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Création muselée : Un tableau artistique sombre à Goma

Goma, ville lumière de la RDCongo passe des sombres moments. La capitale culturelle de la province du Nord-Kivu a toujours été un foyer de créativité et de résilience. Cependant, depuis l’occupation de la ville par l’armée rwandaise M23/AFC, la scène artistique locale s’est éteinte avec une odeur du désespoir. Nadège Muisho (nom emprunté), une actrice renommée de la ville volcanique, a vu ses rêves et ses projets se briser en plein vol.

Dans une interview exclusive accordée à la rédaction de Arts.cd, elle nous dévoile les difficultés auxquelles elle fait face depuis le début de cette crise qui frappe durement aussi les artistes.

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Rêve en suspens !

« Avant cette guerre, nous organisions des concerts, des pièces de théâtre, des ateliers de danse. C’était notre moyen de vivre, mais aussi de maintenir vivante la culture de notre région », raconte N. Muisho, les yeux empreints de nostalgie.

« Nous avions un public fidèle, et ensemble, nous réussissions à redonner un peu d’espoir aux gens, même dans les moments les plus sombres. Mais tout a changé avec l’invasion du rwanda M23, qui a interrompu brutalement l’activité artistique à Goma », regrette t-elle.

Arts et culture en péril !

La guerre a forcé la suspension de nombreuses initiatives artistiques. Les salles de spectacle ont fermé leurs portes, les projets culturels ont été suspendus. Nadege confie : « L’art est devenu secondaire dans un contexte où la vie elle-même est difficile et menacée. Ce n’est plus un luxe, c’est une nécessité. Mais comment créer dans un environnement où la peur plane en permanence ? », se pose t-elle la question.

L’angoisse est au quotidien, le lendemain est incertain. « Je ne vais pas mentir, c’est très difficile. La peur est omniprésente. Chaque jour, nous vivons dans l’attente du pire. Les gens ont peur de sortir, de s’exprimer. Comment organiser une performance artistique quand chaque instant est une bataille pour la survie ? » explique-t-elle, soulignant l’impact de la guerre sur la psychologie des habitants. La ville, autrefois pleine de vie, est désormais marquée par l’anxiété et la résignation.

Goma, une ville en exil sur sa propre terre !

Malgré tout, Elle et d’autres artistes continuent de croire en la force de la culture. « L’art est un moyen de se libérer, de s’évader de la violence et de l’angoisse qui nous entoure. Mais pour cela, il faut des conditions sécuritaires minimales, et aujourd’hui, nous n’avons même plus cela », déplore-t-elle. L’artiste témoigne des tentatives d’organiser des événements, mais celles-ci se heurtent à des obstacles insurmontables, entre l’insécurité, les déplacements massifs de population et les ressources limitées.

« Beaucoup d’artistes ont fui la ville, emportant avec eux non seulement leur famille mais aussi leur savoir-faire. Certains se retrouvent dans des camps de déplacés, d’autres dans des pays voisins », indique-t-elle. Les artistes de Goma, une fois figures emblématiques de la culture congolaise, sont désormais exilés dans leur propre pays, privés de leurs moyens d’expression.

La guerre a plongé la région dans une crise humanitaire sans précédent, mais le secteur culturel peine à obtenir l’attention qu’il mérite. Elle souligne le manque de soutien de la part des institutions locales et internationales : « Nous avons besoin d’aide pour préserver ce qu’il reste de notre culture. La guerre détruit tout, mais l’art peut aussi réparer. Nous avons juste besoin de moyens et de sécurité. »

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L’espoir malgré tout !

« Certains d’entre nous continuent à rêver, malgré tout. Nous ne voulons pas que la guerre nous prive aussi de notre héritage culturel. Nous allons continuer à créer, à résister à travers l’art », déclare Eliane, qui reste déterminée à faire entendre la voix des artistes du Nord-Kivu. Elle appelle les autorités et les organisations humanitaires à prendre en compte la dimension culturelle dans leur action et à soutenir les initiatives artistiques comme levier pour la paix et la reconstruction.

L’art à Goma n’est pas simplement un moyen de subsistance, il est une forme de résistance. Dans un contexte de guerre, de violence et de déplacement, les artistes comme Eliane Feza tiennent la flamme de la culture vivante, malgré l’incertitude. Leur combat est celui de la résilience, celui de la survie par la créativité. « L’art nous garde en vie. Il nous permet de rêver, de résister et d’espérer que la paix reviendra », conclut-elle avec larmes d’espoir dans les yeux.

Rédaction