La compagnie Cinématographique La Louve aimantée présente, dans le cadre de la neuvième édition du festival du cinéma européen, la dernière de ses productions intitulée « Mambamutu » réalisée à Goma à l’Est du Congo.
Créée depuis 2005 à Paris, cette compagnie travaille sur les sujets des violences envers les femmes et sur la question du non-dit familial, social et politique.
« Mambamutu » qui veut dire « Sirène » en français ou « Mamie Wata » en Lingala, est un court métrage de 14 minutes qui retrace le portrait d’Esperance, une femme, résiliente et protectrice, victime des violences sexuelles et de trahison. Dans une approche à la fois documentaire et onirique, ce film fiction tente de tisser des liens entre la présence mystérieuse de la sirène, la puissance de la nature et les fantômes qui dorment dans le lac Kivu.
Pour Espérance, l’héroïne, Goma, sa ville, brutale et violente dégage une force et une énergie incroyables bien qu’elle l’est très écrasante tandis qu’Idjwi lui apparaît comme une sorte de dernier paradis qui l’incite à se recentrer, à prendre conscience des valeurs qu’elle souhaite partager.
Le film se déploie dans deux espaces en dichotomie chargés d’une histoire commune forte, au cœur du Lac Kivu en plein Goma et à l’île d’Idjwi. Mambamutu exerce sa protection et sa force auprès de l’héroïne. Elles apparaissent, en miroir, comme une figure de résistance face à l’oppression.
Quand le théâtre devient un cri d’espoir
Depuis 2010, Florence Bermond, directrice artistique de la Louve aimantée, commençait à écrire sur les violences. Le but est de mettre en lumière un aspect ignoré et caché de la vie des femmes. De l’écriture à la scène, Florence a mis en scène avec 18 autres femmes de 8 nationalités différentes, sa création théâtrale « Simone ». Une création qui a rencontré plusieurs freins pour raison d’absence du mouvement MeToo dans certains coins de la France.
» À ce moment là, parler des violences envers les femmes restait tabou… » nous a t-elle appris.
Cela ne l’a néanmoins pas découragé, a t-elle poursuivi. au contraire, plusieurs rencontres avec des féministes activistes libanaises, congolaises, turques et françaises ont renforcé sa détermination et la nécessité d’une prise de parole à partir de l’objet artistique.
Entre 2018 et 2022, Florence a écrit et mis en scéne « Des Guerrières ». Une création qui peint la résistance des femmes dans le Kivu en République démocratique du Congo à faire entendre leurs voix et à briser le silence assourdissant sur une situation qui concerne pourtant tous les citoyens du monde.
Le film « Mambamutu » sera projeté toute cette semaine du festival dans les centres culturels de la capitale, à la Ndaku La Vie est Belle le lundi, le Mardi au Centre Wallonie Bruxelles pour la Soirée de courts-métrages sur l’Est du Congo, le Mercredi à Mokili Na Poche, le Jeudi au Centre culturel M’Eko et la chute, Vendredi à la Maison des Mwindeurs puis, en octobre prochain à l’Est du pays.
Joshua Desvers Nsiala