« Le Nouveau depart congolais : Après 60 ans d’indépendance nationale », Chronique de Mumengi
Pour sa troisème livraison, dans cette Chronique de Mumengi, Didier Mumengi brosse l’histoire d’un Congo glorieux malgré ses béquilles. « Il n’y a pas un mal congolais mais un mal des élites congolaises », c’est l’une des phrases fortes que l’auteur nous livre dans cette 3ème tribune du confinement. « Le Nouveau depart congolais : Après 60 ans d’indépendance nationale », c’est son intitulé.
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« Le 19 mai 1960, le Parlement belge donne à la République Démocratique du Congo sa toute première « Constitution1 ». Au travers de ce certificat de naissance signé par le Roi des belges, le Congo devint indépendant sans quitter la colonisation. Et nous, peuple congolais, nés sous cette filiation coloniale, nous entrâmes dans le concert des peuples infectés par le « virus de la bipolarité identitaire », écritil.
Pour l’écrivain Mumengi, le socle de l’indépendance devrait être des réponses ontologiques aux trois questions identificatoires : « qui sommes-nous ? », « d’où venons-nous ? », « où allons-nous ? ». Ce questionnement, poursuit-il, aurait incarné une approche heuristique autocentrée, dénouant l’« énigme de l’Etre congolais décolonisé ». C’est-à-dire : un peuple renaissant au travers d’une historialité débarrassée de toute aliénation.
Hélas, s’étonne t-il, le 30 juin 1960, nous sommes devenus « peuple souverain » sans « existentialité souveraine ». « Sans rien de « Nous authentique ». Sans auto-explicitation du récit de notre humanité, au sens que Jean-Paul Sartre donne au phénomène « humain », à savoir : « On ne naît pas homme, on le devient ».
« Se saisir de l’actologie pour repartir de plus belle »
Pour l’auteur du Livre bleu le défi est de transformer cette « mémoire collective », qui n’est autre chose que la « conscience historique », en pratique culturelle d’élaboration et de maintenance de l’identité nationale authentique. Et cette fonction de la culture, croit-il, en tant que levier actif de construction et de pérennisation de l’identité nationale s’exerce par le biais des monuments, des statues et des stèles, par des contes, des romans et des manuels scolaires, à travers des noms de places, de rues et d’avenues, au travers des commémorations des hauts faits précoloniaux et des actes de résistances anticoloniales, par l’enseignement de l’histoire précoloniale à l’école et par le théâtre ou le film,…
« Cette dynamique motivationnelle globale dépend d’un fondement, d’une histoire des origines qui concourt à la grandeur de l’âme nationale, parce que l’identité à construire est de type « actologique ». C’est l’auto-référencement génésiaque qui peut être, par exemple, le slogan : « nous sommes les descendants d’Ishango », propose Didier Mumengi avant de revenir sur l’idée de l’organisation des « Etats généraux de l’identité nationale et de la réécriture de l’histoire du Congo », en marge de la commémoration de soixante ans d’indépendance.