Le gospel est un genre de musique chrétienne avec des dominantes vocales qui varient selon les cultures. Dans ce dossier, arts.cd remonte le temps pour vous présenter un style pas seulement mais une mode de vie faisant partie du riche patrimoine musical de la République Démocratique du Congo.
Au 19ème siècle, le mot gospel, du vieil anglais godspell, signifie « évangile », rappelant que le Gospel fait référence au Nouveau Testament (symbole d’une nouvelle naissance, d’une résurrection, de la grâce qui libère des liens de l’esclavage). De nombreux récits racontent qu’au début, c’était « Go » and « Spell » : « Go » (allez), « Spell » (répandez), autrement dit : « Allez et dites leur ! » qui devient plus tard Gospel, qui se traduit de l’anglais par « Bonne Nouvelle ». Ainsi, le gospel qui était des chants de révolte en acapella contre une Amérique raciste, est devenu l’identité de la musique évangélique chrétienne qui s’est développé chez les afro américains et les blancs du sud des Etats-Unis.
Quid de la musique Gospel en RDC !
En République Démocratique du Congo, les mouvements messianiques ou des musiques religieuses se constatent à partir des années 1920, avec des irruptions du mot Dieu dans les compositions des œuvres musicales congolaises. Après 1960, il était compliqué de faire une ligne de démarcation entre un musicien chrétien et un musicien dit typique avec de titre tel que « Nzambe Nakomitunaka » de Verckys Kiamwangana. Des noms d’honneur et communs tels que ; « Nzambe », « Yesu », « Nkolo », « Masiya », « Nzapa », « Mungu », « Yahwe », « Nzambi wa Mpungu », « Nzon », « Yehowa », « Nzambi wa misumba », « Maweja nangila », « Nzambi »,…
Tout a commencé à l’église catholique avec les rites liturgiques congolais ou l’africanisation de l’église faite par le Cardinal Malula. Il fallait ajouter le tam-tam dans l’adoration dans les églises. C’est pourquoi les pères ou les précurseurs de la musique chrétienne sont sortis de là notamment Paul Balenza. Ses sons se confondaient avec ceux de l’église catholique. Pendant ses périodes là, la musique chrétienne a été celle qu’on jouait principalement dans les églises et aux deuils ou lieux mortuaires.
Avant, on ne parlait que de la Musique chrétienne tout court. Le concept Gospel Music en RDC est arrivé vers 1999 dans le souci de l’internationaliser et surtout de le mettre en compétition avec d’autres musiques notamment urbaines, ndombolo, rumba, rnb… Ce qui a permis à la musique chrétienne de s’ouvrir aux d’autres styles musicaux congolais tout en gardant ses codes phares.
L’arrivée en 1999, de l’album « Nzambe na Bomoyi » (Jésus For Life) du groupe Makoma a révolutionné la musique chrétienne. Donc, il était possible de chanter pour Dieu tout en étant habillé en pantalon, cheveux comme une forêt, et avec des piercings sur la langue. La famille Makoma sonne, à ce jour, comme une révolution de la musique chrétienne ou gospel.
Musiciens chrétiens et typiques « tous adorateurs » de Dieu !
Deux sujets majeurs caractérisent la musique congolaise moderne : la musique typique (mondaine) chante la femme et le social, parfois aussi glorifie Dieu. Musique chrétienne (Gospel) rend Gloire au grand créateur, (Dieu) et le social. Les exemples sont légions ; « Téléphone » du regretté frère Charles Momboya, « Bonjour » du Frère Patrice Ngoy…
Corneille, artiste chanteur et compositeur français d’origine rwandaise, chante dans l’une de ses compostions que, « le Bon Dieu est une femme ». Si cette affirmation faite par cet artiste de charme est pris en compte, c’est que les musiciens typiques chantent aussi pour Dieu et le social, du coup musicien chrétien et typique sont tous adorateurs du tout puissant, donc de Dieu. Décédé en 2014 au mois de février, King Kester a exposé son attachement à son Dieu dans la chanson « Nzila Velele ».
La Rumba chantée par les artistes dit typiques et gospel, y-a-t-il une différence? :
La richesse d’une musique, résidant aussi dans sa capacité d’emprunter d’autres styles, la musique congolaise gospel évolue dans un environnement ouvert et riche en diversité sonore. Voulant sortir du carcan des églises et autres lieux restreint, des frères et sœurs tels que, Thomas Lokofe, Marie Misamu avec le frère Debaba, Denis Ngonde, Alain Moloto, Athoms ont innové en proposant une musique joyeuse incluant la rumba, le soukous, ndombolo le folklorique et même le slam tout en restant sur les codes. Ce qui veut dire que la musique gospel est basé sur l’innovation mais tenant compte d’abord de sa communauté.
En termes d’illustration ; « Ngwende » du Fr Athoms, « Tuzolana » de la regrettée Marie Misamu, « Innocent moweyi » du Fr Thomas Lokofe… Et tout récemment, le frère Moise Mbiye, dans un seul album « Héros », s’est illustré dans plusieurs styles musicaux congolais et étrangers. Par exemple, le titre « Oza Mosantu ».
Pasteur Athoms et la rumba :
Musique gospel jalouse de ses codes !
Malgré son ouverture à l’international et son sens commercial, la musique gospel de la RDC reste jalouse et méfiante des autres musiques. Elle a ses codes : code vestimentaire, Code vocal, Code thématique, Code textuel…
La Musique gospel entre l’innovation et la qualité artistique signifie que les artistes gospel sont des musiciens qui n’évoluent pas dans un monde à part. Ils sont des entités humaines inondées par des œuvres artistiques de tout genre. Ils sont ceux qui restent à l’écoute de leurs environnements directs pour évangéliser avec des sons qui brouillonnent dans la communauté. Les musiciens gospel congolais sont ceux qui sont issus d’un pays artistiquement scandaleux avec des talents et créations inouïs.
« Praise the lord », le titre de l’artiste de Jow B sorti en 2017, peut bien résumer bien cette ascension et variation de la musique congolaise gospel en République Démocratique du Congo mêlant la riche tradition et les expériences nouvelles de la modernité.
Onassis Mutombo