L’album « Chemin de la Gloire » de l’artiste chanteur compositeur Héritier Watanabe est un précieux coffre-fort qui contient de chefs-d’œuvre notamment la chanson « De la République ». A part un hommage rendu à l’artiste disparu King Kester Emeneya Kwa Mambu Kwa Ngolo Zonso, ce titre est un rappel à l’ordre aux musiciens congolais pratiquant la musique rumba principalement.
« De la République », la Team Wata se mettant dans la peau du leader de l’orchestre Victoria Eleison, a déclenché une alerte. Cette alerte, aux yeux des observateurs, est une remise en question, afin de réévaluer la conduite de la musique moderne.
Descendant du roi du ‘’tshatsho’’, la Légende Koffi Olomide, Fally Ipupa, avec son ascension est, à ce jour, considéré comme le « guide », mais la rumba congolaise, sur terrain, a perdu ses plumes et repères, allant dans la direction qu’il appelle « Tokoos Music ». Pour lui, c’est de la rumba congolaise teintée du Rnb euro-américain. Dans cet état de chose, celui qui s’était présenté comme défenseur prononcé de cette rumba pure, Ferre Gola a pris un chemin qu’il sait lui-même définir, rumba trap. Et depuis, peu de musiciens congolais ne se sont plus affirmés comme défenseur de la dite musique, ni au sein de la génération en vogue. Afrobeat est devenu le rythme adulé par les jeunes musiciens. La génération Gaz Mawete ou encore Innoss B est à ce jour emporté par Amapiano qui manque souvent d’originalité.
C’est dans ce contexte que l’ancien de Wenge Musica Maison Mère lance un appel à l’ordre forçant son orchestre Team Wata a proposé un son imitant l’université de chant Victoria Eleison. Pour adopter un modèle, il faut l’admirer en amont. Héritier a aimé le travail de King Kester comme Fally Ipupa puise chez Jonny Bokelo. Les echos sont bons. « De la République » est l’une des Chansons les plus adulées de l’album « Chemin de la gloire ». « Nouveau chant de guerre, Bana oyo ba sepelisi le professeur King Kester », déclare l’artiste Héritier Watanabe à la fin de ladite chanson.
Et si King Kester, outre-tombe, pouvait réagir !
Connu pour son attachement à la belle mélodie, King Kester de son vivant était homme de rigueur et remettait en question toute sa création à tout moment, pour ne pas tomber dans la platitude.
Pour un ancien de l’Institut National des Arts (INA), Héritier Bongondo Kabeya, de son vrai nom, Wata est à la croisée de chemins, voulant casser la monotonie du fils de son père pour aller explorer une nouvelle terre prolixe. Comme l’a dit un intellectuel congolais, « Sortir des sentiers battus, c’est toujours risqué ». Heritier Bondongo a tenté comme qui dirait, « dans une rivière inexplorée, on n’y va pas avec un plongeon ».
Honneur posthume pour le roi, le roi est mort vive le roi, s’il l’on pouvait accorder une interview au roi outre-tombe. Il perpétue l’œuvre du King Kester.
Heritier Wata entre le marteau et l’enclume !
Héritier Watanabe, étant au stade de la remise en question, veut être à l’ordre de la rigueur à l’ère des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pour mettre en avant sa lucidité. D’ailleurs, cet expert de l’INA affirme que « Etre héritier d’une famille ou porter ce nom, est une responsabilité’’. En ce qui le concerne, Wata veut se conformer aux exigences de l’ère, il s’est adapté pour bousculer le marché. Sur le plan de la forme, la chorale comme Victoria Eleison, Quartier Latin de l’époque ou Viva La musica reviennent à la surface.
Sur le plan du fond, contrairement à King Kester qui chantait souvent dans ses textes les pleurs d’un homme, le texte de La Pulga Moto na Tembe indique qu’une femme regrette le comportement d’un homme insaisissable.
Pendant qu’il fait l’unanimité auprès des amoureux de la musique, voilà sa sortie médiatique à la veille de son concert au Pullman vient raviver les espoirs. « Je compte produire un album purement urbain avec deux ou trois titres seulement rumba », a-t-il déclaré devant les médias, lors de la conférence, du 6 juin 2024. Un adage de la ville de Gemena dit, soki okoti ebale, il faut kaka o pola, entendez par là, « Si tu entres dans une rivière, tu vas te mouiller sans le vouloir ».
Héritier Wata qui veut lui aussi prendre le chemin de la musique urbaine gardera-t-il la pureté de la rumba ? ou sera-t-il un blessé de guerre ? Sera-t-il influencé comme les autres ?
A l’instar de la ‘’chèvre de Monsieur Seguin’’ qui a voulu aller brouter les herbes de la montagne, Watanabe Héritier est actuellement à la croisée de chemins. Est-il sous pression d’un producteur ? L’album urbain est-il une demande de son public ?
Attendu le 21 septembre 2024 sur la scène de la Seine Musicale à Paris en France, devant son public des indécis et des conditionnels, le choix d’Héritier Watanabe déterminera la direction de sa carrière.
Onassis Mutombo