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 « Le Peuple d’abord, c’est la Culture d‘abord dans un Etat de droit », (une Tribune de *Balufu Bakupa-Kanyinda)

Notre pays est aujourd’hui à un tournant. Et une opportunité s’offre ainsi à nous de réinventer les relations sociales et les valeurs de notre société. Ce tournant doit se négocier autour d’une vigoureuse politique culturelle. C’est-à-dire une politique de transformation de l’humain en citoyen responsable et conscient de ses droits et devoirs. Ce tournant nous commande de faire de notre mieux pour élever le niveau de l’éducation nationale (de tous, de l’instruction au civisme).

Je dis négocier une vigoureuse politique culturelle parce que, d’abord, c’est un travail titanesque car la résistance médiocre à ses racines déjà profondément installées dans notre société. Et ensuite, parce que notre peuple a perdu les divers bénéfices de la culture générale, le goût à l’effort, le respect de la norme et du principe, l’élan de se nourrir de la pensée et la curiosité altruiste au savoir qui prime sur le paraître.

Campagne de soutien aux FARDC/ Min. de la communication et médias

Au fil de notre passé, des forces négatives et rompues aux  antivaleurs, très peu habituées à la réflexion, et qui sont très facilement saisies par le jugement péremptoire, défensif et destructeur, sont devenues bien visiblement présentes dans toutes les veines de la société, écrasent toute morale citoyenne qu’exige un État de droit. C’est pourquoi il est enfin impératif de faire prendre conscience aux Congolais qu’il est temps de renverser la verticalité coloniale, qui plaçait le « blanc colonisateur  » au sommet et le « noir colonisé » en bas de l’échelle, en dessous du sabot pour bien dire

Le Peuple, c’est la culture !

Cette idéologie colonialiste de mépris et de l’infériorisation a imprégné nos imaginaires et mentalités que même six décennies après l’indépendance, la culture est rejetée dans le sabot de l’échelle de valeur du protocole du gouvernement, que le peuple est méprisé par les gouvernants imbus d’une indécolonisabilité sidérante, qui semble leur convenir. Cette culture qui est maltraitée par nos gouvernants, c’est le Peuple.

Qu’allons-nous faire ? Nous devons négocier la transformation créative de la verticale en horizontale afin que le sabot devienne l’alpha, et la culture son oméga de toute politique de la Cité. La culture, c’est le peuple. On ne trouvera pas de meilleure définition de la culture que celle-ci.

En déclarant «le Peuple d’abord», le Président Tshisekedi décrète indéniablement que c’est de « la Culture d’abord » qu’il s’agit. Si nous disons négocier avec toute la société, c’est parce que cela signifie aussi communiquer, échanger, établir la confiance d’une conversation citoyenne, d’un dialogue constructif entre les gouvernants et les gouvernés, la Cité.

A ce niveau, la responsabilité des intellectuels, penseurs, artistes, créateurs et opérateurs culturels de notre pays, la RDC, est engagée pour cette grande négociation. Et pour cette opportunité, qui nous est donc donnée de réinventer notre pays, et de lui redonner du lustre et de la grandeur, digne d’une nation respectable et fréquentable, nous proposons les bases d’un nouveau contrat culturel et social avec et entre le peuple congolais, afin de renouer avec le rêve de nos pères qui ont toujours voulu que ce pays, notre pays, malgré les adversités de l’histoire, nos insuffisances et échecs, devienne un phare pour l’Afrique.

Et cela ne sera possible que, d’abord, par la prise de conscience de nos responsabilités face à notre désastre et désarroi car « l’essentiel n’est pas ce que l’on a fait de nous, mais plutôt ce que nous faisons de ce que l’on a fait de nous » (Sartre, Évangile selon Jean Genet).

Ensuite, en nous regardant dans notre propre miroir, avec le courage de la sincérité, nous disant que même si l’ère semble grise, nous avons des ressources humaines capables d’éclairer l’avenir. Et enfin, et cela ne sera possible que grâce à notre énergie et participation citoyenne seules, nous femmes et hommes de la RDC, à la construction des ouvrages nationaux, à l’ensemence de notre sol nourricier par l’agriculture et la culture, et à notre capacité à nous adapter au monde nouveau « politique » qui s’ouvre à nous à travers le grand horizon de l’opportunité présente.  Allons-nous donc louper le grand rendez-vous face à ce grand horizon que l’opportunité présente nous offre ?

Makutano, Kinshasa, 18 septembre 2021

*Réalisateur et producteur cinématographique, Balufu Bakupa-Kanyinda est actuellement Chargé, par le Chef de l’Etat congolais, Felix Tshisekedi, de l’organisation du Sommet de la culture et des industries créatives.

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