
Dans un pays où le ndombolo et la rumba règnent sans partager ni modifier la constitution, le studio Kinshasound façonne des artistes et booste des carrières de la musique urbaine. Crée il y a 5 ans au cœur de la commune de Bandal, cette bicoque qui renferme cet empire dont la notoriété a traversé les frontières nationales, permet l’émergence de nombreux talents. Rencontre avec Jophat Kasereka Muvunga, dit « DDT l’Empereur» :
La naissance de Kinshasound part de la volonté entre amis de créer un label pour pouvoir aider les artistes de la scène hip hop à émerger. Après l’abandon de ce souci, seul DDT Empereur a pris le bâton du pèlerin pour pérenniser cette vision ; celle de mettre au devant de la scène des talents de la musique urbaine. Le soutien consiste à dénicher des talents, à les conscientiser avant de mettre leur disposition un studio d’enregistrement et des séances vidéos tout en signant un contrat de production phonographique (signe l’œuvre et non l’artiste) au préalable.
« Nous sommes les pionniers de la culture urbaine »
Actuellement, Kinshasound propose la rédaction de titre à chanter, la création de l’instrumental, l’enregistrer, mastering,… « Pour le moment, Nous essayons de produire les artistes musiciens dans le domaine de la musique Hip hop. Nous n’engageons pas de gens mais il y a juste un comité qui contribue à la survie du studio Kinshasound. Nous ne sommes pas une société commerciale, mais plutôt une ASBL. Nous avons deux personnes en permanences et moi-même ça fait trois » indique DDT Leader avant d’avouer que ce label est spécialisé dans la création des musiques, des enregistrements sonores et vidéos.
Difficile à chiffrer le nombre des artistes qui ont reçus un coup de main de Kinshasound. Même son « Empereur » n’a pas le chiffre exact. « Alors compter, ça sera très difficile. Nous avons travaillé presqu’avec tout le monde qui évolue dans le secteur urbain. Je ne cite pas: Oliverman, Larousse Marciano, Iceman, Jazz-bouzz… mais il y a aussi la génération actuelle qui nous fait confiance. Après un travail sérieux de booster les rappeurs et artistes, nous sommes devenus le pionnier de cette culture urbaine. Nous aidons les artistes sans rien demander de consistant en retour », se bombe t-il le torse.
« La SOCODA en question !, le système culturel est pourri (…) »
Evoquant le gain, DDT avoue que c’est par passion qu’il résiste dans ce métier. Puisque, regrette t-il, ça ne rapporte pas. Tout en étant prêt à offrir tout à un artiste musicien le leader de Kinshasound n’accorde pas assez des crédits à la SOCODA (Société Congolaise de Droits d’auteurs et de droits voisins). Pour lui, ce sont des paramètres à régulariser.
« Mais à la fin, lorsque nous l’avons voulu régulariser nos artistes, on ne faisait que des démarches qui n’aboutissaient à rien. Le système culturel est tellement pourri, on a eu des maux de tête. On a vite essayé de s’ouvrir au monde via internet qui nous a permit d’avoir des contacts avec des distributeurs digitaux des musiques. Pour l’instant notre distributeur officiel, c’est Akila Production qui nous aide à rentabiliser nos produits. C’est ce qui nous a facilité l’enregistrement à la SACEM, qui est une structure mieux organisée que notre Socoda », dénonce t-il.
Excavant les difficultés, ils sont énormes à vue d’œil. D’abord les locaux. Ils sont exigus. Cette situation empêche même cet empire à s’élargir et avoir un personnel plus large. « Le loyer coûte très cher à Kinshasa. Ça nous bloque même pour l’achat des matos et quand on calcule nos revenus, on n’a presque rien», affirme t-il.
Toutes les promesses faites pour apporter une pierre à cet édifice par des grands noms comme Youssoupha, Soprano, après leur visite dans cet endroit au milieu du marché… sont restées jusque là lettre morte. En entendant, la vie de l’Empire continue.
OM