
Le Conseil national de la jeunesse à Kinshasa a accueilli, ce samedi 31 mai dernier, le lancement officiel de la revue littéraire « Le Regard d’ici ». Ce premier numéro, qui a rassemblé des auteurs venus de l’Est et de l’Ouest du pays, explore les réalités de la guerre et ses impacts sur les populations congolaises, sous le thème évocateur : « Belligerance et ténèbres ».
L’activité, organisée dans la salle de conférence du Conseil, a débuté à 14 heures par un mot de bienvenue prononcé par Destin Weragi, initiateur du projet. Les interventions se sont ensuite enchaînées autour du thème « Littérature, engagement et guerre », avec comme orateurs principaux l’écrivain et militaire Arthur Omar Kayumba, Mme Chantal Kombo et Destin Weragi lui-même.
Dans une posture d’enseignant, Destin Weragi a souligné la nécessité d’orienter la littérature congolaise vers les thématiques de la guerre et de la paix.
« Dans l’histoire, les écrivains des pays agressés ont orienté leur littérature vers la guerre. En Ukraine par exemple, depuis l’invasion, les auteurs n’écrivent presque plus que sur la guerre et la paix. […] Des mouvements comme la Négritude sont nés d’un engagement », a-t-il expliqué, avant de conclure :
« Nous sommes en train de vivre l’Histoire et nous devons l’écrire. Écrire pour documenter, écrire pour donner sens à ce chaos, écrire pour préserver l’humanité. Écrire sur la guerre, c’est aussi une façon d’honorer nos morts».
De son côté, l’écrivaine et activiste Chantal Faida a mis en lumière la résilience du peuple congolais, meurtri mais toujours debout face à la négation de ses droits fondamentaux. L’ambassadeur Arthur Omar Kayumba, quant à lui, a insisté sur la fonction cognitive de la guerre. Il a affirmé que « le Congo doit répondre à la violence par la violence », tout en avertissant que « le dialogue, dans certains contextes, peut démoraliser les soldats. »
Cette première édition de « Le Regard d’ici » marque un tournant dans la scène littéraire congolaise. Elle offre une tribune aux auteurs pour penser, témoigner et résister à travers l’écriture, tout en jetant un pont entre les régions du pays.
Joshua Desvers Nsiala