Secrétaire générale académique, Modéliste, styliste, enseignante, Lydia Nsambayi est une femme battante au propre sens du mot. Sa carrière est un motif d’inspiration. Ainsi, en marge du mois dédié aux droits de la femme, cette dame de fer a été choisie par la rédaction de www.arts.cd pour son leadership pour inspirer et servir de modèle pour l’actuelle génération.
Dans cet entretien, Nsambayi évoque la construction de sa carrière, mais aussi de l’équilibre entre sa vie privée et professionnelle pour conscientiser la femme congolaise à travailler et à persévérer dans leur domaine de prédilection pour aboutir à un résultat satisfaisant.
Femme aux origines multiples !
Elle, qui est originaire de la province de Lomami, née à Bukavu dans la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo, Lydia Nsambayi a grandi à Goma. Elle s’est installé à Kinshasa où elle a continué ses études secondaires, humanitaires, ensuite universitaires.
Pour Lydia Nsambayi, Professeure d’université et opératrice culturelle, sa vie professionnelle ne l’empêche nullement de remplir ses tâches familiales comme mère d’une famille de trois filles.
Avec les trois pôles importants de sa vie, notamment l’enseignement, la mode et la famille, Lydia Nsambayi a réussi à tirer l’attention du grand monde grâce à ses créations vestimentaires. Et, c’est en 2015 qu’elle a commencé à fonctionner officiellement avec son atelier de confection et sa marque Lydia Design.
Après ses études universitaires à l’Institut Supérieur des Arts et Métiers (ISAM), elle a eu le courage d’ouvrir son atelier de couture à la maison, d’abord. Son parcours atypique n’a pas été facile. Elle, aussi, a vécu des difficultés comme toute personne qui cherche à sortir sa tête dans un monde hétérogène.
«Mon abnégation a motivé les gens à avoir confiance en moi. Quand j’étais permanente à mon atelier, je l’ouvrais à 6h 45 après avoir déposé les enfants à l’école à 6h 30. Je fonctionnais comme ça jusqu’à 19h 30. Les gens ont vu la rage que j’avais et les vêtements qui étaient produits à l’époque et j’ai commencé avec deux machines chez moi à la maison», confirme-t-elle.
De l’atelier à la maison jusqu’à une marque !
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De 2003 en 2014, elle a évolué de manière officieuse avec ses deux machines à pédaler. En 2005, l’ISAM l’a rappelé pour enseigner, mais cela n’a pas interrompu sa vision de travailler à la maison dans un premier temps. Certains ne pouvaient miser sur elle estimant qu’elle accordait beaucoup plus du temps à sa carrière d’enseignant au lieu de créer des modèles.
C’était un challenge qui lui a été lancé. Il a fallu que les gens comprennent qu’elle est assez voyante pour créer des vêtements.
«Les réalités n’étaient pas facile, il y avait certaines personnes qui ne croyaient pas en moi puisque j’étais beaucoup plus dans le secteur académique. De fois quand on est dans le secteur académique, on ne pratique pas beaucoup à l’extérieur. Il m’a fallu montrer aux gens que je pouvais, malgré le fait que j’étais déjà mère d’une famille», ajoute-t-elle.
Au fur et à mesure, elle a décidé de se faire connaître en délocalisant son atelier de couture, c’est en 2015 qu’elle a commencé à louer une maison pour la vente de ses produits. Elle achetait ses machines l’une après l’autre jusqu’avoir des machines à pédaler, électriques et industrielles.
«C’est en 2015 que je me suis dit qu’il est temps d’agrandir la vision et j’ai toujours continué avec l’ISAM et mon côté opérateur culturel. Il m’a fallu braver des multiples tracasseries administratives au pays pour aboutir à un atelier de confection. C’est depuis 2010 que j’ai pensé à ma marque -Lydia Design- que j’ai su la former en 2015 et c’est en 2016 que j’ai fait ma première collection», a-t-elle déclaré.
Après avoir obtenu la subvention de la part de la banque mondiale en 2021, initiative du Chef de l’Etat Felix Tshisekedi destinée aux femmes entrepreneurs qui est arrivée vers elle en 2023, Lydia Nsambayi a profité d’ajouter quelques matériels de travail comme des machines de broderie, des machines à couper, des ciseaux électriques et autres.
De la marque à l’événementiel !
«C’est en 2022 que j’ai bénéficié d’une subvention. J’estime qu’on ne peut pas habiller toute la République mais le peu que nous habillons peuvent nous aider à monter», exhorte-t-elle les femmes de la mode.
Citée en tête des femmes qui font la promotion de la mode en République Démocratique du Congo, Elle se présente aussi comme entrepreneure culturelle grâce à un événement de la mode qu’elle a initié, «Kinshasa Mboka Ya Masano».
Cet événement se déroule chaque année sous deux aspects, le fashon show et la soirée de gala. «Kinshasa Mboka Ya Masano» réuni les artistes modelistes et stylistes et aussi les artistes graphistes du pays. Il s’est tenu l’année dernière au Musée national pendant deux jours, sous la thématique 450 couleurs pour démontrer les 450 ethnies que possède la RD-Congo, un pays riche culturellement.
Trophées se succèdent, Prix Lokumu Arts.cd de la Mode en 2021
Son travail est apprécié. La qualité de ses créations attire. Prix Lokumu Arts.cd de la mode en 2021, Lydia Nsambayi est accepté aussi grâce à sa véhémence.
En 2023, elle a été nominée prix de la révolution vestimentaire par étoile Awards RDC. Ressortissante de l’ISAM, Lydia Nsambayi sait s’adapter à chacune de ses casquettes. Elle définie l’enseignement comme un métier assez formel. En effet, elle ne se laisse pas dans la fantaisie pendant qu’elle dispense son cours contrairement à sa casquette de styliste. Avec ses enfants, elle est à la fois dure et aimante. Ce qui fait en sorte qu’elle maintienne son équilibre vital.
«Je réalise entre l’ISAM, la maison, les enfants et j’ai toujours mes clientes qui viennent. J’ai essayé de mettre tout ça en musique et le parcours est satisfaisant. Je me dit que l’éternel a accordé, puisque ce n’est pas facile de naviguer entre plusieurs zones. Le métier que j’ai, entant que styliste, est un métier assez voyant et la plus part de gens donnent une connotation assez vulgaire pendant que c’est un métier très artistique, de l’autre côté l’enseignement qui est un métier très formel qui n’ouvre pas beaucoup de fantaisies. Il faut ajouter encore la maman de la maison», avoue-t-elle.
Entant qu’artiste, son projet est de continuer à fédérer les stylistes pour qu’ils définissent ensemble leurs besoins, droits et devoirs.
Secrétaire général académique à l’ISAM, Lydia Nsambayi est une femme remplie d’ambitions. Elle continue son troisième cycle à l’Université des Sciences de l’Information et de la Communication (UNISIC) ex IFASIC, dans le département de la communication.
Espoir, encore de l’espoir !
Conformément à la thématique mondiale de la célébration de la journée internationale des droits de la femme: «Donner des ressources à la femme», elle, de son côté, milite pour que les femmes congolaises excellent dans leurs domaines respectifs.
Par ailleurs, elle a toujours soutenu les femmes habitant dans l’Est de RD-Congo, à travers des messages de paix, d’amour et de force, surtout à travers sa fondation, qui organise des activités pour venir en aide aux filles mères de la ville de Kinshasa.
Plamedie Mbenza