C’est ce 28 septembre que cette diva africaine totalise 23 ans dans l’au-delà. Un rappel historique d’une chanteuse exceptionnelle qu’a connu la République Démocratique du Congo.
De son vrai nom, elle s’appelait Élisabeth Finant mais elle était très connue par son nom de scène d’Abeti Masikini. Elle est née le 9 novembre 1954 à Stanley-ville (Kisangani) de papa Jean-Pierre Finant et de maman Marie Masikini, dans une famille de huit enfants. Son père, un métis belgo–congolais, l’initia très tôt au piano. Egalement très jeune, elle a commencé à chanter comme choriste à l’Eglise Catholique.
En 1961, son père qui était membre du Parti lumumbiste, député et premier Gouverneur de la Province Orientale d’origine belgo-congolais, a été assassiné à Bakwanga (Mbuji-Mayi).
C’est alors que les Finant s’exilèrent à Kinshasa, la capitale du pays pour se soustraire de la barbarie des tueurs de leur géniteur, Abeti prendra son inscription au Lycée du Sacré-Cœur, actuel lycée Bosangani. Après ses études secondaires, elle travailla comme secrétaire au cabinet du Ministre de la Culture, Pierre Mushete.
C’est à cette période que la jeune « Betty » va laisser libre cours à sa passion pour la musique. Ce, à la grande surprise de sa famille. Elle participe en 1971 à un concours de la chanson organisé par l’artiste-musicien Gérard Madiata au parc de Boeck (jardin botanique de Kinshasa),elle se classera troisième d’autant que la première place était occupée par le jeune Emile Soki.
Betty modifiera de fait sa date de naissance en y ajoutant trois années de plus alors qu’elle n’avait que 17 ans. Encouragée par cette réussite et avec l’assistance de quelques proches, elle monte un groupe musical au sein duquel on retrouve son jeune frère Jean Abumba à la guitare solo. Betty Finant commence alors à se produire dans certains petits clubs de Kinshasa.
En 1972, elle s’entoure, sous l’impulsion de son mari et producteur Gérard Akueson, de talentueux musiciens avec qui, elle mettra sur pieds le célèbre groupe « Les Redoutables ». L’orchestre accompagne la diva congolaise lors de ses concerts et tournées aux quatre coins du monde, jusqu’en France où elle devient une véritable star. Chose très rare à cette époque pour une chanteuse africaine. Dès le 19 février 1973 à l’Olympia, à Paris, Abéti et son groupe enchantent le public. La chanteuse signe par la suite son premier contrat discographique européen avec Pierre Cardin.
Un cancer du col l’emmène dans l’autre vie
De fil en aiguille, elle se révèle au public occidental, qui l’adopte entièrement. Deux ans plus tard, 3 000 spectateurs l’acclament au Carnegie Hall de New-York (USA) où son soukouss très rythmé et hautement filtré fait un triomphe. Plusieurs propositions américaines suivent, mais Abéti, qui doit respecter les contrats signés en Europe, retourne à Paris et enregistre un disque chez Pathé Marconi avant d’entamer une tournée africaine. (…)
Il a fallu pour Abeti Masikini d’attendre 1986 pour programmer une véritable tournée internationale. Elle donne son plus grand concert au Zénith de Paris, en 1988, avec comme invités spéciaux des artistes Nzongo Soul et Bernard Lavilliers avant d’effectuer une tournée vers l’Asie où elle mettra toute la Chine dans sa poche, l’année suivante…Avant de revenir à Kinshasa pour son dernier concert, le 15 décembre 1990. (…)
Abeti Masikini est décède d’un cancer du col de l’utérus, à l’hôpital de Villejuif, en France à l’âge de 40 ans. C’était le 28 septembre 1994.
Derrière elle, il y a sa voix, ses œuvres et une Fondation tenue par sa fille. Pour couronner le tout, une réalisatrice congolaise a produit un film en sa mémoire, « Abeti Masikini, le combat d’une femme ».
Kingunza Kikim Afri/L’Avenir