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« Lumumba dans l’art », nouvelle parution sur le héros des indépendances africaines !

Lumumba in the Arts (Leuven University Press, 2020, 464 pages, en anglais) est un gros recueil édité par le chercheur (et cinéaste) Matthias de Groof avec 24 contributeurs, au sujet de la représentation de Patrice Lumumba dans divers arts. Il s’articule en deux parties, une historiographique et une iconique. La première partie, avec cinq essais (p.24-105), concerne l’historiographie de Lumumba : n’étant ni particulièrement compétent dans ce domaine, ni particulièrement connaisseur de l’histoire de Lumumba, ni du Congo / Zaïre / RDC, je ne vous en parlerai pas, sinon pour brièvement rappeler l’histoire de Patrice Lumumba.

Né en 1925, il passe en 1954 l’examen-enquête pour être reconnu comme « évolué », la catégorie où de rares Congolais (200 sur 13 millions) étaient distingués comme conformes au mode de vie des Blancs. Il chante alors les louanges de Léopold II, est invité à plusieurs reprises en Belgique par le gouvernement, et devient président du Club des évolués de Stanleyville. Condamné et emprisonné pour avoir détourné à son profit des fonds des chèques postaux, il se lance dans l’action politique, crée un parti indépendantiste et rencontre Frantz Fanon et Nkrumah fin 1958. Il est alors poursuivi par les autorités coloniales belges contre lesquelles il appelle à la révolte (mais pas de guérilla).

En février 1960, la Belgique décide précipitamment de donner son indépendance au Congo cinq mois plus tard, le 30 juin. Le parti de Lumumba gagne les élections, il est nommé Premier Ministre à 35 ans (le Président est Kasa-Vubu) et, le jour de l’indépendance, il prononce, en présence du jeune roi Baudouin, un discours anti-colonialiste véhément qui est resté dans les mémoires; mais le même jour, lors du dîner (ou déjeuner ?) officiel, en présence du Roi, il adoucit sa position et prononce un autre discours bien plus conciliant.

La seconde partie du livre, la plus importante (282 pages) traite donc de l’iconographie de Lumumba, au sens large; elle est précédée d’une « galerie » (p.106-141) avec photos de presse, caricatures et tableaux. Cette seconde partie couvre le cinéma (cinq essais, 73 pages), le théâtre, la poésie, les bandes dessinées, la musique, dont le rap (le petit-fils de Lumumba, Tony L., est rappeur), le photojournalisme (beaucoup d’images reproduites au fil des pages, mais seulement une analyse iconologique par Mark Sealy d’une photographie de presse de Robert Lebeck montrant Lumumba avant le dîner ou déjeuner officiel du 30 juin 1960; la photographie ci-dessus du vol de l’épée royale par Ambroise Boimbo, aussi de Lebeck, est montrée dans cet essai, mais non commentée spécifiquement, alors qu’elle me semble bien plus intéressante, tant visuellement que politiquement), les miniatures, timbres, badges et breloques à son effigie (une analyse originale de Pierre Petit sur ce sujet souvent négligé), les caricatures coloniales (seule représentation « à charge »), la topographie (mais, curieusement, l’auteur, Robbert Jacobs, ne mentionne à aucun moment le travail de Guy Tillim, totalement absent de ce recueil), et enfin les arts plastiques, presque uniquement la peinture, dont je vais vous parler un peu plus. On a donc là une recension importante, sinon exhaustive, de la représentation de Lumumba en héros de la lutte anti-coloniale (à l’exception des caricatures coloniales belges).

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