Le documentaire du Congolais Dieudo Hamadi est présenté en compétition au Festival international du film francophone de Namur ce jeudi matin avant une prochaine diffusion en télévision
Honorine Munyole, alias Maman Colonelle. Un nom qui reste gravé dans les esprits une fois découvert le dernier film de Dieudo Hamadi. Cette femme confère honneur et fierté à l’uniforme des policiers congolais. Et ce n’est ni un vain mot, ni une mince affaire dans un pays rongé par la corruption et embrumé par l’évaporation des salaires.
Au fil des semaines et des mois de tournage, on la suit dans sa lutte quotidienne et sa volonté inébranlable de prendre soin de ses concitoyens. Or les défis ne manquent pas, entre traumatismes de la guerre et séquelles de la folie des hommes.
Présenté dans le cadre du Festival international du film francophone, qui se termine vendredi, ce documentaire empli d’humanité a aiguillonné et touché le public namurois. Cette femme, Dieudo Hamadi l’a pourtant rencontrée, par hasard, en 2009, alors qu’il sillonnait Bukavu (Sud-Kivu) en vue de réaliser un court métrage.
« En 2014, Kiripi Katembo Siku, le coproducteur du film, m’a encouragé à faire un nouveau documentaire sur la condition des femmes en RDC. Je me suis souvenu de Maman Honorine et j’ai appris qu’elle avait initié un nouveau projet à Bukavu qui consistait à apprendre la boxe aux femmes qui avaient été violées. Mais en arrivant sur place, on a appris qu’elle était mutée à Kinsagani [Province orientale, actuelle Tshopo]. On a décidé de la suivre dans sa nouvelle affectation et on a adapté notre sujet à ce nouveau lieu ».
Arrivée à Kisangani, la Colonelle découvre une situation méconnue au Congo et en dehors. « Lorsqu’elle a rencontré ces femmes victimes de la guerre des Six jours dont les familles ont été massacrées et qui ont été violées, elle a simplement réagi avec ce qu’elle est », explique le réalisateur Dieudo Hamadi.
Sa mutation à Kisangani s’explique-t-elle par le fait que son action dérange ? Ou bien est-elle soutenue dans son combat ?
En 2009, lorsque je l’ai rencontrée, elle était major. Elle poursuivait les violeurs et essayait de sauver les enfants accusés de sorcellerie. Ensuite, elle a été promue au grade de Colonel, elle était donc plutôt soutenue. Du moins, c’est l’analyse que j’en fais. Tout allait bien pour elle. La mutation à Kisangani n’était pas forcément une rétrogradation, elle avait même davantage de responsabilités. Tout allait bien jusqu’à ce qu’elle découvre les conditions de vie et de travail sur place.