En solo, sur la scène du Centre culturel Boboto, Gaëlle Mabanza a interpellé son auditoire, 800 élèves de 7e et 8e du collège Boboto, racontant en quarante minutes l’histoire du village Mangayimantoung dont elle a écrit toute l’intrigue.
Artiste conteuse, comédienne et dramaturge, Gaëlle Mabanza a habilement emballé le jeune public réagissant à sa prestation ponctuée par des chants et danses soutenus par les sonorités d’un xylophone et de tambours. Vouant une attention soutenue au spectacle, les élèves n’ont pas manqué l’occasion de manifester, selon le passage du récit, leur étonnement, leur incrédulité, leur réprobation ou au contraire, leur approbation quant au fil de l’histoire. Toute ouïe, le public a suivi pas à pas les palabres du roi Mantoung avec ses sujets. Le monarque avait toujours à cœur de garantir la bonne entente entre tous, veillant sur la communauté humaine mais aussi sur les règnes animal et végétal du village Mangayimantoung.
« L’objet de la « Dispute interminable » est l’épuisement des ressources naturelles dans la forêt », a dit en résumé la conteuse au Courrier de Kinshasa, argumentant : « Les humains ont toujours tendance à s’y servir à leur guise sans tenir compte de l’intérêt des animaux dont c’est l’habitat naturel. Ils oublient qu’ils dépendent de cette réserve et non pas le contraire car les animaux, eux, ne dépendent pas de nous, les humains. Donc, c’est à nous de savoir la respecter, veiller en premier à la préservation des différentes espèces car sans la forêt, les animaux, la faune et la flore, les humains ne pourront vivre ». Au final, a-t-elle soutenu : « La forêt nous fournit tout : au-delà de l’oxygène, les aliments dont les fruits, la pharmacopée, etc. Mais l’homme ne prend pas la peine de prendre soin de cette réserve vitale qu’est la forêt ».
Le conte Dispute interminable, dont Gaëlle Mabanza est l’auteur de toute l’intrigue, est en cours de publication. Le récit de l’ouvrage est mis en scène par Don Diègue Makaka. Il a adapté à la scène le texte écrit au profit de la jeunesse dans le but d’éveiller sa conscience sur l’importance de la faune et de la flore, a soutenu Gaëlle Mabanza. « La population doit prendre à cœur la charge de préserver la nature car l’ICCN ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur les espèces d’animaux en voie de disparition. Certains animaux ont quasiment disparu sans que les humains y prennent garde », a-t-elle ajouté. Ainsi, le spectacle joué devant la jeune communauté d’élèves, a-t-elle expliqué, « est une opportunité d’échanger avec elle afin de recueillir son point de vue et ensuite lui transmettre le message crucial sur la nécessité de préserver cette précieuse réserve qu’est la forêt ». Savoir que, a-t-elle estimé : « Plusieurs n’en ont pas conscience et n’ont pas assez de connaissances sur le devoir de préservation du bassin du Congo qui nous incombe ».
La rencontre à destination des scolaires a été organisée par le Théâtre de la passerelle dont Gaëlle Mabanza est la directrice artistique. Cette structure culturelle qui privilégie la pratique d’un art de proximité « s’emploie à faire voyager la communauté dans un imaginaire susceptible de la porter à se projeter dans l’avenir et à le construire ». Le but est de « l’amener à réaliser l’incidence et les conséquences des actes posés au quotidien sur l’avenir. Tirer la sonnette d’alarme pour l’emmener à prendre conscience qu’elle récoltera demain de tels fruits après avoir agi de telle manière ». La conteuse de conclure : « Il y a certes le côté ludique, le spectacle amuse la galerie, mais il permet aussi d’apprendre, le Théâtre de la passerelle est dans une démarche ludopédagogique ».
Nioni Masela/ Adiac-congo.com