Le sort de l’artiste musicien Jossart Nyoka Longo appartenait déjà au passé. Depuis la clôture de l’Assemblée générale du 9 février 2023 au Musée National, sa présence à la tête de la Société congolaise des droits d’auteurs et droits voisins (Socoda) se conjuguait au passé lointain. Les dernières mises en scène impliquant la Justice congolaise n’ont pas eu d’effet escompté.
Irrespect caractérisé des autorités publiques établies, violation des statuts, malversations financières, licenciements abusifs, immixtion du président du Conseil d’administration dans la gestion quotidienne, révolte des associés-coopérateurs, détournements révélés par le Directeur général,… la pente était trop penché pour que la nature relationnelle prenne partie pour le « Vieux Bombass ».
Longtemps resté au diable vauvert de cette question des droits d’auteurs, la Ministre de la culture, arts et patrimoines a sorti son grand jeu pour enfin (re)mettre de l’ordre. Elle a saisi la balle au bond pour arrêter l’hémorragie.
Au cours de l’assemblée générale du 9 mars 2023 d’un ton inhabituel, Catherine Furaha Kathungu a précisé, après succession de plusieurs articles, que la Socoda Coop-Ca ne peut pas se comporter comme échappant totalement à son droit de regard, car à commencer par le taux de perception de sa redevance et l’organisme national prévu à l’article 111 de l’ordonnance loi rendue par le Conseil d’état sous ROR 532/534 dans la mesure où c’est une société, tous ces processus d’opérationnalisation de la Socoda Coop-Ca, ont été conduits des mains de maitre par le Ministère, son Ministère, insiste-t-elle.
Qui est derrière l’ancien PCA Nyoka Longo ? « Il est le Vieux du Président de la république ! », répond Akuda, musicien du groupe Zaiko Langa Langa
Mouvementés, animés, désordonnés, les jours suivants l’assemblée générale l’ont été. D’abord une feuille de chou signée par un greffier contestant les résolutions sanctionnant cette rencontre de l’organe suprême de la seule société congolaise des droits d’auteurs.
Pendant que le Chef de l’Etat congolais lançait, le 24 février 2023, sur les artères de la ville de Kinshasa TransAcademia, bus destinés aux étudiants des universités publiques, quelques agents de la Police et agents de la Socoda ont été instrumentalisés pour barrer la route à l’installation du nouveau comité de la Socoda. Heureusement que le Secrétaire général aux arts avait accompli sa mission d’installation. Mais, malheureusement, cette activité solennelle s’est tenue à l’extérieur devant des portes du siège fermées comme le jour de l’indépendance de la RDCongo.
De l’autre côté, la justice a promis de faire parvenir à l’organe du Ministère de la culture, la réquisition pour y accéder. Pendant ce temps, la guerre bat son plein. Des tracts, des communiqués, des lettres du parquet en plus des juges ont été mis en contribution pour vouloir entretenir le flou sur un dossier clair, comme dirait, Christophe Lutundula, « claire comme de l’eau claire dans un verre clair ».
Comme les rebelles du M23, la partie Nyoka Longo, ancien Président du Conseil d’Administration (PCA) résiste à la volonté des coopérateurs et des lois de la RDCongo. Pour lui, tous les moyens sont bons, l’essentiel de rester accrocher. Pendant combien de temps encore ?
Selon les sources proches du Camp de Nyoka Longo, 9 coopérateurs dont Paul Balenza, Manda Chante sont allés récuser la dite assemblée. La mise en scène a été parfaite; l’accusé amène lui-même les avocats pour défendre la partie accusée Socoda et condamne la Socoda.
Qui est derrière Nyoka Longo défiant l’autorité du Ministre et les coopérateurs ? Cette question est sur toutes les langues de tous les artistes acquis au changement. C’est une vidéo l’émission sur la chaine Youtube « Remontada » mise en ligne le 1 mars 2023 qui vient de répondre clairement. Chanteur du Groupe Zaiko Langa Langa, Akuda, réagissant à une question d’une « Youtubeuse » sur la Socoda, dit d’un ton serein que, « Nyoka Longo est le vieux du Président de la République depuis la Belgique. Il est intouchable ». Le morceau est lâché.
Cette phrase explique toutes les manigances ? Le Chef de l’Etat est devenu l’allier de ceux qui torpillent les lois de la République ? Le Président de la République se penche-t-il du côté de ceux qui minimisent son autorité ? Et l’Etat de droit dans tout ça ? Heureusement que la haute autorité de la RDCongo tient à son image.
L’Honneur, s’il y en avait encore !
La journée du 17 mars 2023 a connu aussi sa dose. Dans la matinée, c’est l’acte du Journal officiel qui est venu apaiser les esprits publiant rendant officiel le 10 mars 2023 l’Assemblée générale. Tandis que le soir, c’est une décision du Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe siégeant en matière civile au premier degré à son audience publique du 13 mars 2023 qui va publier un autre communiqué. Pavé dans la marre, « la justice annule l’Assemblée générale portant Blaise Bula à la tête du Conseil d’administration », titre Opinioninfos.cd. Cette décision a été camouflé jusqu’à la publication du Journal officiel.
A ce niveau, plusieurs langues s’étaient déliées pour brandir le conflit devenant inquiétant nécessitant mort d’homme pour que les esprits se calment. Du côté de ceux qui occupent le siège, s’était fini pour le camp Blaise Bula accusant la Ministre de la culture de complice.
Après son retour de son voyage de Butembo, dans son fief du Nord-Kivu, la Ministre de la Culture publie un communiqué, elle-aussi, pour rejeter la décision de la justice annulant l’Assemblée générale. « Ministère de la Culture, Arts et Patrimoines a pris connaissance, dans les réseaux sociaux, de la décision judiciaire RC 124.306 du Tribunal de grande instance de Kinshasa Gombe rendu en date du 13/03/2023 et ordonnant l’annulation du Procès-verbal de l’Assemblée Générale Ordinaire de la SOCODA COOP-CA tenue en date du 09 février 2023 sur convocation du Ministère », lit-on dans ce communiqué de presse du Ministère de la culture, arts et patrimoines de ce 18 mars 2023.
Le communiqué précise que, « le Ministère de la Culture, Arts et Patrimoines rejette la version selon laquelle il y aurait eu quelconque irrégularité dans l’acte de convocation de l’Assemblée Générale Ordinaire du 09/02/2023, dans la mesure où l’acte de convocation de ladite Assemblée Générale a été homologué par un arrêté du Conseil d’État ».
Le Conseil d’Etat se jette dans l’eau mais refuse de se mouiller !
Cet avis du Ministère de la culture a créé encore une confusion dans les parties en conflit impliquant même le Conseil d’Etat. Les propos du Ministère ont mis à la place publique un dysfonctionnement flagrant dans l’appareil de l’Etat Ministère VS Conseil d’Etat. Le Conseil d’Etat, se voyant coincer malgré les assurances données aux avocats, va faire marche en arrière et battra retraite sagement. Le 17 mars 2023, le cabinet du greffier en chef écrira au Ministère sa décision.
Dans sa correspondance, il affirme, «(…) j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que je rapporte ma lettre susvisée en raison du fait que le juge des référés ayant rétracté l’ordonnance querelle sous ROR541, l’arrêté ministériel dont les effets ont été suspendus demeure valable ».
Comme un coup de massue, cette lettre du Conseil d’état vient de signer une première grande défaite pour la partie prônant la continuité des affaires. A cet instant précis, l’espoir est jeté vers un remaniement pour jeter le bassin, l’eau et le bébé.
Chambardement loupé, Catherine Kathungu demeure et la mise à jour ira jusqu’à 100%
A en croire un observateur proche du leader de Zaiko Langa-Langa, toutes les manœuvres initiées avaient pour objectif précis : attendre remaniement ministériel pour tout chambouler.
Selon leurs cabres reliées à la Présidence de la République, Catherine Furah n’allait pas survivre du réajustement du gouvernement Sama Lukonde. Ainsi, une fois Ministre de la culture remplacé, le Conseil d’administration Nyoka allait résister le temps que le nouveau locataire du palais situé sur le boulevard du 30 juin s’imprègne du dossier. Et l’affaire allait subir une mise à jour au bénéfice de ce dernier.
Hélas ! L’espoir s’est envolé, disait King Kester Emeneya. A l’annonce de la reconduction de Catherine Kathungu à son poste de travail, plusieurs sont restés sans mot et éberlués. Ce feuilleton touche déjà à sa fin.
Non, les ténèbres ne règneront pas toujours. En gardant, cette dame de fer à la tête de cette institution, Felix Tshisekedi, Président de la République, a validé le plan de la reforme de la Société congolaise des droits d’auteurs et droits voisins. C’est ici que l’ancien Conseil d’administration vit ses derniers jours.
Onassis Mutombo