Quand elle décide, pour la toute première fois, de vendre la résidence de Binza Ma Campagne laissée par son défunt mari, un vieil ami du couple l’en dissuade sans ambages: «Nini wana olingi osala, Marie-Rose! Koteka lopango, na ebele ya bana Jules atika, okotikala na boni na maboko, kosala eloko wana te, mama na biso!» ( Qu’est-ce que tu veux faire là ? Marie-Rose ! Vendre la parcelle avec plusieurs enfants que Jules (Papa Wemba) a laissé, tu vas rester avec combien entrain tes mains ? Maman, Ne fais pas ça).
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Cette fois, elle y a mis la forme: «En accord avec mes enfants, j’ai décidé de vendre notre résidence de Ma Campagne, pour en acheter une autre à Paris!»
Du coup, le Conseil des ministres s’invite à ce qui pourrait paraitre à première vue comme une affaire familiale… Il y voit plutôt une affaire d’État, considérant vraisemblablement que Papa Wemba appartenait désormais au patrimoine national, et que par conséquent son lieu de résidence devait être transformé en musée! Ainsi, l’option d’achat est dès lors envisagée par le gouvernement…
Pour Koffi Olomide qui a été longtemps le parolier le plus fécond de Papa Wemba, c’est plutôt le village Molokai à Matonge, là où tout a commencé, là où la légende est née, qui mérite d’être transformé en musée…
Village Molokai, ce lieu chargé d’Histoire ayant survécu tant bien que mal à la République de Kalakuta qui l’a inspiré un jour de février 1977…Kalakuta, cet État dans un État, bâti en plein coeur de Lagos par le sulfureux saxophoniste nigérian, Fela Anikulapo Kuti, pour narguer le régime des généraux au pouvoir… Retranché avec ses trente femmes, sa mère, les membres et fans de son groupe, le père de l’afro-beat concoctait, enveloppé par la fumée acide du cannabis, des titres torrides contre les excès d’un pouvoir corrompu et violent! L’armée finira par lancer l’assaut final sur Kalakuta, la République sera littéralement rasée… Et la mère de Fela succombera à ses blessures!
Ma Campagne ou Molokai, en tout cas un lieu de mémoire collective nous est donné pour pérenniser l’ensemble de l’oeuvre du plus grand ambassadeur de la rumba congolaise de ces vingt dernières années… Ses objets personnels, son immense dressing pourraient y être rassemblés pour d’éventuels touristes avec droit d’entrée, un service d’accueil et des guides! Au fait, si les nombreux fans du célébrissime chanteur, disséminés à travers le monde, étaient conséquents avec eux-mêmes, ils n’auraient même pas attendu le gouvernement congolais…
La fille de Pépé Kallé, Mbula, regrette amèrement aujourd’hui: si elle était un peu plus âgée à la mort de son père, elle aurait pu se battre seule contre tous pour conserver jalousement ses tenues de scène pour les exposer dans un musée privé! «Ebongo bilamb’ango ekenda wapi?» ( Où sont parti ses habits ?), lui demande Paulin Mukendi dans l’émission «Face B»… C’est la veuve qui va répondre: «Famille na ye bazua!» (sa famille a tout pris). Le journaliste bondit de sa chaise: «Oh, bilamba ya Pépé Kallé elingaki kokoka nani!!!» (les habits de Pépé Kallé n’étaient qu’à sa propre taille). Les yeux humides, elle coupe court: «Papa, ba tailleurs bazali!» (Papa, les tailleurs sont là)