En ces temps d’agitation et de turbulences, SI J’ETAIS MAGISTRAT CONGOLAIS, voilà ce que je dirai :
1.Au peuple congolais:
Chers compatriotes,
Ne laissez pas les bruits et les rumeurs infondées vous égarer. Vos magistrats travaillent avec diligence pour garantir que les décisions rendues par les cours et tribunaux soient justes et équitables. Si tel n’était pas le cas, notre pays serait déjà en proie à des soulèvements populaires, tant l’injustice serait insupportable. N’est-ce pas ?
Les quelques cas de dysfonctionnement judiciaire, souvent amplifiés par les médias et la rumeur publique, ne doivent pas occulter la réalité d’une TRÈS grande majorité de décisions rendues avec intégrité. Ces incidents, bien que regrettables, sont inhérents à tous les systèmes judiciaires du monde. Rappelez-vous aussi que la force de notre justice réside dans ses mécanismes de recours, qui permettent de corriger les erreurs potentielles.
Ainsi, ne laissez pas la psychose alimentée par quelques mécontents miner la confiance que vous devez avoir en votre système judiciaire.
2.Aux magistrats:
Mes très chers collègues,
Comme vous le savez, nous représentons le Pouvoir Judiciaire et notre rôle est à la fois essentiel et délicat : celui de trancher des litiges et de neutraliser les abus de pouvoir des autres institutions. Ainsi, nous sommes là pour défendre la justice, et cela fait de nous une cible pour ceux qui souhaitent nous manipuler ou, à défaut, nous museler.
Face à l’arbitraire, notre pouvoir est une force indomptable. Pourtant, cette même force fait de nous des acteurs convoités, des pièces sur un échiquier (politique) que certains veulent instrumentaliser. Les tentatives de stigmatisation, qu’elles soient subtiles ou flagrantes, ne doivent pas nous détourner de notre mission. Au contraire, elles doivent nous galvaniser !
Notre indépendance est notre plus grand atout, et c’est en restant stoïques face à l’adversité que nous pourrons véritablement servir la justice, car la magistrature n’est pas un outil au service du pouvoir (politique), mais un garant de l’État de droit.
3.Au Président de la République:
SEM le Président de la République,
C’est avec un grand respect que je m’adresse à vous, en reconnaissance de votre rôle constitutionnel en tant que GARANT du bon fonctionnement de nos institutions. Alors que nous avons récemment pris connaissance de l’annonce par le gouvernement d’une nouvelle édition des Etats généraux de la justice, il convient de rappeler que les conclusions pertinentes des évaluations de 2015 demeurent, pour la plupart, sans suite jusqu’à ce jour.
Excellence Monsieur le Président de la République, permettez-moi de souligner que toute réforme visant à renforcer le pouvoir judiciaire devrait s’effectuer en association étroite avec ses principaux acteurs, à savoir les magistrats. Négliger notre voix, comme cela semble le cas aujourd’hui, c’est non seulement affaiblir la justice, mais également mettre en péril l’équilibre de notre démocratie.
Les magistrats ne demandent qu’une chose : que vous preniez l’initiative de mettre un terme à la défiance en cours contre leur Corps et à la stigmatisation effrénée de l’Appareil judiciaire. Un climat des affaires prospère repose en grande partie sur la perception que l’opinion publique et les investisseurs ont de notre système judiciaire. Lorsque les autorités politiques attaquent la magistrature, cela envoie un message dévastateur sur la stabilité et la fiabilité de notre justice.
Ne laissez pas cette tendance se poursuivre car les magistrats, en raison de leur obligation de réserve, ne peuvent pas répondre aux attaques médiatiques; ce qui les rend encore plus vulnérables. Garant du bon fonctionnement des institutions, vous êtes le SEUL à même de défendre sur la place publique leur dignité et de promouvoir un dialogue constructif.
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