Auteur-compositeur, poète, chanteur, rappeur Cedrick Kikudi qui évolue à Lubumbashi dans le haut-Katanga ne fait pas des cadeaux à la gestion musicale en RDC. Pour lui, il faut trouver des dispositifs pour que la musique congolaise couvre toute l’étendue nationale puisque, selon Ced Kocept, « l’homme Mpwenkelela », on peut être populaire à Kinshasa et inaperçu à Goma moins encore à Lubumbashi. Lisez cet échange avec arts.cd :
Racontez-nous votre rencontre avec la musique ?
Ced Koncept, Monsieur Mpuekelela, comme on m’appelle depuis que ma chanson a connu beaucoup du succès, auteur-compositeur des chansons en tshiluba, swahili, français ou lingala, tout comme en anglais.
La musique et moi, c’est une histoire de toute une vie. Depuis l’école, j’avais trop de penchant pour l’écriture surtout la poésie. C’était plus fort que moi. A l’époque, j’écrivais pour des amis des textes. Après, j’ai commencé à écrire des amis rappeurs. Comme il n’y a pas meilleur interprète que l’auteur, j’ai senti que certains de mes amis massacraient certains mots. Et en moi est né ce besoin de me jeter pour dire des choses. C’en 2010, Je me suis lancé à fond dans la musique avec la sortie de ma première chanson « rap mwela manyi » qui veut dire « rap béni ». Elle a connu beaucoup de succès puisque c’était pour la première fois qu’un rappeur chante en tshiluba vivant au Katanga. J’ai continué avec cette même énergie et « Mpuekelela » est arrivé à s’exporter dans les autres provinces de la RDC et même en dehors de la RDC.
« On a quatre langues nationales et plusieurs autres qui méritent une attention soutenue(…) »
Parlez-nous un peu de la chanson « Mpuekelela » ?
L’idée s’était de donner de la bonne humeur. Puisqu’actuellement beaucoup d’artistes deviennent engagés politiquement. Je me suis dit chanter la politique, ce n’est pas ce qui va empêcher un politicien à aller acheter les armes et lancer une rébellion. Il peut même être entrain d’écouter ta chanson pendant qu’il négocie des armes. Les gens à longueur des journées n’écoutent que des politiciens, à la télé, à la radio, sur internet avec des discours malades… Mon souci était que le temps d’une chanson, les gens puissent s’évader et penser à autre chose. C’est cela ma musique, la bonne humeur.
Et pourquoi le choix porté sur le tshiluba ?
Au départ, le tshiluba est une langue musicale. Je voulais créer une différence. Les gens commettent une erreur de penser que le Congo ne se limite qu’à Kinshasa. Le Congo est grand avec ses langues. Nous avons besoin de faire la promotion de toutes les langues congolaises. Je dirai même que je suis un artiste très engagés dans ce sens là de faire la promotion des langues congolaises dans mes œuvres. Aujourd’hui, c’est le tshiluba, demain ça sera une autre langue. La promotion du lingala n’est plus à faire. Il est partout. Maintenant, il faut booster aussi les autres. On a quatre langues nationales et plusieurs autres qui méritent une attention soutenue.
« La musique congolaise n’est pas égale à la rumba (…) »
Vous qui évoluez à Lubumbashi, quelle lecture faites-vous de la musique congolaise ?
La musique congolaise est prise en otage par Kinshasa. Parce que même à l’extérieur du pays, si l’on sait que tu es artiste chanteur congolais, on dira que tu chantes en lingala. Du coup, c’est l’idée qui est répandue. Même certains chroniqueurs pensent que quand un son cartonne à Kinshasa donc c’est dans tout le pays. Or, c’est faux. Quand je suis arrivé à Goma, j’ai découvert des sons qui bougent ici qui ne viennent pas de la capitale. Pareillement pour Lubumbashi. On doit essayer de faire la promotion de toutes les musiques congolaises. La musique congolaise n’est pas égale à la rumba. Il faut qu’on essaye de trouver des mécanismes pour faire cartonner les musiques qui viennent de Kinshasa, Goma, Kasai, Lubumbashi à travers toute la république.
Quels sont vos projets
Je suis entrain de travailler sur un projet d’album. Il va s’appeler « séduction ». A côté, je suis sur un autre projet « Afroblues ». Ce sont deux univers différents. « Séduction » est un plus moderne avec le rap, afrobeat,… mais par contre « Afroblues », je suis allé plus dans le folklore, reggae, musique de recherche.
Onassis Mutombo