
Tenue le 14 septembre 2024, la 16è session du Forum Culturel initié par la plateforme noocultures.info a réuni des experts autour de la problématique de l’entrepreneuriat dans les Industries culturelles et créatives en Afrique.
Modérée par Luc MAYITOUKOU, Directeur de Zhu Culture (Sénégal), cette session a d’entrée fait le constat qu’en tant que mécanisme permettant aux biens, aux produits et services culturels, aux artistes créateurs et autres acteurs de monétiser l’ensemble de la production et d’en générer de la valeur, l’apport des Industries cultuelles et créatives (ICC) reste non négligeable dans l’économie d’un pays. Dans certaines nations, les ICC contribuent jusqu’à 5% du PIB national. Ce qui démontre leurs capacités d’employabilité et de création de richesse. « Hors festivals, nous sommes une petite équipe de trois à cinq personnes. Mais lors des événements, nous employons entre 100 et 140 personnes » affirme Mohamed BEN SAÏD, fondateur de l’agence Akacia Productions (Tunisie). Pour lui, plus on investira dans les ICC, plus elles auront du poids dans nos économies.

De son côté, Rosine KIEMA, cofondatrice de Biibop SARL (une entreprise burkinabè de fabrication de jouets éducatifs) expose les efforts de son entreprise dans la valorisation du savoir-faire local. Biibop SARL permet à plusieurs artisans de générer des revenus stables et de subvenir à leurs besoins. Dans le cas de cette entreprise, le facteur social est absolument à prendre en compte. «Nous travaillons avec le ministère de l’éducation nationale et des services de santé ; car certains de nos jouets sont utilisés comme produits thérapeutiques dans les centres de santé. Lorsque les enfants ont des jouets adaptés à leur âges, à leurs réalité physiques ou mentales, vous avez des enfants épanouis et qui se socialisent. Grâces à ces jouets, les enfants s’identifient facilement et se découvrent », argumente-t-elle. Selon cette chargée de développement, l’impact des actions de leur entreprise est mesurable sur l’évolution des enfants à courts, moyens et long terme.
Des défis structurels
La structuration du secteur culturel reste l’un des défis majeurs à son développement. La non-professionnalisation des acteurs, sa non-reconnaissance comme secteur porteur par les autorités, le manque d’infrastructures, etc., sont des manques à combler pour des industries culturelles créatrices de richesse. Parmi les panelistes, Dorine MUNEZORO, technicienne, cofondatrice et Directrice de Maboko Igihumbi Company connaît très bien ces réalités que vivent les jeunes entreprises culturelles. « A ma connaissance, il n’y a pas d’initiatives de nos ministères pour former des techniciens. Nous sommes obligés de chercher nous-mêmes des formations sur d’autres plateformes ou effectuer des recherches et apprendre sur internet, et aussi participer à des programmes initiés par des structures comme AFRICALIA », expose-t-elle.
Aussi, les panelistes n’ont pas manqué de mentionner l’importance pour les entreprises culturelles de se formaliser et d’avoir une reconnaissance de l’État. Selon Rosine KIEMA, ces entreprises gagneraient en crédibilité vis-à-vis de l’état et des clients ; sans compter le fait que la formalisation est une condition obligatoire pour accéder aux différents fonds de soutien à la culture. En Tunisie, le narratif est tout autre, à en croie Mohamed BEN SAÏD, qui ajoute qu’en plus d’être reconnu, il faut la preuve du paiement des impôts avant de prétendre à un financement étatique.
En perspectives !
Mais, reconnaissent les intervenants, l’un des obstacles à franchir est la production des données statistiques fiables montrant le réel impact des industries culturelles et créatives dans les économies. Ainsi, ils invitent l’ensemble des acteurs du secteur à intégrer dans la rédaction de leurs projets, des indicateurs mesurables. Pour Mohamed BEN SAÏD, c’est aux opérateurs culturels de réfléchir et mettre en place des plateformes de formation afin d’assurer la relève dans les différents métiers de la culture et amener d’autres personnes à s’y intéresser. In fine, ils présagent qu’avec le développement du numérique, les industries culturelles et créatives connaitront le développement tant souhaité par les acteurs.
Yaya TRAORE , noocultures.info