
Une demande de mise à disposition des sites d’exposition et de vente des livres, a été lancée jeudi lors d’un entretien à Kinshasa auprès des autorités administratives par le président de l’association des bouquinistes en République démocratique du Congo.
« Le Congo, en général, n’a pas assez de sites pour les bouquinistes. Ici même dans la capitale, nous avons peu de site. Si l’État pourrait songer à mettre à notre disposition des espaces pour bien oeuvrer, ce serait bien pour notre travail », a déclaré Bertin Kabamba, le président de l’association des bouquinistes du Congo lors d’un entretien avec l’ACP.

Faisant l’état des lieux des sites disponibilisés pour cette activité, il a dénombré à peine quelques-uns. « Pour notre activité, nous n’avons que quatre sites dans la capitale à savoir, un sur le pont Kasa vubu, un à Bandalungwa, sur l’avenue Port et un autre à côté de la place des artistes à Royal dans la commune de la Gombe », a-t-il indiqué.
Il a en outre déploré l’inattention de l’État à leur activité qui, d’après lui, permet à des milliers d’intellectuels de se procurer des ouvrages. « L’État ne tient pas compte de nous, les gens ont du mal à nous retrouver facilement. Beaucoup d’intellectuels qui s’intéressent à nous ont du mal à nous atteindre », a-t-il renchéri.
« Nous recevons encore à peine des ministre qui nous cotoient, des députés, des professeurs, des hommes de sciences et de culture qui reconnaissent notre apport pour les ouvrages mis à leur disposition », a-t-il ajouté. Aussi, a-t-il évoqué les difficultés rencontrées dans leur métier notamment les tracasseries policières.
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« Parfois bafoué et foulé au pied par certaines personnes qui ne connaissent pas la valeur du livre, nous sommes négligés. Il y a aussi la tracasserie policière. A cela, il faut ajouter aussi les intempéries notamment la pluie qui nous empêchent de bien conserver les livres », a fait savoir Bertin Kabamba. « Il y a quelques années, notre activité était très florissante. Nombreux lecteurs particulièrement des expatriés alimentaient nos marchés et achetaient également », a-t-il relevé.
Parlant de cette activité, il a précisé : « un bouquiniste est celui qui étale et vend des livres dans un espace ouvert », sollicitant à l’occasion que l’État mette à leur disposition des sites appropriés.
» Tout comme en Europe le bouquiniste expose et vend sur le trottoir. L’Etat qui est propriétaire du sol a le plein pouvoir à créer des espaces uniquement réservés aux bouquinistes », a-t-il lancé. S’agissant de la source de provenance des ouvrages étalés dans leur marché de fortune, il a indiqué que nombre de leurs ouvrages proviennent des bibliothèques des intellectuels d’ici au pays et d’ailleurs.
« Nous, bouquinistes, sommes des sources récupérateurs. Quelqu’un peut avoir sa bibliothèque et préfère vendre ces livres au lieu de les brûler. Nous récupérons particulièrement des pièces rares et les exposons à la vente », a relevé Roger Nzazi, un autre bouquiniste.
« Nous avons choisi ce métier malgré les difficultés liées au manque de sites appropriés et le faible taux d’achat dans un grand pays francophone, comme le nôtre, dans le seul but de pérenniser la culture de la lecture des livres en cette ère dominée par le numérique », a-t-il déploré. Il sied de noter que l’association des bouquinistes du Congo (ABC) a été créée depuis 1967 par une initiative du doyen Sylvain Makasa qui eût l’idée de rassembler les vendeurs de livres à ciel ouvert.
Ambongo/ACP