
Que reste-t-il aujourd’hui de sacré en RD Congo? Dans son sens le plus large, le sacré, c’est ce à quoi, à qui l’on voue un profond respect, c’est pour quoi l’on est même prêt à donner sa vie… Simplement, c’est ce qu’on s’interdit de violer, ce qui transcende l’ordinaire… Allez, il n’y a plus rien de sacré sur les bords du fleuve Congo, circulez! Il n’y a plus rien qui indigne et le Prince, et le peuple! Ainsi, tous les canaux de transmission des valeurs ont été déstructurés…
La foi, le religieux sacrés? Hum, ici le clergé catholique est tourné en bourrique par un conglomérats d’aventuriers politiques de tous bords ayant choisi le pouvoir pour le pouvoir; son autel détruit à St-Dominique, les religieuses récemment battues par des inconnus, dont l’une violée à Kinkole… Là-bas, un regain de spiritualité incontrôlée avec une foultitude d’églises au kilomètre carré consacre un mélange de christianisme et d’animisme sur fond de charlatanisme! Ainsi, la tendance générale (« générale » est aussi souligné en rouge chez vous?) est de lire la Bible comme… un registre de commerce d’une entreprise familiale qui passera de père en fils… Sauf si la mère, ayant vu monsieur à l’ouvrage, tient à «signer» (comme on dit à Kin) la chaire!
La femme, sacrée? Alors qu’elle représente, pour parler comme Aragon, «l’avenir de l’homme», la femme reste ici cet être inférieur que la société maintient dans l’axe cuisine-chambre, son usine de fabrication des bébés! Curieusement, plus on évoque les droits de la femme, plus ceux-ci sont bafoués, méprisés systématiquement! A tour de rôle, l’armée et les groupes armés se déploient, depuis plusieurs années, sur le sexe des femmes dans l’Est congolais…
Justement, le sexe, sacré? Hum, il est manipulé, tel un jouet, sous le drapeau national (sacrilège eeeeeh!) et le portrait officiel du premier d’entre nous, par un vice-ministre qui nous lève le pouce de «ok», comme s’il venait de qualifier les Léopards pour la Coupe du monde… Et ce python qu’il nous est donné à voir par ce député dans un bureau soft, alors qu’on devait voir ce reptile dans un zoo!
L’Université, le diplôme, sacrés? Savez-vous qu’on peut exercer ici comme magistrat sans diplôme? Et ce sont nos dirigeants, parmi les plus occupés, qui rédigent en un clin d’œil leurs mémoires du troisième cycle et leurs thèses de doctorat, qu’ils soutiennent aussitôt après, avec «Alongi na ye!» garanti comme cerise sur le gâteau… Le cas le plus éloquent, c’est ce gouverneur dans l’arrière-pays qui défend son mémoire de Licence à Kinshasa! Ah, djamant peut ouvrir bien des portes dèh! Après la famille et l’école, l’université vient parachever la formation du caractère, de la personnalité d’un individu, car il le construit intellectuellement, mais aussi humainement, avant de le mettre à la disposition de la République…
Hélas, l’université cesse aujourd’hui d’être le creuset de l’excellence, le niveau le plus élevé de la conscience d’un peuple! C’est ici qu’un peuple prend conscience de lui-même, de son identité, de sa responsabilité historique… Quand un peuple perd son identité, sa foi en l’avenir, c’est l’université qui meurt la première!
Le travail, sacré? Ah, eeeh! A SUIVRE…
Didi Mitovelli /facebook