Depuis près d’un an j’ai suivi, un peu en décalé, l’organisation et la préparation du concert de l’Artiste FALLY IPUPA.
Samedi 25 novembre 2023, je suis allé incognito à Paris La Défense Arena.
Voici un retour d’analyse d’expertise à chaud. Mon analyse porte sur plusieurs points tels que : La communication, la sécurité, l’accessibilité, les participants, la prestation de l’artiste et de ses invités, le spectacle, le son et la lumière, l’orchestration, les émotions, la dynamique, … Bref, vous voyez un peu sur quoi je veux en venir.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, Je m’appelle Trésor Biantuadi. Je suis un scientifique de la musique, spécialement de la rumba congolaise mais aussi un expert dans l’architecture des événements.
Let’s Go.
COMMUNICATION.
* Plus ou moins 1 an de communication.
* Identification claire de la cible,
* Utilisation efficiente de tous les canaux :
* Web : Social media, Web media, emailing(plus par le U-arena), Blogs, Ads, encarts
* Médias traditionnelles : Radio, Tv, magazines..
* Imprimés : Street marketing & Affichage
* Prescription : Recommandation et bouche à oreille.
Tout Cela révèle une stratégie globale bien élaborée et un Rétro-planning détaillé.
Il a été passionnant de voir comment les équipes de communication ont séquencé chaque élément de manière périodique tout le long de leur période de campagne.
Ils ont su s’adapter, réagir et rebondir aux imprévus et surtout maintenir ce concert dans l’actualité culturelle, sur les réseaux, à Kinshasa et même à Paris.
Cette communication a été menée de manière professionnelle avant, pendant et après en symbiose avec la salle. J’ai même reçu un texto hier avec les facilités de retour à 23h37.
« Nous espérons que vous avez passé un bon concert.
Retrouvez les informations pour faciliter votre retour ici : https://bit.ly/47uvogG
Bon retour !”
WOW
SÉCURITÉ & ACCESIBILTÉ
* EXTERIEUR :
* L’impressionnant déploiement des services de sécurité sur toute la zone : CRS, Flics en civil, contrôle sur la frontière belge des véhicules… Impressionnant
* Je suis arrivé en Heetch et je suis tombé sur deux barrières de contrôle de billet par des CRS et une barrière de agents de sécurité civil. Par où je suis entrée, il y’a au moins des CRS tous les 100 mètres.
* Contrôle de billetterie, ensuite fouille corporelle. Et enfin Scan automatique pour accéder à la salle. Le Scan ne fonctionne que quand vous êtes dans le bon numéro d’accès 😊, évidemment que j’ai testé mdrrr.
* INTERIEUR
* Dans la salle protocoles, pour vous orienter. Agent de sécurité, barrière de zonage et personnels d’intervention ambulants : pour gérer les malaises liés à l’émotion ou autre chose. Des mes yeux, j’ai vu 3 personnes être ramenées dans les espaces prévues pour, à cause des malaises pour débordement d’émotion. En pleur, 2 jeunes fille et même un jeune. Je n’avais vu cela qu’au concert de Michael Jackson à la TV et en plus on en rigolait.
PARTICIPANTS (à vue d’oeil)
La direction de la salle a confirmé 40 000 personnes.
On ne peut douter de cette info, car le respect des jauges des salles de concert est une question de sécurité intérieur depuis l’attaque du 13 novembre 2015 à BATACLAN.
70% feminin
Majoritairement de génération Z : Je dirais 80%.
D’autres nationalités d’afrique : ivoiriens, camerounais, béninois, des reubeus (désolé)…
D’autres nationalités d’ici : des blanches, seules ou en groupe; d’autres qui parlaient des langues difficilement identifiables. Enormément des métisses, bon bref. Le décompte ethnique est interdit en France.
Un point important : Public discipliné – On connait tous les événements du pays: précipitations, incompréhensions, insultes… bizarrement, rien de tout ça. Tout le monde suivait les consignes, et lorsqu’il fallait se lever pour faire passer, ça se faisait en toute courtoisie.
P R E S T A T I O N D E L ‘ A R T I S T E
De 21h10 à 22h55’
SPECTACLE, SON ET LUMIERE : BLUFFANT ARTISTIQUE
Les premières parties de 19h00 ont étés minutieusement sélectionnées. Avec une nette volonté de faire de la prestation de l’artiste principale « The Moment ».
Elles ont préparé le public et montées la température de la salle.
Entrée majestueuse de FALLY: Flamme, fumées, lumières … on en a eu plein les yeux. A mon avis, le moment le plus réussi du spectacle.
Entre les chorégraphies, la rythmique, l’entrée de l’artiste. Ce fut un vrai mélange d’émotion, mais surtout de fierté. Fierté d’être Congolais et que ce soit un congolais.
Dans un Pays ou un continent où souvent notre nationalité est généralement associé à la médiocrité. A ce moment, à cet instant je me suis senti fier. Bref …
Composition des équipes :
10 chanteurs en backing voice, don’t une fille qui chantais excellemment bien.
6 guitares W.T.F. dont une basse, une lead, 2 acoustiques
2 batteurs pour les séquences et le meddley d’ouverture et ensuite plus qu’un seul pour la suite du concert.
1 percussioniste
2 pianiste
1 Djay pour lancer les séquences surement.
4 ou 5 animateurs.
1 micro lead pour l’artiste et 4 micros sans fils que s’échangeaient les invités.
Une trentaine de danseurs et danseuses.
Je répète : son, lumière et spectacle WOW
Sur quelques séquences, ils ont utilisés les backing track et le batteur semblait gérer à merveille.
Les Invités de taille : Aya, Dadju, Tayc, Naza, Keblack, Youssoundour, Mokobe, Gaz Mawete. L’Afrique en fête.
PARLONS CHIFFRES
A mon avis plus de 45 000 participants : sur les gradins, en plus des places assises, il y’avait du monde qui était debout le long des passages mais bon je n’ai pas fait le tour de toute la salle. C’est énorme.
Au minima : 2,8 millions de recette net. Je me suis basé sur un ticket moyen et quelques recherches sur ce que rapporte un événement de ce genre. Je dis net parce que ce n’est pas le montant qui va dans la poche de la production. L’artiste a dû toucher un cachet et la production un retour sur investissement certain car le spectacle est un secteur subventionné en France.
POINTS NÉGATIFS
L’oeuvre humaine n’étant pas parfaite, j’ai néanmoins relevé quelques points d’amélioration qui n’enlève en rien le coté « Totalement réussi de l’événement ».
ENTONOIRE D’ACCES
Pour arriver aux fouilles avant d’accéder à l’esplanade de Paris La Défense, la sécurité a volontairement crée un entonnoir pour réguler le flux. A plusieurs reprises, j’ai vu cette goulotte stagner. Ce qui constitue une faille d’un point de vue sécuritaire, imaginons que quelqu’un fasse un malaise ou qu’en personne glisse. C’est généralement de ces genres de négligences que survient des morts. A priori, aucune situation désastreuse n’a été notifiée.
LE MAUVAISE GESTION DU TEMPS (Le point noir)
1h20 entre les premières parties et le show de l’artiste. Troooooooooop long! Il y’avait surement une raison, un truc à fixer ou le public en extérieur qui arrivait encore mais …
Le pire : Le djay ou l’ingénieur son a balancé une playlist Afrobeat nigériane. W.T.F. Pour moi, le gars qui a fait ça, il faut le trainer en justice.
Non seulement des droits de SACEM qui vont aller gratuitement à des artistes qui non programmés, cela a clairement paumé l’ambiance.
Cela a détruit complètement l’atmosphère créée par la première partie, ça a distrait le public et transformé l’événement en un pause pendant un match de hockey ou un combat de boxe. NUL
Cette longue a complètement déstabilisé toute la suite.
* L’attitude de l’artiste: Il est passé d’un Fally totalement détendu, en parfait symbiose avec le public en début du show à un mec stressé par le temps à la fin. Je salue encore une fois le professionnalisme de l’artiste car il géré cette pression comme un vrai chef d’orchestre. Il envoyait les instruction à la technique et ceux qui faisait monter les inviter via son garde du corps, et en même temps donnait des directives aux musiciens pour sauter des morceaux prévus dans le répertoire. La grandeur c’est de savoir réagir face aux imprévus et je le respecte. N’empêche que cela l’a stressé et lui a réduit la concentration, jusqu’à être par moments pas très juste lors de l’exécution de certains morceaux. Dommage! Car cela pouvait être éviter. Il suffisait d’avoir un répertoire A et un répertoire B (si on est court-circuité par le temps)… Bref
* L’intervention de AYA a été expédiée. Pour les mêmes raisons, le temps. Avec moins de liberté dans son expression. Alors qu’il me semble que elle et Dadju étaient « THE INVITÉS » du show. Fally était pressé… elle a dit merci lorsqu’on la raccompagnait.
* Il a raccourci Mayday et il s’en est plaint… « Ah ba ndule ya poto,… ». Exprimant sa déception de ne pas s’étendre et faire kiffer son public.
Autre chose qui a stressé l’artiste: Son retour casque. Il n’était pas à la bonne taille, principalement l’oreille droit et il est retombé une dizaine des fois. En plus, on dirait qu’il entendait plus celui qui donnait les instruction du coulage du spectacle que la musique. Les genres de détails qui stressent énormément pendant le show. C’est le concert de sa vie, et tout le monde kiffe sauf lui. A mon avis, moi Trésor, Il était beaucoup plus à l’aise à Bandal que sur la scène de Paris La Défense. Dommage! J’encouragerai l’équipe de la marque Weston Audio la série Mach 70 qui solutionne ces genres de galères.
* ANIMATEURS : manque de professionnalisme dans les réactions ainsi que de discipline dans les interventions. L’un d’eux celui de droite, un moment donné s’est cru à Matadi kibala. Il s’est plaint de son micro, comme un vrai blédard, alors qu’il ne l’avait pas allumé.
LES MISES A JOUR DES INSTRUCTIONS VIDEOS
* J’ai eu l’impression comme si les aménagements du programme en temps réel ne sont pas parvenus à l’équipe qui faisait la transmission en temps réel. Impression.
Pour finir sur ce concert, FALLY a placé la barre très haute. Alors très très haute. Il a pété le plafond de verre et démontré que c’est possible. Cela devrait servir d’exemple et de motivation.
Je sais que nous sommes un pays qui vivons des polémiques (ça aussi c’est génération), mais sur ce point FALLY nous a tous largement dépassés. Le plus simple serait de se rapprocher de lui et demander des conseils au lieu d’essayer bêtement de se comparer. Je parle des faits. Je vous ai épargné des données purement techniques, mais aussi toute cette analyse est basée sur ma lecture et mes impressions, il n’est donc pas impossible que je me sois trompé sur certains éléments, mais j’en serai fort étonné.
A ceux qui se posent encore la question de ce que je foutais la bas je répondrai ceci: Après toutes ces années, je suis et je resterai « ce gamin de Kinshasa passionné de musique » et aujourd’hui avec toutes ces expériences, je suis un porte parole de la culture Africaine et particulièrement de mon Pays. Enfin, je voulais voir de mes yeux la fin du règne des ces opportunistes ennemis de la culture camouflés en patriotes qui se font appeler des « Con-battants ».
Chapeau bas à l’Artiste, pour sa détermination, son parcours inspirant, sa résilience et cette niaque d’aller où ses rêves le mène. L’Afrique et particulièrement le Congo doit être fier du digne fils que tu es.
Merci beaucoup Frangin!
Que vive l’Afrique!
Que vive la République démocratique du Congo!
Que vive la Rumba!
Trésor BIANTUADI
Expert Musicologue – Analyses, conseils & stratégies événementielles.