
Lors d’un séminaire organisé au Centre Missionnaire Philadelphie, le pasteur Marcello Tunasi a relancé un débat sensible dans le milieu gospel en déclarant : « Je ne croirai jamais aux musiciens qui demandent de l’argent avant de chanter dans une église».
Ces propos, largement relayés, soulèvent des questions profondes sur la place, la valeur et les conditions du travail artistique dans les milieux religieux.

Une tension ancienne : service spirituel vs travail artistique
Sur le plan artistique, la musique gospel repose sur un haut niveau d’exigence. Derrière chaque prestation se trouvent de nombreuses heures de répétition, un investissement financier important (tant pour la location de salles de répétition que pour le transport des participants) et une technicité acquise au fil des années.
Pour certains, servir dans la musique est une vocation ; pour d’autres, c’est aussi une profession.
Cette ambivalence renvoie à une réalité biblique souvent citée dans ce débat : « L’ouvrier mérite son salaire » (Luc 10:7), un verset qui souligne l’importance de reconnaître la valeur du travail fourni, même lorsqu’il s’exerce dans un cadre spirituel.
Un enjeu social : la précarité des artistes gospel
Dans de nombreux contextes, les artistes gospel vivent une précarité méconnue. La musique représente pour eux un moyen de subsistance, de soutien familial et de développement personnel.
Les inviter à servir totalement gratuitement, alors que d’autres prestataires de l’église (techniciens, agents logistiques, décorateurs) sont rémunérés, pose un problème d’équité.
La volonté de préserver un service « gratuit pour Dieu » se heurte alors à la réalité économique de ces artistes.
Des groupes “chrétiens” pas toujours composés de croyants. Un aspect souvent ignoré concerne la composition réelle des groupes musicaux dits “chrétiens”.
Dans plusieurs orchestres, tous les membres ne sont pas nécessairement croyants. Certains musiciens sont recrutés pour leur talent, et non pour leur foi.
Dans ce cas, il devient difficile et injuste d’exiger un service bénévole.
Un artiste non croyant ne peut être soumis aux mêmes exigences spirituelles qu’un fidèle engagé. La rémunération apparaît alors comme une obligation à la fois professionnelle et morale.
« L’avenir de la musique dans l’Église dépendra de sa capacité à valoriser ses talents »
Entre enseignements bibliques, réalités sociales et exigences artistiques, le débat sur la rémunération des musiciens gospel continue de diviser.
Mais une chose est certaine : l’avenir de la musique dans l’Église dépendra de sa capacité à valoriser ses talents, à être juste envers les artistes et à investir dans sa propre jeunesse.

Si un artiste se considère comme un professionnel, il doit être rémunéré pour son service, conformément au principe biblique :
« L’ouvrier mérite son salaire » (Luc 10:7). Dans le cas contraire, les églises doivent assumer leur responsabilité : former leurs propres jeunes chrétiens, offrir des cours, encadrer les passionnés, financer des ateliers musicaux et développer des ministères artistiques structurés, après les avoir enseignés et accompagnés spirituellement.
Amos Katompa/(Voir photo)



