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Inauguration du Centre Culturel et artistique de l’Afrique centrale

Franco Luambo et Bana Ok 32 ans après, Manda Chante l’héritier ?

Il y a 32 ans décédait en Belgique le monument de la musique congolaise et africaine. Luambo Makiadi est né le 6 juillet 1938 à Sona Bata dans le Bas-Congo , d’une mère Mukongo et d’un père Mutetela. En 1948 , à l’âge de 10 ans , il perd son père , il sera élevé par sa mère , maman Mbonga. Inscrit à Saint Georges de Kintambo, il ne répond pas à l’attente de sa mère qui voulait faire de lui un intellectuel- il n’aimait pas l’école-, entre l’école et la rue , il choisit la rue.
Déscolarisé très tôt , il connaît une enfance difficile, il vit dans la pauvreté , sa vie s’identifie dans une large mesure avec l’histoire du Congo, il fait partie de ce miroir de contradictions de la vie du congolais ordinaire ; il a traversé toutes les étapes du Congo. Trois personnes ont joué un rôle déterminant dans sa carrière , Albert Luampasi , Paul Ebengo Dewayon et Henri Bowane.

Le 06 Juin 1956, au bar-dancing “Home de Mulâtre” croisement rue Ruakadingi et l’avenue Prince Baudouin (aujourd’hui Kasavubu) que l’Ok Jazz voit le jour. C’était le lieu de retrouvailles de l’association des métis de Kinshasa dont faisait partie Cassien Germain Gaston Oscar Kashama propriétaire du bar “Chez Cassien” O.K. Bar au 102 rue Itaga, commune de Kinshasa. Il s’impose et devient par son charisme le leader incontesté face aux Lando Rossignol, Jean-Serge Essous etc..
Le soleil de l’indépendance du Congo en 1960 brille sur l’Ok Jazz, et lui apporte un éclairage nouveau, un vent juvénile souffle sur l’Ok Jazz, avec l’entrée en lice des jeunes talentueux comme Kwami et Mujos.
En 1961 , Luambo et l’Ok Jazz se rendent en Belgique pour la première fois, et enregistrent plusieurs titres dont le fameux « Chérie Zozo » , aux éditions Surboum African Jazz.
L’Ok Jazz se transforme en une véritable entreprise en 1963, Franco Luambo prend le dessus et le transforme en Tout-puissant Ok Jazz.
L’Ok Jazz sera considéré comme l’orchestre le plus populaire du Zaïre , une institution ( kilo ya kinshasa). Une pléiade de musiciens viendra faire école dans cette formation : Verckys , Sam Mangwana, Michelino, Josky, Madilu, Djo Mpoyi, Carlito, Ndombe, Youlou, Dalienst, Lutumba, Papa Noël, Wuta Mayi, etc….
Pamphlétaire, éducateur et moralisateur , Franco Luambo Makiadi utilisera sa guitare et ses chansons pour combattre et dénoncer les maux de la société zaïroise. La satire devient l’un des domaines où il se singularise et excelle dans l’écriture de ses textes. Sa chanson « Mario » fait danser le Congo et fait le tour d’Afrique , il s’agit d’un séducteur, plus jeune , un gigolo, en quête d’argent facile entretenu par une femme argentée et riche mais en manque d’ébats sexuels. Son parcours sans équivalent, son charisme, son talent et sa personnalité en ont fait le passeur d’un demi-siècle de musique , il créa le rythme rumba odemba. Maracas d’or en 1983 et disque d’or en 1985, en 33 ans de carrière, il enregistrera pas moins de 150 albums , des biens immobiliers en Europe et au Zaïre, deux sociétés , un bar , des parcs automobiles , des comptes en banque ; parti de rien , Luambo n’était pas seulement musicien mais aussi un véritable patron d’un empire florissant. Véritable chantre de la révolution et de l’authenticité zaïroise, Luambo Makiadi a connu la prison. Il a écrit des chansons osées, obscènes ( Jacky et Hélène), la justice s’en est mêlée et le procureur de la République de l’époque Kengo Wa Dondo requerra contre lui la peine de prison de deux mois. L’ordre national du Léopard, la haute distinction du pays lui sera retirée. Il retrouva la liberté grâce à l’intervention du maréchal Mobutu. Quelques mois après, le 12 octobre 1989 , Franco Luambo meurt en Belgique à l’âge de 51 ans.

Après départ de Franco, Lutumba Simaro, musicien guitariste et auteur-compositeur de son vivant a porté la lourde charge de Bana Ok durant plus de 30 ans avant. Sentant sa mort venir, Vieux Lutumba a cédé le pouvoir à Manda Chante. « Mi Wenge, Mi Rumba, Ce dernier liant l’esprit Wenge et la noblesse de Bana Ok tient le bâton avec plusieurs contestations comme dans toutes les sociétés africaines.

Jean Claude Mombong/Arts.cd

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