
Invité par l’Institut français du Sénégal pour l’exposition Identités linguistiques flottantes, Richard Monsembula Nzaaba, avocat des droits culturels, dessinateur et responsable de l’Atelier Monzari, a passé trois semaines au Sélébeyoun pour travailler consciemment sur cet écart entre reconnaissance internationale et abandon institutionnel sur le plan local.
Sur place, la résidence a agi comme un révélateur. Le responsable de l’atelier Monzari a observé un écosystème où l’art est valorisé, circulé et soutenu une réalité qui contraste avec la situation congolaise.

Sa rencontre avec des pairs sénégalais, notamment l’échange avec El Hadji Sy, l’a confronté à une question lourde de sens; « Dans quelle humanité es-tu, Richard ?» Une interrogation moins technique qu’existentialiste, pointant l’absence d’un environnement capable de soutenir et de structurer le développement des artistes congolais.

Artistiquement, Monzari a fait du papier kraft un manifeste; deux toiles de 2×2 m (Les Mots oubliés et Entre deux mondes), kraft collé sur toile, où le brut dialogue avec la sacralité du support. Le premier représente un jeune garçon de dos, face à un mur recouvert de graffitis, le second une jeune fille partagée entre deux réalités contrastées. Ces œuvres explorent la capacité de la jeunesse à interroger l’origine des savoirs et se réapproprier son héritage, tout en questionnant la déconstruction identitaire.

Faisant la restitution de son passage au Sénégal constate que même le support le plus humble peut porter mémoire, résistance et identité, à condition que le champ artistique bénéficie d’un cadre structurant et protecteur.
De retour à Kinshasa, Richard Monzari poursuit et amplifie son travail de formateur, déjà engagé depuis 2020 avec plus de 20 jeunes. La résidence de Dakar lui apporte une perspective enrichie : des modules pédagogiques plus structurés, ouverts aux jeunes et adultes, et une production artistique renforcée, capable de dialoguer avec les exigences d’un patrimoine culturel à protéger.
En tant qu’avocat-artiste, il relie création, formation et droit. Il veut protéger les œuvres, professionnaliser les pratiques et défendre le patrimoine deviennent des urgences aussi pressantes que la production elle-même.
Cette résidence de trois semaines à l’Institut français du Sénégal n’a pas seulement nourri une évolution formelle chez Monzari; elle lance un signal clair aux pouvoirs publics, aux institutions culturelles et aux professionnels; sans stratégie et protection, l’art plastique congolais risque l’effacement.
Considéré comme l’un des artistes les plus productifs de la RDC et pionnier de la pédagogie du dessin, Monzari revient de Dakar avec une vision consolidée et un appel à l’action; structurons, protégeons, transmettons.
Ainsi, à l’en croire, le passage de l’atelier de Monzari à Dakar en novembre dernier a mis en lumière un paradoxe ; l’éclosion des artistes congolais à l’étranger, alors que l’art plastique en RDC reste sans structure, ni protection et évolue sans une politique culturelle cohérente.
Gabriella MALENGO



