« Nourrir la population est ce qui fait la raison d’être d’un Etat. Ainsi, la question de la faim et de l’agriculture mérite d’être posée à son niveau le plus adéquat, celui du sens de l’Etat. Autrement dit : le sens du service public au regard de l’intérêt national », écrit Didier Mumengi dans sa 5ème tribune pour «un après covid19 salutaire» intitulé « Déclarer la guerre la faim, militariser l’agriculture ».
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Dans sa dernière livraison, Didier Mumengi commence par comparer les années de l’indépendance à la RDC d’aujourd’hui, « Si en 1960, la RDC produisait autour de 270.000 tonnes d’huile de palme l’an, et était le premier exportateur d’huile de palme en Afrique et le deuxième dans le monde, avec environ 170.000 tonnes exportées, cette production oscille aujourd’hui autour de 50.000 tonnes seulement », note t-il.
Pour lui, la vérité qu’il faut oser affronter aujourd’hui est que la République Démocratique du Congo n’est plus au bord du gouffre. « Notre pays est au fond du gouffre. Les gouvernements se succèdent et tous se cantonnent à des vieux outils agronomiques inopérants et à des vieilles solutions agro- pastorales infertiles, qui se montrent chaque fois incapables de mettre un terme à la faim, à la malnutrition, et plus généralement à l’insécurité alimentaire nationale ». Brossant le tableau de tous les programmes et actions du gouvernement congolais liés à l’agriculture, la RDC n’a pas produit que des éléphants blancs. Il préconise que le gouvernement congolais pense aux méthodes pour la révolution agricole et les stratégies opérationnelles pour gérer une production agricole décisive qui nécessitent une révolution radicale des pratiques et des process de production agro-pastorale.
« Ce niveau n’exclut pas l’action privée, ni n’évacue les enjeux économiques de la production agricole, mais pose en première exigence, la question du volontarisme étatique et les ambitions des dirigeants pour le bien-vivre ensemble national. Cette affirmation invite à poser la question du sens de l’Etat en RDC par le prisme de la capacité des institutions de la République à vaincre la faim, la malnutrition et l’extrême pauvreté de masse. En rompant avec l’économie paléolithique de la chasse et de la cueillette, il y a 10.000 ans, nos lointains ancêtres ont inventé l’Etat par la sédentarisation, d’où ont émergé la socialisation progressive des peuples, l’invention des outils, les religions, les arts, les professions, les hiérarchies sociales… mais surtout l’agriculture et l’élevage », souligne Didier Mumengi dans cette tribune.
Par conséquent, indique-t-il, la force agricole détermine la force de chaque Etat comme la faillite de la production agricole est le miroir de la faillite des Etats. Aussi, étant donné que la sécurité nationale dépend de la sécurité alimentaire, les moyens dont dispose un Etat pour nourrir sa population constituent le nerf moteur de la souveraineté.