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Arts visuels : Clet Mbala, à la quête artistique d’un raconteur d’histoires visuelles !

Dans un univers artistique congolais en pleine effervescence, Clet Mbala se distingue par sa capacité à raconter des histoires humaines à travers ses œuvres. À l’occasion d’une interview exclusive avec Arts.cd, l’artiste peintre et dessinateur revient sur son parcours, sa vision et ses ambitions.

Né à Kisanji, dans la province du Kwango, puis élevé à Kinshasa, Clet Mbala a toujours été attiré par le dessin. « Je dessinais déjà très tôt en primaire, j’aidais même mes camarades à faire leurs croquis », confie-t-il. Son inspiration initiale lui vient des dessins animés, des jouets d’enfance, mais aussi de ses proches cousin et amis qui maîtrisaient déjà l’art du trait.

congolais telema /patrie ou la mort

Progressivement, il s’est orienté vers l’étude de figures artistiques majeures telles qu’Enam Boskha, Kelvin Okafor ou Arinze Stanley.

Malgré cette passion naissante, Clet Mbala a d’abord opté pour des études en biochimie, faute de moyens pour intégrer dès ses jeunes années l’école des beaux-arts. « C’était une étape stratégique, en attendant d’avoir la possibilité d’étudier le vrai », explique-t-il humblement.

Ce qui anime son œuvre, c’est l’histoire humaine. Ancien amateur de films basés sur des faits réels, il a choisi d’intégrer cette approche à son art. « Mon but, c’est de transmettre des émotions, de faire comprendre des parcours de vie souvent oubliés ou ignorés », confie-t-il.

Son processus créatif est précis : il part d’une idée, puis la relie à une histoire. Si le sujet est anonyme, il fait poser des modèles pour mieux capter les expressions et la posture. Son travail repose sur une technique mixte, mêlant crayon et acrylique sur toile, complétée par des inscriptions en dernière étape pour renforcer le message.

Parmi ses œuvres marquantes, « Ba Yibi Nga Bo Mwana » évoque la dure réalité des enfants contraints de travailler dès leur plus jeune âge, une dénonciation des vies détruites trop tôt. Autre œuvre forte, « L’Oublié » rend hommage à Paul Panda Farnana, une figure historique méconnue en RDC, qu’il souhaite voir mieux reconnue et transmise aux générations futures.

Pour Clet Mbala, l’art n’est pas qu’une expression esthétique, mais un langage puissant pour éveiller les consciences. « Il doit alerter la société, dire ce qui se murmure tout bas », affirme-t-il. Cependant, il déplore le peu d’intérêt du public congolais pour l’art et appelle à davantage d’investissements dans la culture pour sensibiliser la population.

Il évoque aussi les difficultés liées au manque de matériaux et à la difficulté d’atteindre le vrai public cible. Néanmoins, l’artiste ne perd pas espoir : il prépare une série de portraits, dont il garde encore le secret, et souhaite diversifier ses techniques pour enrichir ses œuvres.

« Je travaille sur un message fort, qui sera bientôt révélé », confie-t-il avec sourire.

Engagé, attentif aux détails, Clet Mbala s’impose comme un raconteur d’histoires visuelles capables de transcender les générations et de faire résonner des vérités souvent difficiles à entendre. Son art, à la croisée de l’histoire et de l’émotion, s’inscrit comme une voix essentielle dans le paysage culturel congolais, pour ne pas oublier, pour mieux comprendre.

Gabrielle Malengo