raison est que c’est bien lui, je dirais, mon maître en journalisme. J’ai commencé ma carrière de journaliste dans ses bras à la radio Kivu1.
Dans l’avant-propos, vous regrettez qu’aucun souvenir écrit ne soit resté de l’éruption de 2002. Les écrivains de Goma ou de la RDCongo en général n’étaient-ils pas inspirés ?
Je ne vais pas dire qu’ils n’étaient pas inspirés à l’époque parce qu’il y a ces ouvrages qui ont été publiés entre 2002 et 2005. Peut-être ils n’ont pas eu le réflexe de rédiger un livre sur l’éruption de 2002. Les inspirations ont toujours été là et seront là, c’est juste le réflexe d’aborder certains sujets qui peut manquer, c’est ce que je pense.
« (…) Il serait mieux que les générations qui viendront après moi ne puissent pas se lamenter »
Étant journaliste, pendant cette période éruptive, vous étiez la source sûre des informations. Comment l’idée d’écrire un livre est germé ?
» J’étais juste chez moi à la maison, un soir tellement abattu, fatigué suite au boulot parce que pendant la période éruptive, j’ai beaucoup travaillé. J’ai passé des nuits blanches toujours en train de travailler et je me suis dit quand même il faudrait que je puisse faire quelque chose pour des générations futures. Car moi j’ai vécu l’éruption de 2002 mais aujourd’hui, il est difficile pour moi de raconter avec exactitude ce que j’ai vécu en 2002. J’étais tout gamin. Il est aussi difficile de trouver la documentation, de personnes qui expliquent bien ce qui s’est passé en 2002. Je me suis dit alors en 2021, alors que j’ai toutes les facultés mentales, je suis journaliste, il serait mieux que les générations qui viendront après moi ne puissent pas se lamenter disant qu’il y a une éruption mais personne n’a écrit sur cela, il n’y a pas d’archives, il n’y a pas documentation,… c’est delà que je me suis décidé d’écrire tout ce que j’ai vu, entendu, vécu pendant cette période et en produire un livre « .
« Le livre ne s’est pas forcément ressourcé sur les données tirées sur internet mais plutôt les données vécues sur place, tirées de la part de sources sûres (…) »
C’est votre premier livre publié. En quoi votre expérience de journaliste vous va-t-elle aidé à être écrivain ?
Mon expérience de journaliste m’a facilité à écrire ce livre. Tout ce que j’écrivais, je trouvais du plaisir à le faire. Je ne peux pas dire qu’en écrivant ce livre, ça m’a pris beaucoup de temps, d’énergie… non. Mon talent de journaliste m’a facilité car depuis avant j’écrivais des articles, de papiers de presse…ça n’a pas été la première fois d’écrire.
L’Internet étant un outil moderne qui peut garder les données aussi longtemps que possible. Ajouter à cela, les caprices de l’actuelle génération qui se lassent parfois des livres en dur. ça valait vraiment la peine de sortir ce livre, qui du reste, s’est ressourcé sur les données tirées en ligne ?
» Le livre ne s’est pas forcément ressourcé sur les données tirées sur internet mais plutôt les données vécues sur place, tirées de la part de sources sûres car moi, en tant que journaliste, j’avais réalisé des appels d’où il y a des déclarations dans mon livre, il y a des interviews mais il y a aussi certains propos tirés des médias. Aujourd’hui avec l’internet les choses évoluent voilà pourquoi mon livre n’est pas seulement en version dure mais aussi en électronique. On peut le retrouver sur Amazon.
Pourquoi vous n’avez pas statué aussi sur la gestion de cette crise par le gouvernement congolais et proposez de pistes de solutions en tant que expert en communication ?
En rédigeant ce livre, je ne me suis pas beaucoup appesanti à ma casquette de recherche en communication mais plutôt sur ma casquette de journaliste. J’ai juste présenté les faits, j’ai juste montré ce que j’ai vécu. Dans ce que j’étais en train de relater dans mon livre, il y a cette insuffisance de gestion de la crise pendant cette période par les autorités. Je n’ai pas donné les pistes de solution mais dans les faits, il y a cet aspect où en montrant ce qui s’est réellement passé dans le territoire de Nyiragongo et en ville de Goma, que je n’ai pas vraiment abordé en ma qualité de chercheur.
« « Le Reporter du feu » est le déclencheur d’une nouvelle carrière d’écrivain pour moi »
Après la sortie de cet ouvrage, pensez-vous que vous serez le même journaliste comme avant, même si les deux métiers sont proches ?
Je reste le même journaliste. Lorsqu’il s’agit de présenter les faits, je le fais pour les médias et également pour les livres car je n’ai pas vu quelque chose qui fait abstraction au journalisme, qui paraît m’empêcher à exercer mon travail. Je dirais que ce livre m’a permis de diffuser l’information que j’ai eue pendant l’éruption Nyiragongo.
Pourquoi conseillerez-vous à quelqu’un d’acheter et lire ce livre ?
Je conseille aux gens à acheter ce livre pour non seulement relire l’histoire de la dernière éruption, comprendre également comment a été cette éruption parce que les gens en parlent çà et là alors que ils ne l’ont pas vécu. Mais également permettre à ces personnes qui viendront après nous, ils auront déjà un archivage, une documentation pour avoir plus de lumière sur l’éruption du Nyiragongo.
Après cette première signature littéraire, que devons-vous s’attendre dans votre carrière d’écrivain ?
« Le Reporter du feu » est le déclencheur d’une nouvelle carrière d’écrivain pour moi. Avant la fin de cette année, il y a une œuvre sur laquelle je suis en train de travailler. Ça sera un article scientifique. En tout je suis devenu écrivain, je ne vais pas rester passif. Je vais beaucoup écrire surtout que mes livres ne seront pas seulement le roman, le récit mais il y aura aussi des livres qui seront en caractère scientifique parce que je suis chercheur.
David Kasi/Nord-Kivu