lundi, décembre 9
Meet the target Banner
Meet Logic PRINT Banner
Tous derrière les FARDC

« Notre secteur a besoin d’une politique d’équipement pour pérenniser nos créations artistiques » (Lofenia)

Maitre et jouissant d’une renommée internationale, l’artiste peintre Lofenia a un parcours fait notamment de la reproduction d’affiches de maisons, des expositions, des films… En plus de son talent inné dont il témoigne tant, Lofenia a utilement côtoyé  ateliers de grands peintres congolais notamment Chéri Chérin. Se confiant à Arts.cd dans son atelier du quartier VII dans la commune de N’Djili, il a évoqué l’épineux problème des finances qui mine le secteur en RDC. A cela s’ajoutent le manque des tableaux d’artistes peintres dans des écoles, le manque de budget et de salles d’expositions. Il demande au Ministère ayant la charge de la culture de développer une politique d’appui pour des raisons évidentes.

Artiste Lofenia, étant artiste peintre, quand avez-vous débuté votre carrière ?

J’avais débuté mon travail de peintre à l’âge de huit (8) ans. A l’époque, j’essayais de reproduire des affiches de cinéma de mon quartier. Mes parents et les membres de ma famille n’étaient pas contents des activités de décorateur et de peintre que j’ai exercé à l’époque. Ils considéraient que l’art de peindre appartenait à des gens peu instruits. De mon côté, je ressentais l’art dans mon sang et, j’en avais la passion. En 2000, j’ai compris que je suis artiste, et j’ai débuté l’activité d’artiste peintre : créer des tableaux de peinture. La même année, j’ai travaillé avec des expatriés pour la promotion de leurs entreprises. Et puis j’ai présenté des tableaux à des expatriés, et même à des autorités de l’Etat… Vraiment,  c’était comme cela le début de ma carrière d’artiste peintre.

Quel a été  ton bref parcours après l’atelier ?

Après mes différentes étapes d’apprentissage, en 2009, j’étais retenu artiste peintre international.C’était à la suite de mon exposition réussie à Kinshasa, en France et en Belgique, sous la thématique telle que ‘’Kinshasa moto en envers ‘’. En 2010, nous avons exposé sur le Cinquantenaire à la Symphonie des arts, sous le patronat de l’Union européenne. Et encore dans mon parcours, en 2011, j’ai exposé en France, en 2012, j’ai exposé mes œuvres de peinture sur la francophonie, j’ai fait des concours à l’Ambassade des Usa et j’ai remporté. Et du reste, j’ai exposé en 2013 en Belgique, en France et aux Usa, en 2014 de la même manière dans de nombreux pays, en 2015 j’ai fini mes expressions ‘’unique individuel’’. En 2016, j’ai exposé à Dubaï, à Hong-kong, 2017 j’ai exposé en Belgique, en France, à Hong-kong et aux Usa et, en 2018, partout dans le monde.

Comment avez-vous amélioré votre touche et votre plume d’artiste ?

En 2002, j’ai travaillé avec un artiste peintre de la nationalité congolaise, un des grands artistes peintres qui s’appelle Deveau. Après, nous avons tous suivi la lignée de Daniel Ruisseau, un artiste français qui n’a jamais vu l’Afrique ; mais qui a dépeint le paysage africain.

Cette ouverture a amélioré mes capacités. Cela m’a permis également d’accroître la connaissance des méthodes artistiques. Progressivement, je me suis fait un des disciples d’une autre grande figure  congolaise de la peinture, maitre Kikonda Kubutuka dit Chéri Chérin. En 2007, j’étais dans son atelier pour améliorer ma peinture, mon talent et mon travail. Et, en 2008, je suis passé auprès d’un ami, Claude Bukana. Ensemble, nous avons travaillé à l’atelier Art gliblé. C’est par là que  j’ai commencé à dispenser le cours de l’art. Je me suis encore inscrit à l’Académie des Beaux-Arts, ABA. Mais, je n’avais pas terminé mon cursus académique.

Est-ce que les Congolais s’intéressent à l’art et à la peinture en particulier ?

La RDC est un pays de l’art et des artistes. En matière de peinture, si quelqu’un confirme que les Congolais ne s’intéressent pas à la peinture, c’est faux. La preuve est que la RDC a des artistes peintres de qualité et de renom. Par exemple, moi, artiste Lofenia, je suis natif de la RDC, de même que mes maîtres. Le vrai problème réside plutôt dans la capacité d’achat, le pouvoir d’achat. Dans leur majorité, les Congolais n’ont pas de moyens pour acheter des œuvres d’art. C’est couteux. Des possibilités d’achat ne facilitent pas aux Congolais des choses. Les Congolais aiment l’art dans toute sa diversité : l’art classique, l’art de la peinture, la musique…

Et, dans les écoles, les tableaux d’artistes peintres congolais ne sont pas visibles. Que conseilleriez-vous au ministère de l’enseignement ?

Etant artiste peintre, la négligence des tableaux d’artistes congolais n’est pas bien. Les artistes font la décoration du monde, et l’art est une expression non négligeable. Le ministre de l’enseignement a l’obligation de promouvoir l’art de peinture par l’enseignement dans des écoles. Si les artistes n’existaient pas, le monde serait monstrueux. Les enfants ont besoin de connaitre le monde qui les entoure, par des expressions de l’art. Il faut, en effet, mobiliser de vrais moyens pour créer des amphithéâtres et des salles d’exposition. Cela va permettre aux élèves d’être en contact avec des artistes et l’art de la peinture.

 Et, pour le ministère de la culture et des arts ?

En effet, le ministère de la culture a un devoir de donner de la valeur à l’art de peinture. Il faut allouer un budget conséquent et engager des artistes pour la promotion de l’art congolais, et la vente d’œuvres congolaises dans le monde. Pas seulement cela, se pencher sur le cahier de charge des artistes musiciens et des comédiens qui, depuis un temps, sont motivés par un souci de dédicace. Il faut promouvoir la peinture congolaise tant enviée dans le monde. Pour cela, il importe de mettre en place une politique d’équipements : construire des salles, des amphithéâtres et des sites d’expositions de qualités et en quantité. Et, vous, médias et journalistes culturels, continuez de la manière dont vous êtes en train de soutenir les artistes.

Nzuzi Richard/CP

%d blogueurs aiment cette page :